Un spécialiste dévoile les risques que prend Anthony Jelonch à rejouer si tôt au rugby !

Un spécialiste dévoile les risques que prend Anthony Jelonch à rejouer si tôt au rugby !

Le mardi 22 août 2023 à 9:13 par David Demri

24 Commentaires

Publicité

C’est fait : le troisième ligne Anthony Jelonch a réussi son pari, à savoir celui d’intégrer la liste des 33 joueurs retenus dans le groupe France pour disputer la Coupe du monde.

Victime d’une grave blessure à un genou au mois de février dernier, le Toulousain a effectué une véritable course contre la montre pour réussir cette mission.

Interrogé en conférence de presse, le sélectionneur Français Fabien Galthié a indiqué que son joueur pourrait jouer à partir du deuxième ou troisième match de poule. Extrait:

« Pour Anthony et Cyril, le premier critère, c’est leur niveau de joueur, dit-il. C’est sans discussion. Ils sont de très grands joueurs et ils ont été très importants dans notre histoire. Le second critère, ce sont les échanges que nous avons avec le staff médical et nos préparateurs physiques. On pense que les délais estimés pour leurs retours sont cohérents.

Nous pensons qu’Anthony peut revenir à son meilleur niveau mi-septembre, là il n’y est pas du tout. Cyril doit aussi pouvoir revenir dans la course mi-septembre. Ils pourront potentiellement être disponibles pour le deuxième match de poules (Uruguay, le 14 septembre, à Villeneuve-d’Ascq) ou le troisième (Namibie, le 21, à Marseille) ; et sûrement pour le dernier contre l’Italie (6 octobre, à Lyon). »

Le professeur Bertrand Sonnery-Cottet, spécialiste du genou s’est confié dans les colonnes de L’équipe.

Il explique pourquoi il y a des risques à refaire jouer un joueur avant 8 mois de cicatrisation. Extrait:

« Je n’ai pas opéré Anthony Jelonch mais ce qui est sûr, c’est que l’étude la plus intéressante sur le sujet porte sur 118 joueurs de foot ayant participé à la Ligue des champions. Le taux de re-rupture pour ceux qui ont repris avant huit mois est de 20 %. C’est beaucoup. C’est très clair. Pour une raison assez simple : le délai de cicatrisation de la greffe nécessite au moins huit à neuf mois.

La maturité de cette greffe est obtenue après plusieurs années. Mais on sait, sur le plan mécanique, qu’elle devient suffisamment solide autour de huit-neuf mois. Ça fait trente ans que les chirurgiens cherchent si on peut accélérer ce temps. Pour l’instant, c’est non. Si on veut réduire les délais, on prend un risque. »

Cependant, il estime qu’Anthony Jelonch a raison de tenter le tout pour le tout, pour une Coupe du monde. Extrait:

« Il faut toujours pondérer parce qu’on a des contre-exemples. Moi j’ai opéré Veronika Zuzulova, une slalomeuse slovaque, avec une contrainte de temps extrême puisqu’elle devait être la porte-drapeau de son pays aux Jeux de PyeongChang en 2018. Elle connaissait le risque, voulait tenter le coup et elle a repris à quatre mois. Et ça n’a pas cassé après. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’on a d’un côté la science, qui consiste à étudier des séries pour évaluer des délais raisonnables qui paraissent incompressibles ; et de l’autre, la discussion sur une prise de risque que chacun est prêt à prendre ou non.

Dans le cadre d’une Coupe du monde en France, je pense que Jelonch a raison. Le tout, c’est d’avoir conscience du risque, que son club en ait conscience, que tout soit dit en parfaite honnêteté. À titre individuel, sur des exploits, c’est jouable. Sur des grandes séries, c’est des conneries. Jelonch tente quelque chose d’exceptionnel. Ça passe ou ça ne passe pas… »

Pour conclure, celui qui a opéré Demba Bamba ou encore Charles Ollivon évoque l’exemple d’Arthur Vincent qui a connu une rechûte. Extrait:

« Il y a un très bon exemple, c’est l’histoire d’Arthur Vincent. Il a repris six-sept mois après son opération des croisés pour participer à la demi-finale puis à la finale du Top 14 en 2022 (gagnée avec Montpellier). Et ça n’a pas tenu (rechute en septembre). Il a tenté, il a perdu. La littérature scientifique montre qu’une reprise à six mois entraîne un risque de rechute deux fois plus important qu’à sept mois. Et une reprise à sept mois entraîne un risque deux fois plus important qu’à huit. »

De son côté, le préparateur physique de Béziers (Pro D2), Mathieu Halbwachs s’est montré très septique sur le cas Jelonch. Extrait:

« Il pourra peut-être rejouer. Mais de là à dire que son genou sera solide pour jouer une Coupe du monde, avec l’intensité qui va avec, je n’y crois pas trop »

Publicité

24 Commentaires