Toulon est tout simplement bluffant !
Toulon est tout simplement bluffant !
Le lundi 2 juin 2014 à 14:13 par David Demri
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En battant Castres en finale du Top 14 une semaine après son titre européen, Toulon réalise enfin le doublé. Trois anciens, passés tout près dans les années 2000 avec leur club, mesurent la portée de l’exploit du RCT.
C’EST FAIT ! Un an après son échec face à Castres (14-19), Toulon a conjuré le sort face au même adversaire et obtenu ce dont il rêvait, de moins en moins secrètement : le doublé Coupe d’Europe-Top 14. « C’est un véritable exploit, juge Rémy Martin, passé pas si loin avec le Stade Français en 2005 (lire par ailleurs). Il y a quelques années, il y avait beaucoup moins d’équipes capables de se qualifier pour une finale. »
« Le rugby d’aujourd’hui est plus difficile, renchérit Thomas Lièvremont, qui a cru au doublé avec Biarritz en 2006. Le Top 14 est plus exigeant. Il y a plus de concurrence. Idem en Coupe d’Europe. Ce doublé a encore plus valeur. Avant, on bataillait moins à l’extérieur. Il y avait huit gros matches dans la saison. Maintenant, tous les matches sont compliqués. Vous êtes tout de suite sous pression. » Voilà peut-être pourquoi le président Mourad Boudjellal a longtemps répété que le doublé était « impossible » ou qu’entraîneurs et joueurs varois ont souvent botté en touche à l’évocation de ce foutu doublé.
Mais les Toulonnais avaient cet objectif en tête depuis longtemps et c’est presque logique de les voir arriver à leurs fins cette saison. « L’an dernier, ils sont champions d’Europe sur un coup du sort, juge Xavier Garbajosa. Entre l’euphorie, l’excitation et la célébration du titre, ils n’avaient plus d’essence dans le moteur pour la finale du Top 14. C’est ce qu’il nous était arrivé en 2003 avec Toulouse. Cela avait été difficile de se remettre la tête à l’endroit après notre victoire en Coupe d’Europe (contre Perpignan). On avait manqué de fraîcheur physique et mentale pour aller chercher le Brennus. On avait déjà le sentiment du devoir accompli avec un titre. »
GARBAJOSA : « ILS SONT D’UNE FROIDEUR INQUIÉTANTE »
Un avis partagé par Thomas Lièvremont, même si, pour l’ex-troisième-ligne de Biarritz, la défaite en finale de la Coupe d’Europe contre le Munster avait servi de source de motivation pour aller chercher le Brennus en 2006. « L’an dernier, les Toulonnais étaient arrivés en finale du Top 14 soulagés. Ils n’avaient pas la détermination que l’on a sentie cette saison. Cette volonté de réaliser le doublé, mais surtout cette volonté d’être les meilleurs, les plus forts et de marquer l’histoire de ce sport. » Toulon a donc mis tous les ingrédients pour réussir le doublé cette année.« Cette victoire face à Castres est dans la continuité de leur finale de Coupe d’Europe, estime Rémy Martin. Ils avaient la fraîcheur nécessaire pour faire le doublé. » Thomas Lièvremont confirme : « Ils ont progressé dans la préparation physique. L’an dernier, ils n’avaient pas anticipé de vivre une telle fin de saison. Ils ont rencontré des difficultés. Cette fois, ils n’ont rien laissé au hasard. Ils se sont dotés des outils adéquats en faisant appel à un préparateur physique supplémentaire et en utilisant la cryothérapie. Et ça a payé. Je me souviens qu’au coeur de l’hiver ils avaient été inexistants à Brive (10-23). Ils ont su reverdir au printemps. Ils ont bien géré leur saison. » Xavier Garbajosa a, lui, été impressionné par la maîtrise des Toulonnais. « J’ai rarement vu une équipe aussi puissante physiquement, stratégiquement et tactiquement. En phases finales, je n’ai jamais senti les Toulonnais douter. Ils sont d’une froideur inquiétante. Devant, ils savent agresser, fatiguer, piétiner leurs adversaires. Et derrière, ils enfoncent le clou avec des joueurs de talent. »
T. LIÈVREMONT : « LES MECS SONT ÉPANOUIS ET ÉQUILIBRÉS »
L’autre caractéristique qui impressionne les observateurs, c’est l’effectif du RCT. Un groupe de quarante joueurs composé notamment de six champions du monde (Wilkinson, Botha, Habana, J. Smith, Rossouw, Williams). « Des mecs comme Botha ou les frères Armitage ont une dimension exceptionnelle. À Biarritz, on était moins forts, reconnaît Thomas Lièvremont. On avait une belle machine de guerre, mais pas autant d’expérience internationale, pas autant de profondeur de banc. On avait grandi trop vite, on n’était pas prêts, contrairement à Toulon. »Pour Rémy Martin, « les joueurs français ont été obligés de se hisser au niveau de leurs partenaires ». Voilà comment Chiocci ou Bruni ont explosé et compensé sans problème les blessures de Sheridan ou Fernandez Lobbe. Mais pour Rémy Martin et Xavier Garbajosa, au-delà des CV, c’est aussi la force de caractère des « grands champions » qui a fait la différence.« Wilkinson est un leader comme l’était (Agustin) Pichot », lance Martin. « On pensait que certains mecs de plus de trente ans étaient venus chercher un dernier contrat juteux alors qu’ils avaient tout gagné chez eux, poursuit Garbajosa. Sauf que Botha ou Habana voulaient marquer l’histoire. Quand tu vois Botha se coucher à 23 h 30 le soir de la finale de la Coupe d’Europe, tu comprends que le travail n’était pas fini. Ils avaient programmé une disquette avec le mot “doublé”. Ils l’ont fait. Chapeau. Ce sont des monstres ! »
L’ancien Toulousain n’oublie pas le rôle essentiel joué par Boudjellal et Laporte : « En recrutant plusieurs satellites, Mourad Boudjellal a créé une station spatiale. Et Bernard Laporte en trouvant les bons mots, a joué parfaitement son rôle de pilote. » « On sent aussi que le groupe vit bien, remarque Thomas Lièvremont. Ils se connaissent depuis longtemps. Les mecs sont épanouis et équilibrés. C’est un atout majeur, la base de la réussite. » Martin résume : « Toulon, c’est l’exemple à suivre ». Et Lièvremont de conclure : « Toulon, on aime ou on n’aime pas, mais on ne peut pas rester indifférent. »
Source: lequipe.fr
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