Ugo Mola : « On n’a pas eu froid aux yeux en mettant des gamins »
Ugo Mola : « On n’a pas eu froid aux yeux en mettant des gamins »
Le dimanche 8 septembre 2024 à 16:27 par David Demri
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Le manager de Toulouse, Ugo Mola s’est longuement confié via Midi Olympique pour évoquer la réussite du Stade-Toulousain.
Il estime que le staff Toulousain a su activer les bons leviers pour faire le doublé Top 14 / Champions Cup. Extrait:
On nous l’a beaucoup loué. Le staff a certainement activé les bons leviers, les résultats en attestent, mais on a eu aussi ce brin de réussite sur deux ou trois matchs. Cela nous a permis de passer de ceux qui lâchent des matchs à de bons gestionnaires.
Quand tu l’emportes à Clermont ou à Montpellier avec des équipes dites remaniées, cela donne un confort incroyable. On a pu se permettre de jouer sur deux tableaux.
Il explique ne pas avoir eu peur d’aligner des jeunes lors de certaines rencontres. Extrait:
On n’a pas eu froid aux yeux en mettant des gamins, on s’y est tenu, même dans des moments où tu peux être tiraillé. Après, en perdant trois ou quatre joueurs majeurs sur la finale de Champions Cup et en finissant la saison avec un pack quasiment entier absent, je n’avais pas les mains en haut du guidon. Il manquait Baille, Laulala, Meafou, Jelonch… Des mecs qui pèsent.
Mais les gamins, qui n’en sont plus, ont tenu la dragée haute. L’émulation et la concurrence, ça reste le meilleur des entraîneurs. Il s’est créé ce phénomène où tu n’avais plus le droit d’être sur le terrain et de ne pas être performant.
Il déplore les caisses faites par les médias autour de la gestion de Thomas Ramos et Blair Kinghorn au poste d’arrière. Extrait:
Le temps et les titres aidant, on augmente le niveau d’affection avec nos joueurs. Mais dès lors que la performance dicte notre mode de fonctionnement… On en a fait des caisses sur le poste d’arrière entre Ramos et Kinghorn. Quand le choix est à faire, Thomas sort d’un Tournoi fini en 10 puis d’une blessure, et Blair est performant en 15 avec nous. On n’a fait que suivre la logique du rythme.
Quand Thomas a enchaîné à la fin, il a retrouvé la position qui peut être la sienne. De la même façon, Peato Mauvaka sortait d’une saison incroyable et avait fait toute la campagne européenne puisque Julien était blessé au départ.
Il explique comment il échange avec les joueurs pour leur expliquer ses choix. Extrait:
C’est une aide au management ! Quand des Ramos, Marchand, Arnold ou Barassi savent pourquoi ils n’y sont pas… On discute avec eux mais ils ne viennent pas me demander pourquoi. Ils ne la ramènent pas et jouent le jeu. Ces mecs, je les ai vus préparer la finale de Champions Cup comme s’ils étaient sur le terrain.
Ils ont été moteurs, parce qu’ils savent le côté nuisible que peut avoir une concurrence malsaine. Cela vaut tout l’or du monde. Pour que ça fonctionne, il faut une forme de récompense à la performance. Sinon, on ne vit qu’avec des statuts et ça finit par nous péter à la figure.
Il explique après quoi va courir le Stade-Toulousain. Extrait:
C’est le thème de nos prochaines saisons, pas que de celle-ci. Au Stade toulousain, des années 1920 au début des années 2010, il y a eu cinq générations marquantes qui ont eu une durée de vie de huit ou dix saisons. On n’en est qu’à la sixième, donc il nous en reste trois ou quatre. Est-ce que cette génération en a assez ? A-t-elle l’appétit pour en faire plus ?
La seule différence, c’est que les autres générations ne peuvent plus gagner, désormais. Est-on arrivé au bout de quelque chose ? Il faut le demander aux joueurs mais je n’ai pas le sentiment que Romain Ntamack à 25 ans, Antoine Dupont et Peato Mauvaka à 27 ans, ou Thomas Ramos et Julien Marchand à 29 ans, y soient arrivés.
Chez un entraîneur, les titres, c’est pour le CV. Mais ça, c’est quand tu as envie de te vendre ailleurs. Je vois des coachs qui ne sont que de passage et veulent juste augmenter l’armoire à trophées, en se fichant du club où ils sont. Ici, le staff sera bientôt prolongé pour être aligné sur les durées de contrat. Le rôle d’entraîneur est très précaire, même si j’ai l’impression que la stabilité prônée par notre club fait des émules.
On n’est pas nourris par le fait de gagner deux titres de plus et être considérés comme le staff absolu. Ce qui nous motive, c’est qu’on a une génération incroyable, qui vient de gagner six titres, et on se dit : est-on capable de continuer à la nourrir, à ne pas la lasser ? On parle de contenu, de jeu et de continuer, je l’espère, à être disruptifs et adaptatifs dans un rugby ambitieux. Ce ne sont que des mots. L’important, c’est ce qu’on fait.
Il explique pourquoi il souhaite renouveler sans cesse le jeu pratiqué par son équipe. Extrait:
Nos rivaux observent et s’imprègnent de ce qu’on a pu faire ou dire. Cela nourrit la frustration chez les uns, la motivation chez les autres, ou l’aigreur chez certains. J’ai entendu que Toulouse est un moteur pour le Top 14. Mais j’ai aussi des clubs qui m’inspirent, où ça bosse très bien, même avec moins de moyens.
Il prend l’exemple de Vannes. Extrait:
Vannes, par exemple. Vous voulez un club stable, avec des gens cohérents ? Il arrive à haut niveau avec des infrastructures et une équipe qui vont bien. Dans votre sondage des entraîneurs, auquel je n’ai pas participé (sourire), on les voit redescendre. Moi, je n’en suis pas sûr.
Il y a aussi des choses inspirantes dans les sélections, ou au Leinster, etc. Une année, on a fait venir les coachs de Trévise et ils nous ont interpellés sur des trucs auxquels on n’avait pas réfléchi parce que leur quotidien et leur championnat sont différents des nôtres. Donc, ils sont obligés de réfléchir différemment.
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Avec le XV de France, c’est sur 3 tableaux qu’il a joué, avec le VII, on peut aller jusqu’à 4.