Mayol a tremblé. Ses 13 500 supporters ont frissonné. Mais Toulon n’est toujours pas tombé. Une semaine après avoir dominé, in extremis, l’orgueilleux Biarritz (21-20), la bande d’irréductibles du RCT s’apprête à recevoir, vendredi, Castres avec l’objectif avoué de rester invaincu à domicile.

En cas de victoire, les Toulonnais fêteront un an d’invincibilité dans le Var. Aucun visiteur depuis Perpignan, le 14 mars 2009, n’a quitté la pelouse toulonnaise la tête haute. Philippe Saint-André se croirait presque revenu dans les années 90. A l’époque, le Clermontois d’adoption tremblait à chaque périple en direction de la cote méditerranéenne : « Quand j’étais encore joueur et que je venais à Mayol, je savais que ça allait être compliqué et engagé pendant 80 minutes. » Retour vers le futur : en s’emparant des rênes du RCT à l’intersaison, l’entraîneur, en provenance d’outre-Manche, « voulait donc imprégner les joueurs de cette culture ancestrale d’un stade Mayol imprenable (…) Aujourd’hui, les joueurs comme le public ont intégré cette notion de forteresse ».

Les errements de la saison 2008-2009, entachée de quatre défaites à la maison, appartiennent définitivement à une époque révolue. Cette saison, tous les adversaires – excepté le Stade français (22-22) en ouverture du championnat – ont été pilés-pilés par le pilou-pilou toulonnais. Transportés par cette série de victoires et cette confiance grandissante, les protégés du trio PSA – Hueber – Umaga sont devenus les plus sérieux enquiquineurs du Top 14, trouble-fête, troubles tête. Alors, quelle meilleure proie pour confirmer cette réputation que le leader en personne ?

Saint-André : «  Castres possède un peu plus de richesse « 

Dans les chiffres, et peut-être aussi dans un coin de leur tête, les Varois s’avanceront avec un ascendant dans ce choc des bonnes surprises de la saison. Les deux équipes se sont déjà croisées à trois reprises cette saison. Après une défaite au buzzer lors de la manche aller (21-19), les Toulonnais l’ont emporté à deux reprises en Challenge européen. Face à l’équipe bis du CO, ils avaient même décroché le bonus qualificatif pour les quarts de finale. Mais attention, gare à ces duels en trompe l’oeil.

Philippe Saint-André, en tacticien avisé, ne se voile pas la face. Cette fois, le CO, tout juste privé de Marc Andreu, ne se déplacera pas en victime expiatoire. A rencontre capitale, motivation optimale : les deux Laurent, Travers et Labit, entendent bien s’imposer à Toulon pour ne pas voir Clermont et Perpignan – à respectivement deux et cinq longueurs – menacer leur statut privilégié de demi-finaliste. « C’est une bonne équipe, entraînée par un bon duo, dotée d’un bon équilibre, plus puissante, mature et réaliste que nous. Au poste de pilier droit et en touche, ils possèdent également un peu plus de richesse. Leur place de leader n’est pas le fait du hasard. » Trois rangs derrière, le RCT peut, lui, presque assurer sa participation aux phases finales. Ses deux plus dangereux adversaires – le Stade français à dix points et Brive à douze – s’affrontent, en effet, en Corrèze. «  Nous sommes en course pour une place dans les six premiers depuis le début et il serait dommage de couler une bielle à cinq cols de l’arrivée . »

Au-delà de leur situation comptable, les coéquipiers de Van Niekerk ne devront pas effilocher leurs lambeaux de certitudes, acquis au regard de la solidité défensive affichée à Toulouse (3-6) ou mentale aperçue face au BO. « L’ensemble est très fragile mais je suis content de la manière dont vit le groupe, dont il réagit. On a progressé dans la gestion des fins de match, la défense, la discipline, dans le un contre un, la préparation physique. » Et si la qualification, objectif initial du RCT, marquait seulement une étape ?