Lors d’un entretien accordé au Midi Olympique, le troisième ligne Sud-Africain des Natal Sharks, Willem Alberts évoque le match de prestige à venir entre sa franchise et le Rugby Club Toulonnais, qui aura lieu ce jeudi soir à Mayol.

Il affirme ainsi qu’il s’agira du premier match de l’équipe suite à la préparation de l’intersaison. Il s’attend à un match très compliqué face aux doubles champions. Il évoque également son avenir avec une possible venue en France. Il est notamment en contact avec le Stade-Français. Extrait:

Les matchs opposant des équipes domestiques des deux hémisphères sont rarissimes. Le dernier match remonte à 1997, année où Brive, champion d’Europe en titre, avait affronté les Auckland Blues. Avez-vous la sensation de participer à un événement historique ?

J’ai trouvé cette initiative géniale. J’ai la chance d’être international, et ce qui me plaît le plus avec ce statut c’est de pouvoir affronter des équipes étrangères, qui possèdent une autre culture du jeu. Toulon est une équipe multiculturelle et fait partie des meilleures équipes du monde. Affronter pareille équipe est une chance. De notre côté, nous avons aussi une bonne équipe, qui produit un jeu attrayant. Je pense que le spectacle sera au rendez-vous…

Vous parlez d’affronter des équipes aux cultures différentes, mais en affrontant Toulon vous affronterez aussi plusieurs compatriotes. Et Toulon partage de nombreux points communs avec les Sharks, comme la dimension physique…

En effet, ici en Afrique du Sud il nous arrive de regarder les matchs de Toulon sur les chaînes sportives et je dois reconnaître qu’ils sont en grande forme. Je me fais même un peu de soucis, car ce sera notre tout premier match de la saison, alors que les Toulonnais jouent ensemble depuis des mois. Je pense que cela va être très dur pour nous car nous manquerons de repères, et cela sera encore pire si Toulon aligne son XV type. Ça va être très physique. Plusieurs joueurs des deux camps se connaissent bien, donc nous avons une idée très claire de ce qui nous attend.

Avez-vous hâte ?

Oui, comme tout le monde ici ! Et de toute façon, n’importe quelle équipe aurait hâte de jouer contre Toulon. C’est une grande équipe, et nous avons la chance de nous tester contre les meilleurs dans le cadre de notre pré saison.

Quelle sera la clé de ce match, sachant qu’il oppose deux formations particulièrement puissantes ?

En ce qui nous concerne, notre but sera d’appliquer sur le terrain les nouvelles choses que nous avons préparé pour la saison à venir. Toulon met énormément de rythme à son jeu, nous ne devons pas nous faire surprendre par la vitesse de leurs joueurs.

En 1997, les Blues d’Auckland avaient balayé le CA Brive, pourtant fraîchement sacré champion d’Europe sur le score de 47 à 11. Pensez-vous que la domination du Sud sera aussi prononcée ?

Non, je ne pense pas. Comme je vous l’ai dit, ce sera très dur pour nous, car nous n’avons encore jamais eu l’occasion de jouer un vrai match de rugby. Et Toulon est en pleine forme…

La différence de niveau entre le Nord et le Sud s’est-elle réduite de nos jours ?

Je le crois, oui. Il suffit de jeter un oeil aux résultats des tests de novembre. Désormais, les équipes du Nord gagnent régulièrement contre celles du Sud. Après, le facteur climatique a peut-être joué un rôle, dans la mesure où les équipes du Sud changeaient radicalement de saison en venant dans le Nord… Mais Toulon est un endroit chaud, même en hiver… J’espère que les conditions seront optimales pour que l’on puisse pratiquer un beau rugby.

Parlez-nous des Sharks : vous venez de terminer votre phase de préparation physique, dans quel état de forme se trouve le groupe ?

En effet, Toulon sera notre tout premier match de la saison. Nous avons effectué une préparation physique intense, avec beaucoup d’exercices de fitness centrés autour du rugby, et désormais notre but est de nous trouver sur le terrain. Nous ne sommes pas fatigués, mais nous avons bien bossé et nous devrions récolter les bénéfices de ce travail d’ici à deux semaines. Nous n’avons pas pu travailler à effectif complet, car nos internationaux ne sont revenus qu’en janvier… Je pense sincèrement que notre rugby ne sera certainement pas aussi bien huilé que celui de Toulon, mais il faut bien commencer quelque part. Ce match est un beau challenge pour nous.

Quel joueur de Toulon avez-vous hâte d’affronter ?

Je serai heureux de retrouver mon vieux collègue du pack Bakkies Botha, et aussi Bryan Habana. Je veux voir s’il court toujours aussi vite !

Vous faites le même poids (120 kg) mais est-ce que Bakkies Botha vous impressionne encore ?

Bakkies ? Bien sûr… Déjà, il fait dix centimètres de plus que moi… Et de toute façon, Bakkies est impressionnant même quand il se tient à côté de son barbecue ! (rires) C’est d’ailleurs un art qu’il maîtrise parfaitement…

Avez-vous échangé quelques messages avec les Sud-Africains du RCT ?

Non… enfin, pas encore ! Y a-t-il un joueur des Sharks que le public de Mayol devrait suivre de près ?

Lequel de vos coéquipiers vous a impressionné en ce début de saison ?

Pour les avants, je dirais Marcell Coetzee, un excellent flanker. Et parmi les trois-quarts, je dirais que le public devrait suivre notre arrière, Sarel Petrus Marais.

Venons-en à vous, il y a quelques mois vous avez publié une vidéo très drôle de vous dansant seul sur de la musique techno au beau milieu de la salle de musculation des Sharks…

(il coupe) Je vous arrête tout de suite… Cette vidéo n’était pas supposée être diffusée ! Je ne sais toujours pas comment elle est sortie d’ailleurs… Mais bon, elle a bien fait rire mes amis, et c’était le but.

Allez-vous vous donner en spectacle ?

Non, non, non… hors de question ! C’était simplement destiné à un groupe d’amis très proches.

Plusieurs clubs français, et notamment le Stade français s’intéressent à votre CV et envisagent de vous proposer un contrat pour venir jouer en France après le Mondial. Êtes-vous flatté par cet intérêt ?

C’est toujours agréable de voir que l’on reconnaît les efforts que vous consentez, et le travail que vous abattez. Mais je suis un Shark et un Springbok jusqu’à la Coupe du monde.

Seriez-vous intéressé par une expérience en France après le Mondial ?

J’attends de passer la semaine à Toulon pour voir si la vie en France me plaît ! Peut-être que je prendrai ma décision à l’issue de cette semaine.

Vous parlez français ?

Oh, très peu vous savez. Je sais dire « Bonjour », « oui », et je sais aussi reconnaître un très bon cognac. C’est déjà pas mal, un bon début !

Source: Midi Olympique