L’union entre Bernard Laporte, successeur de Philippe Saint-André à la direction technique toulonnaise, et Mourad Boudjellal avait des allures de mariage entre la carpe et le lapin. Mais la lune de miel se poursuit, confortée par les excellents résultats du RCT, solide troisième du Top 14.

Il est arrivé à Toulon sur la pointe des pieds, en remplacement de Philippe Saint-André. Avec de l’enthousiasme à revendre. Pourtant, depuis quatre ans, Bernard Laporte avait troqué ses vieux survêtements pour des costumes trois pièces. Il avait quitté le monde du rugby pour celui des affaires après un passage éphémère au ministère. Au sortir de la Coupe du monde 2007, il avait même déclaré ne plus vouloir entraîner. « Mais Toulon, ça ne se refuse pas !», se justifie-t-il.

Ceci dit, il n’est pas arrivé en terrain conquis sur les bords de la Rade. Les supporters, notamment les plus anciens, gardent une certaine distance et éprouvent même de la méfiance envers le chef de bande des « Rapetous » béglais qui avaient causé tant de misères au RCT dans les années 90. Et puis, il y avait eu ces fameuses joutes verbales avec Mourad Boudjellal. Elles avaient pimenté le dossier Bastareaud, au printemps dernier, à une époque où Bernard Laporte espérait sauver le Stade Français. « J’ai toujours eu plus de respect pour quelqu’un qui me tient tête », lâche le président toulonnais pas rancunier.

Force et de reconnaître que la lune de miel dure après ce mariage de la carpe et du lapin qui a intrigué le petit monde de l’ovalie. Il est vrai que les résultats sont là. Toulon est solidement installé sur la troisième marche du podium en Top 14 et a quasiment sa qualification en poche pour les quarts de finale du Challenge Européen.

Bernard Laporte n’a pourtant rien révolutionné dans le jeu toulonnais orchestré par Philippe Saint-André et mis en musique par ses premiers violons, Olivier Azam et Pierre Mignoni. « Il y a simplement plus de temps de jeu programmés », souligne le talonneur Jean-Philippe Genevois. À défaut d’amener un nouveau style, il a posé sa patte, en particulier dans la façon de manager le groupe. C’est une main de fer… sans le gant de velours que portait son prédécesseur.

Est-ce son passage au sein du gouvernement qui l’a conforté dans cette voie-là ? Toujours est-il que l’ancien secrétaire d’état aux sports de Nicolas Sarkozy a amené une rigueur de moine trappiste à Toulon. Que ce soit en politique ou au rugby, le mot est à la mode.

En tout cas, cette pincée de rigueur supplémentaire, ajoutée à une discipline d’airain et une défense de fer — la meilleure du championnat -, a permis la montée en puissance de l’équipe toulonnaise. Sur ces fondamentaux maîtrisés, le RCT peut se construire un avenir doré, d’autant plus qu’il possède des enluminures lui permettant de briller. On pense, en particulier, à Wilkinson, Palisson, Lovobalavu, Ronney ou bien encore Bastareaud. Mais ses lignes arrière ont encore plus d’éclat depuis l’arrivée de Matt Giteau. Complément idéal de Wilkinson, le centre international australien a amené la fluidité qui faisait jusqu’alors défaut à l’attaque toulonnaise. Désormais, le danger vient de partout à Toulon. Et, pour le LOU, cela ne présage rien de bon…

Source: leprogres.fr