Toulon n’est décidément pas un club comme les autres. Vilipendé par certains pour sa légion étrangère ou les déclarations de son bouillant président, le RCT est également un véritable sujet de culte pour ses plus farouches supporters. Il n’y a qu’à se frotter à la ferveur sauvage de Mayol pour s’en rendre compte. Il n’empêche que le RCT est quatrième du Top 14 à la veille de la onzième journée et que le club n’est pas arrivé là sans traverser quelques tourmentes. A commencer par un changement d’entraîneur qui a fait grand bruit alors que la saison était commencée.

Si le départ de Philippe Saint-André à la tête du XV de France s’est finalement réglé à l’amiable, Mourad Boudjellal ne l’a pas toujours entendu ainsi. Mais la page est tournée et c’est maintenant Bernard Laporte qui dirige la destinée du RCT. Forcément, le quotidien des joueurs a dû en être changé. Mais à quel point ? Sébastien Bruno a bien voulu nous donner quelques éléments de réponse : «Philippe Saint-André faisait beaucoup plus participer les joueurs à ses décisions. Les leaders, en tout cas. Bernard Laporte, lui, est plus directif. Il impose plus de choses. Il a beaucoup de poigne, mais je crois qu’il en faut pour gérer un groupe comme le nôtre, avec des joueurs de caractère et d’expérience.»

«Laporte gère tout»

Surtout, les deux hommes ont une approche bien différente de la fonction d’entraîneur. «Bernard Laporte est plus près du terrain pendant les entraînements. Il vient sans cesse voir les joueurs pour leur parler et leur dire ce qui ne va pas. Philippe était plus un manager à l’anglaise. Il déléguait beaucoup à ses adjoints. Bernard, lui, on sent qu’il veut tout contrôler. Il gère tout. Mais il est très pointu dans ses analyses techniques. Il a notamment mis fortement l’accent sur la défense. Il trouvait que nous ne mettions pas assez la pression sur nos adversaires. Et puis il nous a aussi beaucoup sensibilisés sur la discipline. C’est normal qu’il soit strict. Cela me convient bien, il va directement au but. Et puis on peut toujours discuter avec lui. Même si c’est toujours lui qui décide.»

Plus d’oppositions

Si l’approche du coaching est différente, le talonneur nous confie également que le contenu des entraînements est différent depuis l’arrivée de Laporte à Toulon. «Nous faisons plus d’oppositions afin de travailler les contacts. Philippe n’aimait pas ça, les oppositions. Il avait toujours peur qu’un joueur se blesse. Mais je pense que nous avons un effectif suffisamment étoffé pour prendre le risque de perdre un gars à l’entraînement.»

«Le jeu toulonnais n’a pas été révolutionné»

Quoi qu’il en soit, le RCT reste sur une belle série de trois victoires face à Perpignan, le Racing et Brive. Les deux prochains matches, en déplacement à Castres (samedi, 16h15) et à Toulouse, permettront de jauger plus en profondeur l’effet Laporte. Mais Sébastien Bruno ne veut pas louer un système plus qu’un autre. «Il n’y en a pas un meilleur que l’autre, ils sont complémentaires. Les deux s’appuient sur de grosses fondations. Avec Bernard, c’est conquête et défense d’abord. Pour les ballons de récupération, on verra après, selon la situation. Bernard Laporte n’a pas révolutionné le jeu toulonnais. Il le change progressivement, en mettant d’abord l’accent sur la défense. Nous, on s’adapte, comme on le fait toutes les semaines lorsque nous travaillons de nouvelles combinaisons.» Le changement dans la continuité.

Source l’équipe.fr