Un arbitrage à deux vitesses ? (SudOuest.fr)
Un arbitrage à deux vitesses ? (SudOuest.fr)
Le vendredi 3 septembre 2010 à 17:32 par David Demri
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Jugeant avoir été spoliés par l’arbitre, qui répond aux critiques, les Rochelais sont-ils victimes d’un système favorisant les « grosses » équipes ?
Pour mieux comprendre le courroux de Serge Milhas après la réception de Toulon, il suffit de reprendre le pedigree d’Hervé Dubès. L’arbitre qui a officié mercredi a croisé plusieurs fois la route du Stade Rochelais. Face à Albi (en 2008), Lyon (2009) et Narbonne (la saison dernière), il était là. Et déjà, son coup de sifflet était sujet à caution. Dans l’Aude, il avait notamment oublié de sanctionner la mêlée narbonnaise d’un essai de pénalité qui semblait évident. C’est sans doute anecdotique, mais nous pointerons également les quatre défaites du Stade Rochelais en quatre matchs, chaque fois que M. Dubès s’y est collé. Alors, quand Serge Milhas va au-devant de la presse, ça sent le coup de gueule.
Après la défaite, l’entraîneur rochelais a donc critiqué l’arbitrage. L’objet du délit ? La défense toulonnaise, en toute fin de match, sur la série de pick and go des Jaune et Noir. Une séquence qui, à ses yeux, aurait mérité sanction bien avant l’ultime coup de sifflet qui a offert à Dambielle une pénalité dans un angle fermé. Selon le technicien, les Varois – Missoup en particulier – s’étaient mis à la faute auparavant. Et ce, à plusieurs reprises. Plus précisément sur la zone plaqueur – plaqué… alors que les Rochelais se trouvaient à 40 mètres face aux poteaux.
Comme Boudjelllal
Et Milhas de protester derechef : « J’en ai marre de m’entendre dire […] que l’on est des petits. Je me dis qu’il faut que je fasse comme Pierre Berbizier ou Mourad Boudjellal, il faut que je gueule. Ça fait deux mois qu’on est en Top 14 et ça fait deux mois qu’on est arbitré par des arbitres de Pro D2. » MM. Gauzins, Lafon, Cardona et Dubès sont en effet des hommes en noir souvent croisés la saison dernière. Dans le milieu du sifflet, il est vrai qu’ils ne font pas encore partie du gratin.
Pour Hervé Dubès, qui n’avait pas revu le match hier, à l’heure où nous l’avons contacté, « il n’y a pas de distinction à faire entre les »gros » et les »petits » clubs » (du strict point de vue de l’arbitrage, NDLR). « Le match de mercredi se jouait au coup de sifflet final, précise Hervé Dubès. À ce moment-là, il fallait que la faute soit vraiment évidente. Je n’ai pas jugé qu’elle l’était. » Un constat rigoureusement contesté par Milhas : « Des fautes, il y en a eu cinq ! Et elles étaient énormes. C’est un scandale. »
« Cette équipe attendait »
« Les deux équipes commettaient des petites fautes sur la zone plaqueur – plaqué, reprend l’arbitre. Ce que j’ai vu, c’est surtout une équipe rochelaise qui attendait que je signale la faute varoise, en enchaînant les pick and go. Ça ne marche pas comme ça, ou alors on peut attendre longtemps. »
L’arbitre ajoute qu’il a pénalisé Toulon « à neuf reprises en seconde période, sans punir les Rochelais une seule fois (deux bras cassés ont été signalés, NDLR) ». « Peut-être ai-je même trop sanctionné le RCT, s’interroge-t-il. Mais chacun a eu sa mi-temps. Les Toulonnais ont d’abord dominé, avant que ce ne soit l’inverse. Souvent, une équipe qui domine met l’autre à la faute. »
Reste que la justification ne tient pas selon l’entraîneur rochelais : « Avec 66 % de possession en 2e mi-temps et ce que l’on a fait, 15 pénalités en notre faveur, c’était possible. L’équilibre des fautes, ça n’existe pas. » En effet… Ou alors on appelle cela « compensation ».
« Merci monsieur l’arbitre »
Toujours est-il qu’Hervé Dubès n’est pas contre une petite séance d’autocritique. « Je veux regarder la vidéo pour mieux me rendre compte de tout ça. D’ailleurs, je le fais souvent. J’étais notamment venu de Bordeaux pour revoir un match avec Serge Milhas. Ça s’était bien passé. »
En revanche, les choses se sont un peu moins bien passé mercredi. « Après la rencontre, l’arbitre n° 4 (Philippe Milani, NDLR) a mis une croix sur la feuille de match pour signaler les propos de l’entraîneur (1), raconte M. Dubiès. Il m’a expliqué qu’il avait tenu des propos odieux en fin de rencontre. Moi, je n’ai rien entendu. L’arbitre n° 4 aurait pu m’appeler avant afin que j’adresse un carton jaune à Milhas, qui m’a juste dit »merci monsieur l’arbitre » de façon ironique. » « Les entraîneurs sont comme nous : ils ont de plus en plus de pression, poursuit le référé. Du coup, ils réagissent à chaud. La Rochelle n’a pas perdu en raison d’une faute non sifflée en fin de match, mais bien avant, en ratant des pénalités. » À entendre Serge Milhas, l’argumentaire fait pschit : « Ce n’est pas ici que l’on perd ce match. En revanche, il est certain c’est comme cela qu’on nous empêche de le gagner. »
Qu’est-ce qui est normal ?
« Avec les joueurs et le budget dont on dispose, cette victoire à La Rochelle est normale », souligne le président toulonnais, Mourad Boudjellal. Dans la cité portuaire, avec d’autres joueurs et moins d’argent, on se bat désormais pour qu’un succès ne soit plus considéré comme un exploit. Pour que personne ne soit surpris d’assister à la domination des Jaune et Noir…
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