Samedi après-midi, le Rugby Club Toulonnais s’est imposé avec le point de bonus offensif au Stade Mayol contre l’Aviron Bayonnais, à l’occasion de la 10ème journée du Top 14 (39-19).

Dans les colonnes du Midi Olympique, le consultant rugby Xavier Garbajosa a analysé en détails la prestation du XV de la Rade.

Il estime dans un premier temps que l’équipe Toulonnaise monte en puissance depuis le début de la saison. Extrait:

« Je veux revenir sur la performance de Toulon parce que c’est une équipe qui, depuis maintenant quelque temps, de par son recrutement, de par ses jeunes qui montent, commence à trouver une forme d’équilibre et de qualité. Le RCT recevait une équipe de Bayonne qui restait sur quatre victoires consécutives, qui était sur une bonne dynamique avant la trêve automnale. C’était un match qui pouvait revêtir de nombreux enjeux. Toulon se devait de rester maître à domicile et continuer sa progression ; Bayonne pouvait espérer poursuivre sa série de succès ou au moins ramener des points de ce déplacement. »

Xavier Garbajosa a été séduit par le jeu offensif produit par le Rugby Club Toulonnais lors de cette rencontre. Extrait:

« Au cours du match, qui était très plaisant, j’ai apprécié de voir l’évolution de l’animation offensive toulonnaise. Le RCT s’est appliqué à aller toucher fréquemment les couloirs. Avant, on pouvait analyser le jeu toulonnais avec un gros paquet d’avants mais Pierre Mignoni et son staff ont su faire évoluer leur jeu de mouvement en s’appuyant sur la qualité des joueurs de l’effectif, non pas vers plus de prise de risques, mais vers de la prise d’initiatives en allant chercher les couloirs pour faire « bouger » les défenses adverses.

J’en veux pour preuve la première sortie de camp, trois ou quatre minutes après le début du début du match, où Toulon a une mêlée à jouer dans ses 22 mètres. Là, on pouvait s’attendre à un jeu au pied long pour pouvoir occuper, chasser et gagner la bataille du territoire. Il y a une bonne lecture de la part de Serin et de Sinzelle, qui est venu « suppléer » Enzo Hervé. Sur le coup, Serin a envoyé directement à Sinzelle, qui a allongé une passe de trente mètres pour trouver Marius Domon dans le couloir adverse parce que les Bayonnais étaient organisés avec Segonds, Tuilagi et Martocq. L’ailier Arnaud Erbinartegaray était parti très loin pour pouvoir récupérer un éventuel jeu au pied et couvrir le troisième rideau.

On a vu là la capacité des Toulonnais à mettre du volume de jeu d’entrée de match, quelles que soient les zones du terrain. On aurait pu s’attendre à ce que les Toulonnais « assurent » une sortie propre du camp au pied, ils l’ont fait par la main et c’est une évolution qui me paraît très intéressante de leur jeu. Ils ont su s’adapter à la disposition défensive des Bayonnais. Le RCT a donné très tôt dans le match des signes forts de sa volonté de déplacer le ballon. »

Dans la foulée, Xavier Garbajosa avoue avoir apprécié la prestation effectuée par Jérémy Sinzelle. Extrait:

« J’ai beaucoup aimé la prestation de Jérémy Sinzelle. C’est un garçon très important dans le dispositif toulonnais. Avec Enzo Hervé et lui, les Toulonnais ont pu aller chercher les couloirs en deux passes. Jérémy est un maillon fort du milieu du terrain, une « cheville ouvrière » capable grâce à sa technique individuelle et ses longues passes de donner de bons ballons dans les espaces libres à garçons comme Tuicuvu, Dréan, Domon, qui ont des qualités de « duellistes » et qui vont mettre beaucoup de vitesse et « attaquer » les espaces. »

Il encense également les avants du RCT qui ont fait un gros travail contre Bayonne. Extrait:

« Mention spéciale aussi aux avants toulonnais avec des joueurs tels que Dany Priso, Teddy Baubigny, Kyle Sinckler ou David Ribbans qui ont trouvé des solutions en jouant au rugby debout. Pourquoi ? Parce qu’en allant toucher les couloirs, les Toulonnais ont étiré les défenseurs bayonnais et crée beaucoup d’espaces, ce qui a permis avec des courses rectilignes, avec des systèmes de blocs à trois autour de Hervé, Sinzelle ou Serin, d’arriver avec de la vitesse dans des espaces « agrandis ». Le premier essai de Dréan est un exemple parfait de cette complémentarité entre avants et trois-quarts. C’est du tableau noir, tactiquement bien réfléchi, bien analysé et surtout bien réalisé techniquement. »