Une expérience extraordinaire (source masculin.com)
Une expérience extraordinaire (source masculin.com)
Le jeudi 11 mars 2010 à 19:52 par David Demri
Publicité
Plus d’un an et demi après son arrivée à Toulon, Joe Van Niekerk est devenu une idole sur la Rade. Le capitaine sud-africain du RCT s’est longuement confié avant de défier le leader castrais vendredi soir à Mayol lors du choc de la 22e journée du Top 14. Une « forteresse » inviolée cette saison que le Springbok et ses coéquipiers ont bien l’intention de défendre chèrement…
Joe, après une saison difficile clôturée par une neuvième place, Toulon fait mieux que jouer les trouble-fêtes lors de cet exercice 2009-2010. Quel bilan pouvez-vous tirer avant de recevoir le leader castrais vendredi ?
J’ai envie de dire que c’est un fantastique bilan ! L’arrivée de nouveaux joueurs nous a vraiment boostés, tout comme l’apport de Philippe Saint-André, bien sûr. Il se passe quelque chose de vraiment spécial ici. Il y a un vrai esprit d’équipe. Je ne veux pas parler trop tôt, mais on est sur le point d’atteindre les objectifs que l’on s’était fixés en début de saison, notamment « rester invaincus à Mayol »(*). Et si on continue comme ça, le futur s’annonce radieux…
Le fait de rester invaincus à domicile était donc l’une des priorités ?
On a parlé entre nous en début de saison de « la forteresse Mayol »(*), qu’on voulait en faire une place imprenable, pour que les autres équipes aient peur de venir chez nous. C’est la réputation qu’on essaie de créer à Mayol. Et puis nos supporters sont formidables et même vraiment incroyables, parmi les meilleurs que j’ai pu voir. Ce soutien est absolument vital pour notre équipe.
Les supporters toulonnais vous le rendent bien d’ailleurs, puisque vous êtes vite devenu l’un des chouchous de Mayol…
C’est formidable de recevoir autant d’amour. C’est une expérience extraordinaire. Le fait d’être accepté et autant apprécié est quelque chose d’exceptionnel pour un joueur de rugby. Que ce soit à l’entraînement, mais également dans la rue, on nous remercie pour le travail qu’on effectue et c’est fantastique, je ne pouvais pas rêver mieux. On doit donc continuer sur ce chemin, pour rendre aux supporters tout ce qu’ils nous donnent.
Vous semblez admiratif de l’ambiance qui règne autour du club toulonnais. Est-ce une chose à laquelle vous vous attendiez avant d’arriver ?
Il y a une vraie passion pour ce sport dans le Sud de la France. Les gens sont prêts à tout pour leur équipe. Et même si on m’en avait parlé avant de venir, c’était difficile d’imaginer une telle passion pour les différents clubs. Et à Toulon, on a vraiment un énorme soutien. J’adore entendre le « Pilou Pilou » (le chant mythique du RCT, ndlr), notamment quand c’est Mourad (Boudjellal, son président) qui le lance… C’est vraiment très spécial.
« Ça serait bien de conserver le même noyau dur«
Vous évoquez votre président Mourad Boudjellal, qui a comparé vos causeries d’avant match à une scène du film « l’Exorciste »…
(rires) Je ne me vois pas dans le miroir à ce moment-là donc je ne sais pas si c’est vrai… Mais si je lui fais penser à »l’Exorciste », j’espère que c’est de la bonne énergie que j’amène. Car chaque rencontre est une guerre, une bataille. Cette compétition est très dure… Et il faut parfois ramener l’exorciste (il éclate de rire) !
Vous avez été nommé capitaine l’an dernier, comment appréhendez-vous ce rôle que vous connaissez bien ?
Je n’aime pas parler tant que ça, mais la chose la plus importante à faire c’est d’agir. C’est comme ça que je fonctionne. Et l’équipe est dans le même état d’esprit. Franchement, avec tous les joueurs exceptionnels qu’il y a au sein de l’effectif, pouvoir faire partie d’une telle équipe est vraiment quelque chose de spécial et fantastique. Mais comme je l’ai dit, on ne veut pas non plus s’enflammer. Il y a de grandes équipes dans le Top 14, qui obtiennent des résultats depuis des années. Nous gardons donc les pieds sur terre. On prend les matches les uns après les autres, à commencer par celui de Castres ce week-end. Ça va être très dur, c’est l’équipe numéro 1 actuellement et nous ne voulons pas nous voir plus beaux que ce que l’on est. Car nous ne sommes pas encore dans le Top 6…
Le Top 6, justement, était l’un des objectifs du début de saison. Pensez-vous que Toulon peut viser plus haut ?
Vu où on est aujourd’hui, on aimerait bien sûr viser plus haut. Mais l’objectif initial reste de finir dans le Top 6 et je ne vais pas commencer à tirer des plans sur la comète, que ce soit à titre personnel ou au niveau de l’équipe. On doit donc avant tout rester dans le Top 6, c’est le plus important, et si on finit plus haut, ça sera vraiment du bonus.
