Yoram Moefana : « Il faut savoir rester à sa place, j’ai été éduqué comme ça »
Yoram Moefana : « Il faut savoir rester à sa place, j’ai été éduqué comme ça »
Le mardi 28 janvier 2025 à 13:46 par David Demri
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Le trois-quarts centre de Bordeaux-Bègles, Yoram Moefana débutera le match du XV de France contre le Pays-de-Galles, vendredi soir au Stade de France.
Il formera la paire de centres avec le Toulousain Pierre-Louis Barassi.
Interrogé via L’équipe, ce-dernier a expliqué pourquoi il se fait toujours très discret dans la presse. Extrait:
Je n’aime pas trop parler de moi, mais plutôt de l’équipe. C’est ma personnalité depuis petit. Lorsque l’on me demande quelles sont mes qualités, j’ai un peu de mal à répondre. J’essaie de travailler sur ça. J’ai toujours été un peu timide, mais je réussis à me lâcher lorsque je connais mieux les gens. Lorsque je suis arrivé dans ce groupe France, j’étais d’ailleurs un peu renfermé. Maintenant, ça va mieux. Je traîne beaucoup avec Uini (Atonio), Peato (Mauvaka), Manny (Meafou). On rigole bien ensemble.
Selon lui, sa timidité vient de son éducation à Futuna. Extrait:
Oui, je pense. Là-bas, on doit toujours montrer du respect aux aînés. N’importe lesquels. Que ce soit quelqu’un de votre famille ou pas. On ne va pas dire à un mec plus âgé ce qu’il doit faire. On peut rigoler, mais on doit aussi connaître les limites à ne pas dépasser. Il faut savoir rester à sa place. J’ai été éduqué comme ça.
Il précise cependant travailler pour bien pouvoir répondre lors des entretiens. Extrait:
Je le bosse en direct quand je fais une interview. Plus j’en ferai, mieux je serai. À chaque fois, je me demande ce que je pourrais dire de mieux, et j’essaie aussi d’être moins stressé. Au début, je l’étais beaucoup. Je ne savais pas trop quoi dire. Je ne finissais pas mes phrases. Mais au fur et à mesure, j’arrive à me relâcher pour bien discuter.
Quand je suis arrivé en métropole (à l’âge de 13 ans), je ne parlais pas très bien français. C’était de ma faute parce que je m’exprimais tout le temps en futunien à la maison. Heureusement, les copains du rugby me corrigeaient. J’ai pu m’améliorer grâce à eux et faire des phrases sans fautes. J’ai pris confiance. Je panique moins maintenant.
En club, le staff le pousse à prendre davantage la parole. Extrait:
Yannick et Noel McNamara (entraîneur de l’attaque) m’ont poussé à prendre plus la parole, donner mon avis, prendre des responsabilités, parler sur le terrain et à placer les gros pour qu’ils soient bien positionnés. Mais aussi aider le 10 durant les matches. Avant, je ne parlais pas du tout sur le terrain. Ce n’est pas encore parfait, car je l’oublie parfois lorsque je suis dans le jus. Je dois continuer car je sais que c’est vraiment important.
Il y a un peu de tout. Inconsciemment, peut-être que je ne me sentais pas assez légitime pour le faire. Nous avons de grands joueurs à Bordeaux et en équipe de France, et je me suis peut-être dit que ce n’était pas la peine que je donne aussi mon avis.
À Bordeaux, Noel m’aide à travailler sur la communication, mais aussi à mieux lire les situations et scanner la défense adverse pour prendre la bonne décision au moment opportun, lorsqu’il y a des coups à jouer. C’est important de jeter toujours un coup d’oeil en face. Et ce travail me permet de développer aussi mon sens de l’anticipation. J’ai l’impression d’avoir beaucoup progressé même si, comme pour la communication, je peux encore mieux faire.
Il explique ne pas se considérer comme un grand joueur et explique pourquoi. Extrait:
Non, certains sont de renommée internationale. Ils ont gagné beaucoup de titres. Pas moi. Donc je reste à ma place.
En revanche, une fois sur le terrain, la timidité disparait. Extrait:
Je ne sais pas si je me transforme, mais je sens que j’ai une autre énergie sur le terrain. Là, on ne peut pas être timide sinon je sais que ça va mal se passer pour moi. Je veux montrer à mon adversaire que je suis là. J’aime le combat, plaquer et porter le ballon. J’aime quand ça tape. On n’a pas le choix de toute façon en rugby. Si tu n’aimes pas ça, ton match va être long. C’est assez naturel chez moi.
C’est un peu comme un combat de boxe. Soit tu te fais retourner, soit c’est toi qui mets un gros plaquage ou une percussion. Et quand tu domines, c’est vrai que c’est assez jouissif. Mais je préférerai toujours faire une passe que plaquer. Pour moi, le plus important est justement de prendre la bonne décision. Je dois savoir quand garder la balle et rentrer dedans, et quand je dois faire la passe. Je l’ai bossé à l’UBB. Je voulais avoir une palette plus large et ne pas être juste un joueur qui prend le ballon et qui fonce tout droit dans le tas.
Pour conclure, il explique évoluer au quotidien. Extrait:
Je sens que j’ai pris de la maturité à la maison et aussi en club. Ça vient aussi de l’arrivée de ma fille. Elle a un an et quatre mois. Je suis un jeune papa. Ça m’a beaucoup aidé. Je me sens plus apaisé. J’ai tout pour être heureux. Surtout si on parvient à gagner ce premier match contre le pays de Galles, puis le Tournoi.
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Un gars qui » ne se la pète pas » … comme Damian et c’est ça qu’on aime comme mentalité : humble et courageux.