La déception de Vern Cotter vue par un supporter Clermontois

La déception de Vern Cotter vue par un supporter Clermontois

Le lundi 20 mai 2013 à 10:39 par David Demri

16 Commentaires

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 Un supporter Clermontois tenant un blog parodique de Vern Cotter a écrit un beau texte pour exprimer toute la déception que peut ressentir le manager de l’ASM après la défaite de son équipe contre le RCT en finale Européenne. Extrait:

Je suis assis dans la pièce obscure. Le stade est déserté. Tout est silencieux. La ville souffre en silence.

Je suis seul. Je n’ai pas envie de rentrer ce soir. Je n’ai plus jamais envie de rentrer, nulle part… Je prends ma tête entre mes mains. Jusqu’à présent, j’ai donné le change. Je n’ai pas cillé, pas souri, pas grimacé. J’ai pris la médaille qu’on m’a tendue, j’ai félicité Bernard, j’ai eu un mot pour les joueurs. Je suis allé à leur putain de conférence de presse. Nous sommes rentrés. L’avion… Un silence de mort… Tous hébétés. Tous incrédules. Même Morgan a fermé sa gueule… Le décrassage ce matin.

Entre temps, je reçois des SMS de Graham Henry : « Now you know ! » et de Maître Guy : « Le doublé était possible…Bien à toi… ».

Et puis je suis venu dans ce bureau qui abrite mes veilles, mes réflexions, mes doutes, mes conversations, mes rêves… J’y suis depuis des heures. Je n’en ai pas bougé. Je ne veux pas rentrer ce soir. J’ai envie de pleurer. Je serre ma tête entre mes poings. Putain, pas maintenant ! Ne craque pas ! Pas maintenant ! J’ai envie de tout casser, de tout envoyer balader. Je voudrais seulement m’allonger, la tête sur les genoux de ma femme, fermer les yeux et ne plus penser à rien. A rien… A rien…

Je soliloque, pathétique :

– Pourquoi ? Pourquoi est-ce que c’est si dur ?

– Je dirais que c’est encore plus dur à chaque fois…

Je sursaute. Qui a parlé ? Une voix étrange. Une voix d’outre tombe. Grave, solitaire, pesante… Dans un coin du bureau, je devine une silhouette diaphane. Un spectre… Un homme qui n’est pas un homme… Un fluide translucide aux contours incertains. Ses yeux brillent d’un éclat céruléen.

– Bonjour Vern. Tu ne me reconnais pas ?

Je frissonne. Il fait froid soudain. Rien ne bouge mais c’est comme si un vent glacial traversait la pièce. Je contemple la statue du Commandeur et me demande s’il ne va pas m’emporter avec lui aux Enfers.

– N’aie pas peur, Vern. Je ne te veux pas de mal et tu me connais bien. Je suis la cause de toutes tes déceptions. Je suis la raison de ton désarroi. Je suis celui qui t’a amené ici, dans cette pièce obscure et froide, au bord du désespoir. Je suis le fantôme de François Michelin.

Je demeure interdit. Je ne crois pas aux fantômes. Mais, après tout, si on a réussi à perdre cette finale, les fantômes peuvent bien exister… Il reprend :

– Et pourtant, le désespoir, je le connais bien… Je l’ai fréquenté pendant de longs mois, à Buchenwald… Auparavant, j’avais appris la mort de mon fils…

J’ai l’impression qu’il sourit :

– Moi aussi, j’ai raté des finales… Ils s’y sont même repris à trois fois avant d’avoir ma peau ! Alors crois-moi, Vern, ce que tu vis ce soir, n’est qu’une péripétie…

Je sais tout cela. Mais la blessure est à vif et l’amertume ne fait que la réveiller…

Le fantôme se déplace à travers le bureau et se plante devant la fenêtre. Je crois qu’il regarde le puy de Dome.

– Tu sais, Vern, si ce volcan venait à se réveiller un jour, à n’en pas douter, cette ville serait rasée… J’ai toujours pensé que le puy de Dome donnait sa personnalité aux Clermontois : se lever, chaque jour, dominé par cette masse tutélaire et menaçante, voilà de quoi rendre philosophe et rappeler incessamment l’inanité de nos destins et la vanité de nos entreprises… Ce n’est pas un hasard si Pascal est Auvergnat… D’ailleurs, nous en parlons souvent, là-bas…

Pour la première fois de ma vie, et la dernière j’espère, je vois un fantôme soupirer. Il fait de plus en plus froid…

– Je sais, Vern, où tu te trouves. Moi aussi, j’ai perdu, et plus qu’à mon tour… Mais que veux-tu, dans le sport, comme dans la vie, il n’existe pas de justice, et de morale, encore moins. Les meilleurs, les plus entreprenants, ne sont pas toujours récompensés… C’est ainsi…

Il se retourne et me transperce de son regard enflammé de jaune et de bleu :

– Et maintenant, que vas-tu faire ?