Vous parliez de Castres, votre futur adversaire, qui vous avait battu à l’aller en championnat, avant que vous ne preniez votre revanche à deux reprises en Coupe d’Europe. Comment jugez-vous cette formation castraise ?
C’est une équipe exceptionnelle. Ils jouent toujours au bon endroit et dégagent énormément de puissance. Ça va donc être un vrai gros test. Et si on les a déjà affrontés trois fois, je pense que ce match sera encore différent. Ça va être extrêmement dur. On va devoir déployer beaucoup d’efforts pour l’emporter. Mais on croit à ce que l’on fait et à la stratégie mise en place par le coach.
Votre coach Philippe Saint-André est l’un des grands artisans de la bonne saison du club. Qu’est-ce qui a changé par rapport à l’an dernier ?
Il fallait installer une continuité. Que ce soit Clermont, Toulouse ou Perpignan par exemple, la plupart des grosses équipes n’ont pas beaucoup fait évoluer leurs effectifs. Le président souhaite garder le noyau dur de l’équipe et je pense que c’est formidable. On peut ajouter des joueurs, mais il faut conserver la même base, avec la même mentalité, la même éthique de travail et les mêmes valeurs. C’est quelque chose qu’il ne faut pas tout le temps bouleverser. Dans le futur, ça serait donc bien de conserver le même noyau dur, composé de dix à quinze joueurs. C’est extrêmement important. Et c’est comme ça qu’on bâtit une grande équipe. Je suis quand même époustouflé qu’on ait réussi à créer cette harmonie en si peu de temps. On ne peut que féliciter et encenser le président pour tout ce qu’il a fait, notamment en termes de recrutement, et bien évidemment le fait d’avoir ramené Philippe Saint-André.
« L’Afrique du Sud est toujours dans mon coeur«
D’un point de vue personnel, qu’est-ce qui vous a convaincu de signer dans le championnat de France, après avoir failli découvrir l’Angleterre avant la Coupe du monde 2007 ?
C’est vrai que j’aurais déjà dû signer en Angleterre, mais je me suis blessé et Northampton a annulé mon contrat en disant que je n’étais pas en mesure de jouer au rugby… Mais la porte s’est à nouveau ouverte et j’ai pu rejouer en Afrique du Sud et surtout avec les Springboks. C’était fantastique. J’ai même réussi à atteindre les 50 sélections, c’était terrible ! Et c’est ce qui m’a emmené dans le championnat français. Depuis mon arrivée à Toulon, je ne regrette d’ailleurs vraiment pas d’être venu. C’est un endroit qui aura toujours une place particulière dans mon coeur.
Pour en revenir à votre président, Mourad Boudjellal, il a récemment répondu à ceux qui lui reprochaient d’engager « des mercenaires, des étrangers« , selon ses propres termes. Quel est votre avis sur la question ?
Le rugby en France est devenu très international. Des joueurs venus de tous les coins de la planète évoluent dans le championnat. Je pense que ça a rendu le Top 14 plus fort. S’il n’y avait que des joueurs locaux, ça ne serait pas aussi compétitif. Et puis le rugby est un sport global. Chaque semaine, vous affrontez des joueurs de standing international, qu’ils soient des anciens All-Blacks, des Australiens, des Anglais,…. Après, quelle que soit l’origine du joueur, il faut qu’il prouve sa valeur sur le terrain. Qu’il apporte un plus à l’équipe pour devenir « Toulonnais »(*) par exemple. C’est ce qu’on veut mettre en place ici. Que les joueurs se battent pour leurs couleurs, « rouge et noir »(*) pour nous, et pour le « muguet »(*).
Vous comptez plus de 50 sélections avec les Springboks. Espérez-vous porter à nouveau le maillot de la sélection, notamment en vue de la Coupe du monde 2011 ?
On m’a souvent posé la question, mais comme je l’ai toujours dit, ça dépend des entraîneurs. Je ne veux pas commencer à dire dans la presse que je vais jouer, que je vais faire ci ou ça… Dans l’absolu je veux continuer à jouer pour Toulon, répondre présent sur le terrain et ne pas trop parler d’une future sélection ou quoi… Mais, bien évidemment, l’Afrique du Sud est toujours dans mon coeur. J’aime profondément mon pays et le fait de représenter l’Afrique du Sud est vraiment quelque chose de spécial. Donc si je continue à donner le maximum sur le terrain et que mes actions sont plus fortes que mes paroles, on ne sait jamais ce qu’il peut se passer dans le futur…
Pour en finir avec l’Afrique du Sud, un petit mot sur la prochaine Coupe du monde de football, la première sur le sol africain…
C’est énorme pour l’Afrique du Sud. Le fait d’être le premier pays africain à accueillir la Coupe du monde de football est tout simplement extraordinaire. C’est le plus grand événement sportif au monde, c’est « énorme »(*) ! Aujourd’hui, les Sud-Africains font tout leur possible pour que ça soit vraiment parfait. Après, je ne sais pas si je pourrais voir des matches, mais j’aimerais beaucoup. J’ai en tout cas pu me rendre compte de l’importance du football ici, ça m’arrive même d’en regarder. Et j’avoue que ça me fascine de voir ce qu’ils peuvent faire avec leurs pieds ! (rires)
Publicité