Ugo Mola : « Pour certains dérapages il est plus compliqué d’appliquer la loi de la seconde chance »

Ugo Mola : « Pour certains dérapages il est plus compliqué d’appliquer la loi de la seconde chance »

Le dimanche 8 septembre 2024 à 16:06 par David Demri

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Lors d’un long entretien accordé à Midi Olympique, le manager de Toulouse, Ugo Mola s’est confié sur l’affaire Jegou – Auradou qui a fait beaucoup de mal au rugby Français.

Ce-dernier avoue avoir été déçu cet été.

Mais il est conscient que ce genre de problèmes peut arriver dans n’importe quel club. Extrait:

J’ai toujours idéalisé les institutions, le Stade toulousain, le XV de France, etc. Je continue de croire en une capacité à élever les consciences dans ces institutions.

Je ne cache pas avoir été déçu, cet été. Mais je n’y suis pas et ne suis pas à l’abri d’avoir des problèmes au club. Cela nous est arrivé.

J’entends les moralisateurs expliquant qu’il faut arrêter l’alcool, être dans le répressif, etc. On ne déroge pas à une société pilotée par les réseaux sociaux, qui évolue avec ses propres excès liés à la drogue, l’alcool et le phénomène de groupe.

Dans le rugby, il n’y a pas que des sociopathes, des alcooliques et des drogués. Il y a aussi des bons types et des mecs qui ont un niveau de conscience élevé.

Il ne le cache pas : pour certains faits, il est difficile d’accorder une seconde chance. Extrait:

Des garçons ont droit à une seconde chance parce qu’ils se sont plantés, qu’ils étaient jeunes. Mais, pour certains dérapages, il est plus compliqué d’appliquer la loi de la seconde chance. Sur ce qu’il s’est passé en Argentine, il faut garder beaucoup de mesure car on n’y était pas.

Il explique comment le rugby doit cadrer les choses. Extrait:

À mes yeux, le seul moyen est d’élever les consciences. Cela passe par la culture, l’éducation, l’enseignement, la capacité à échanger et informer : « Les mecs, vous prenez de la cocaïne, mais qu’est-ce que vous vous mettez dans le nez ? »

Aujourd’hui, tu prends de l’EPO ou de l’hormone de croissance, c’est deux ans de suspension. La seule solution, c’est d’éduquer, d’enseigner et d’informer. Quand tu portes le maillot du Stade toulousain ou autre, tu n’embarques pas que ta pomme mais aussi un groupe, un club et un environnement. Le devoir d’exemplarité agit face à ce que tu représentes.

Il explique que à son époque, il y avait davantage de tolérance. Extrait:

J’ai fait partie d’une génération pour laquelle on était plus tolérant. Les choses évoluent. C’est comme les paroles des chansons ou des films des années 70, on en est outré quarante-cinq ans après. Je ne sais pas si la société est malade. Mais, pour aller mieux, il faudra cadrer des choses. Pas juste par le répressif, même s’il en faut.

J’entends : « Les mecs picolent tout le temps en équipe de France. » Le problème, c’est quoi ? Les joueurs qui picolent sont-ils performants ? Ici, quand un mec se saoule et arrive « plein », neuf fois sur dix et comme par hasard, il se blesse dans les quinze jours. Le XV de France doit être une valeur d’exemple au-dessus de tout. C’est notre vitrine. Si un mec déconne, qui que ce soit, il doit comprendre qu’il met en péril sa carrière internationale.

Il explique que des affaires extra-sportives ont déjà été recensées au Stade-Toulousain. Extrait:

Si tu déconnes à Toulouse, tu mets ta carrière au club en péril. Certains nous ont quittés, pour des raisons sportives ou extra-sportives. On n’a pas tout mis sur la place publique et on ne se vend pas comme des gardiens de la morale. Chacun balaie devant sa porte, on sait qu’on a nos problèmes. D’alcool ou de drogue, qui est un fléau chez les jeunes. Mais pas que…

Il l’affirme : le problème n’est pas que la cocaïne. Extrait:

Il n’y a pas que la cocaïne. À la prohibition, on disait que c’était le whisky alors que les mecs étaient déjà passés à autre chose. C’est pareil. On agite la cocaïne mais, s’il n’y avait que ça, je serais un peu plus tranquille. Il faut développer la responsabilité pour sensibiliser notre collectif et les gens qui le composent. On n’a pas d’autre choix : « Qu’est-ce que vous vous foutez dans le nez ou le gosier ? » Les mecs se fusillent en quarante minutes. Le phénomène de groupe, dans notre sport, ça devrait être de passer du temps ensemble, partager et récompenser les efforts consentis pendant des semaines, des mois.

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