J’hésite. A mon tour, je soupire :

– Je ne sais pas… Je suppose que la routine, l’entourage, les échéances, tout cela me ramènera au travail, et très vite… Mais je ne sais pas. Je ne sais pas si j’aurais la force d’analyser sereinement une nouvelle débâcle… Je ne sais pas si j’aurais encore la force de soulever cette carcasse appesantie, si j’aurais encore le courage d’empoigner mes outils et, dans la brume de l’incertitude, repartir au labeur… Je ne sais pas si j’aurais envie de me tromper une nouvelle fois…

– Tu ne t’es pas trompé, Vern. On ne se trompe pas, lorsqu’on échoue à cause de ses convictions.

Il y eut un nouveau silence. Puis un tourbillon violent fit s’envoler tous les papiers de mon bureau. Les feuilles claquèrent dans le tumultueux zéphyr et le fantôme disparut, comme il était venu. L’atmosphère se réchauffa d’un coup et je demeurai seul au milieu des documents répandus dans la pièce.

Après un temps qui put durer une seconde comme une heure, je décidai de rentrer chez moi.

Source: leblogdevern.blogspot.fr

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16 Commentaires

  1. T-max 20 mai 2013 at 10h- Répondre

    😯 Ben putain, c’est un beau texte. J’en ai (presque) de la peine pour Vern.

    :mrgreen: Mon passage préféré: « Même Morgan a fermé sa gueule… »

    😐 Mais bordel que c’est bien écrit….

  2. Tof83 20 mai 2013 at 10h- Répondre

    Ho ! Vern c’est vraiment émouvant et je compatis à 100% ! Tu es un grand entraîneur, un grand manager et surtout un homme vrai et sincère qui ne triche pas ! Ton respect et ta retenue doivent être reconnues et saluées ! Sincères amitiés !

  3. rastien 20 mai 2013 at 10h- Répondre

    oh, les gars, c’est un Blog qui n’a rien d’officiel :
    « Le blog de Vern
    Blog parodique sur l’ASM Clermont Auvergne par un supporter inconditionnel. Un peu d’humour – enfin j’espère – pour prendre un peu de recul sur le noble jeu. Allez les jaunes et bleus ! »

    • Dav-D 20 mai 2013 at 10h- Répondre

      Bien vu Rastien, Mea Culpa, je rectifie.
      Le texte était tellement bien écrit que je suis tombé dans le piège…

      Merci.

  4. Georges 20 mai 2013 at 10h- Répondre

    🙄 😉 …respect tout de même à VERN…c’est indéniablement un Grand Monsieur de l’Ovalie….un Grand Entraineur…et pis c’est tout…Allez TOULON…

  5. Chris7583 20 mai 2013 at 10h- Répondre

    Merde je suis tombé dans le panneau aussi… 😀
    Sympa le texte tout de même…

  6. Jean-No 20 mai 2013 at 10h- Répondre

    C’est un tres beau message, l’auteur est vraiment tres bon, et je pense que c’est un peu ce que ressent Vern.

  7. Georges 20 mai 2013 at 10h- Répondre

    💡 😳 …Et pis…lui aussi..c’est un …immigré…qui a réussiT..et il ne chie pas sur….cent autres !!!!!!!!!!!! Allez TOULON….

  8. holly 20 mai 2013 at 11h- Répondre

    Le passage est beau mais moi je trouve qu’il y a une morale justement : ne pas vendre la peau du toulonnais avant de l’avoir achevé. Et le dénouement n’est que justice…

  9. Motorolex 20 mai 2013 at 11h- Répondre

    Mais qui est le phantome ?
    Lol

    • Laurent 20 mai 2013 at 12h- Répondre

      Chuttt ne pas dire son nom !!!

      Fontès prochainement dans secret story. Mais quel est donc son secret?

  10. Béotien 20 mai 2013 at 12h- Répondre

    Joliment écrit !
    bravo au rédacteur de ce blog !

  11. rouge83 20 mai 2013 at 14h- Répondre

    très bien écrit belle hommage à un grand entraineur.
    allez Toulon

  12. jojocolombe 20 mai 2013 at 14h- Répondre

    Je me demande juste s’il n’y a pas une confusion entre François et Marcel Michelin !!!

    – François Michelin né le 15 juin 1926 à Clermont-Ferrand, est un industriel français, gérant du groupe Michelin de 1955 à 1999.
    – Marcel Michelin (1886-1945), fils d’André Michelin, est le fondateur en 1911 de l’Association sportive Michelin (future AS Montferrand) et qui en devint le premier président de club

  13. Leblogdevern 20 mai 2013 at 17h- Répondre

    Bonjour,
    L’article pourrait faire croire que Vern Cotter est l’auteur du Blog de Vern : en aucun cas. Il s’agit d’un blog parodique, sans lien avec l’ASM ou ses employés. Par ailleurs, il s’agit bien de Marcel Michelin et non de François, encore en vie… Lapsus réparé sur le blog entre temps… D’où l’intérêt de ne pas copier coller et de faire des liens… Merci
    Le Blog de Vern alias Vern Dublogue sur Facebook

  14. Leblogdevern 20 mai 2013 at 18h- Répondre

    Merci les gars – bonne chance pour les demies…