Un All-Black effectue son coming out et se confie à coeur ouvert
Un All-Black effectue son coming out et se confie à coeur ouvert
Le jeudi 29 juin 2023 à 10:36 par David Demri
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L’ancien joueur du Biarritz Olympique, Campbell Johnstone est le premier All-Black a avoir effectué son coming out.
L’ex-pilier international Néo-Zélandais s’est longuement confié via L’équipe pour évoquer son homosexualité.
C’est le 30 janvier dernier, à l’âge de 43 ans, que Campbell Johnstone a décidé de révéler son homosexualité à la télévision.
Ce-dernier explique dans un premier temps pourquoi il a décidé d’en parler publiquement. Extrait:
« J’étais en paix avec moi-même depuis quelque temps. Et je pensais qu’en parler en public allait définitivement fortifier cette paix intérieure tout en faisant disparaître le peu d’anxiété qui pesait encore sur moi. Avant ça, je n’étais pas assez fort mentalement et pas assez heureux pour être cette personne. J’en suis donc venu au fait que, si je venais à faire mon coming out, j’aiderais les gens et resterais dans cette sphère qui me permettrait d’agir en faveur de la communauté LGBT +. Je ne voulais pas raconter mon histoire et retourner dans l’anonymat. Ça n’aurait aidé personne. »
C’est vers ses 16 ans qu’il a compris qu’il n’était pas hétérosexuel. Extrait:
« Les premiers indices remontent à mes 15-16 ans. J’étais au lycée. Mon groupe d’amis parlait de la beauté de telle ou telle fille. Et pendant que les autres parlaient, je me disais que c’était plutôt les garçons qui étaient beaux ou attirants. C’est l’une des premières fois où j’ai songé à l’homosexualité.
Je me souviens avoir refoulé ces pensées pour me concentrer sur les cours et le rugby. J’espérais que ça ne revienne pas à nouveau. Mais quand tu grandis, tu vis des choses, tu changes, tes sentiments évoluent. Et puis, ces pensées reviennent et deviennent plus fortes. À un moment, tu sais que c’est inévitable. Malgré ça, j’ai quand même continué à les repousser. »
Il précise avoir essayé de sortir avec des filles. Extrait:
« Ça m’est arrivé. Sortir avec des filles, avoir des copines de temps en temps, c’est une envie de rentrer dans la norme, de déguiser la vérité avec ce que fait tout le monde. Aussi, tu n’es jamais sûr à 100 % d’être gay. Tu te dis « peut-être que je le suis, mais peut-être pas, c’est peut-être passager… » Tout le monde a cette phase où ils essaient différentes choses pour tenter de se convaincre. »
Dans la foulée, il explique pourquoi il a caché son homosexualité jusqu’à présent. Extrait:
« Ça ne correspondait pas à mon monde idéal. J’avais cette vision de ce qu’un All Blacks idéal devait être : hétéro, viril, fort, qui boit de la bière et tout ça. Quand l’homosexualité est entrée dans l’équation, je me disais que ça ne faisait pas partie du plan. Ça ne devait pas être là, donc je l’ai repoussée.
J’avais plutôt peur que ça me détourne de mes objectifs, comme être sélectionné, faire un bon match ou une bonne saison. C’est une bataille interne entre moi et moi-même, plutôt que contre les gens autour de moi, puisqu’au final, les quelques personnes à qui j’ai confié la chose n’étaient pas surprises et en ont fait un non-événement. Il y a des personnes qui rencontrent des problèmes après avoir fait leur coming out. Moi, j’ai eu la chance de n’avoir que des gens bienveillants autour de moi.
Je mettais mes erreurs sportives sur le compte de l’homosexualité. Et dans le même temps, j’utilisais ce côté gay pour gonfler ma motivation à atteindre mes objectifs, pour m’entraîner plus dur et mieux me concentrer. Ce n’était vraiment pas la bonne méthode, ce n’est que plus tard que j’ai compris que cette « haine de soi motivante » était inutile. Il faut une motivation positive pour avancer, et tu as toujours plus de bienfaits en utilisant cette méthode. Il faut juste du temps pour s’en rendre compte. »
Il précise avoir annoncé la nouvelle à ses parents il y a 20 ans déjà. Extrait:
« Je devais être dans la vingtaine, donc au début des années 2000. Ils ont été les meilleurs parents possibles. Je savais que si j’avais leur soutien, tout serait un peu plus facile, j’aurais moins d’anxiété, de stress… Mais pour eux, ce n’était pas une surprise. Ma mère avait l’air de déjà le savoir (il rigole). Je ne pouvais pas rêver mieux comme réaction. »
Campbell Johstone veut lutter contre certaines formes de langage dégradant. Extrait:
« Mais il y a toujours des stéréotypes ou des préjugés. On entend parfois « arrête d’être une femmelette » ou « stop being a sissy » (en anglais, arrête de faire ta poule mouillée). Maintenant, ça s’est estompé. Il y avait aussi quelques jurons, mais cela a tendance à disparaître des terrains. Ces changements dans les attitudes permettent de mesurer l’évolution de notre sport dans la prise de conscience sur le poids des mots.
J’ai toujours eu énormément de respect pour Gareth Thomas (joueur de rugby gallois passé par le Stade Toulousain entre 2004 et 2007) après avoir fait son coming out en 2009. Même chose pour Ian Roberts (joueur de rugby à XIII australien, qui a fait son coming out en 1995), en NRL. »
Pour conclure, il indique que ce coming out n’a pas vraiment changé grand chose à sa vie. Extrait:
« Pas grand-chose dans ma vie personnelle à vrai dire. C’est plutôt mon image publique qui a évolué. Mon homosexualité a été bien acceptée par un grand nombre de personnes. J’ai reçu beaucoup de messages de soutien et j’ai eu la chance de lire énormément d’histoires similaires à la mienne. L’exposition médiatique me permet aussi d’en parler dans des conférences ou dans des réunions avec les clubs. J’évoque principalement la notion de respect de l’autre pour rendre tout le système un peu plus inclusif. »
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