Ce jeudi soir, le Late Rugby Club accueillait Kevin Gourdon sur son plateau.

L’ancien troisième ligne du Stade Rochelais qui a été contraint de mettre un terme à sa carrière de manière précipitée en raison d’un problème cardiaque a évoqué sa forte relation avec Patrice Collazo.

Il explique avoir énormément progressé grâce à Patrice Collazo. Extrait:

« J’ai tout connu avec Patrice Collazo hormis les finales. C’est lui qui m’a beaucoup poussé quand j’avais des problèmes de concentration. On a évolué ensemble, moi en tant que joueur et lui en tant qu’entraineur.

Il m’a apporté beaucoup de rigueur, il m’a fait comprendre beaucoup de choses dans l’approche du rugby. Je vis beaucoup sur mes acquis car ça fonctionnait. Mais pour passer des caps, il fallait faire des choses différentes, des choses que je n’avais pas forcément envie de faire mais qu’il fallait faire. Et heureusement car j’ai pu progresser comme ça. »

L’ancien manager du Rugby Club Toulonnais, Patrice Collazo était également présent en visioconférence pour réagir et rendre hommage à son ancien joueur.

Il a expliqué comment il a recruté Kevin Gourdon à La Rochelle en 2011. Extrait:

« Kevin était champion de France Espoir. Il y avait une belle génération à Clermont et on m’avait dit qu’il y avait des joueurs à prendre comme Kevin Gourdon et Loann Goujon qui est à Lyon aujourd’hui, ou encore Kini Murimurivalu. Il s’agissait de joueurs avec un profil pour jouer en Pro D2 et qui étaient opérationnels pour une montée en Top 14. Et Kevin Gourdon est parti de Clermont car il n’était pas très considéré. Il est venu faire ses armes en Pro D2 durant deux saisons. La première année il a énormément joué, la seconde année il fait une demie et une finale de très haut niveau. Ensuite, il a fallu qu’il s’adapte en Top 14 et qu’il travaille la concentration. »

Dans la foulée, Patrice Collazo a évoqué la particularité de Kevin Gourdon, un joueur ayant une manière très spéciale de concevoir le rugby. Extrait:

« Kevin Gourdon a une manière de concevoir le rugby qui est totalement différente. C’est une autre approche. C’est quelqu’un qui rêve beaucoup et qui a besoin d’être hors cadre. Il est très libre dans sa manière de vivre hors rugby. Il m’a fallu un peu de temps pour le comprendre. Il est très individualiste mais très collectif. Il a besoin d’être seul mais il a besoin des autres pour fonctionner. On a l’impression qu’il est toujours sur une autre planète avant les matches. Mais quand l’arbitre siffle, il se met au service du collectif et ses performances ont toujours été au service du collectif. C’est un joueur avec des qualités hors normes. Il voyait les choses avant les autres. Cela lui permettait d’anticiper, de breaker des défenses, de gagner des collisions improbables. Après, il y avait le Kevin au quotidien toute la semaine qu’il fallait gérer et préparer (rire). »

Patrice Collazo s’est ensuite rappelé le jour où il a fait jouer Kévin Gourdon avec les Espoirs alors qu’il sortait d’une énorme prestation effectuée avec les Bleus, contre les All-Blacks. Extrait:

« Lors de ce match à Gloucester, il m’avait envoyé son cousin en fait. Ce n’était pas Kevin sur le terrain. Il a envoyé son cousin mais ils étaient plusieurs dans ce cas-là car il y avait Uini Atonio aussi. Uini Atonio avait réussi à passer entre les gouttes mais Kevin non. Il avait été monstrueux contre les Blacks. On avait ensuite été en Angleterre pour jouer contre Gloucester, je lui avais demandé s’il était prêt et il m’avait dit oui. Mais il était passé au travers. Et comme j’avais considéré qu’il m’avait pris pour un con, je l’avais renvoyé chez les Espoirs pour jouer contre Castres. Il avait connu une chute de température. Par contre, j’étais sur le bord du terrain lors de ce match des Espoirs contre Castres. Il y avait sa femme qui était venue également. Mais il en avait besoin car il est comme ça, il a besoin d’être piqué. Mais on s’est toujours retrouvé sur l’essentiel : la franchise, la relation forte humaine. Et il a toujours fait partie des joueurs que j’ai coché en premier sur la feuille de match pour les gros matches. »

Patrice Collazo a terminé sur une pointe d’humour. Extrait:

« Je suis déçu car il avait un rêve et je l’ai exaucé à moitié. Un jour, il m’a dit : je veux jouer un match à la mêlée. C’était son rêve. Ca n’a pas pu se faire. Par contre, il a joué un match au centre contre Toulon, pendant 70 minutes. On avait fait match nul à la maison. A cette époque-là, l’équipe de Toulon, ça gazait ! Il y avait une belle ligne de trois-quarts. Et il avait été bon même au centre. Son rêve, c’était vraiment de jouer au poste de 9. Je lui avais dit qu’en cas de blessure on verrait. Ca n’a pas réussi à aller au bout. Mais il a joué centre. »