Le brouillard du petit matin est levé dans le Top 14. Il n’est plus possible de faire croire qu’on est fort quand on est juste parti vite. Entre Biarritz et Toulon, tous les deux invaincus il y a un mois, se sont entre temps glissés huit points et deux ou trois classes d’écart. Le RCT a marqué les esprits à Aguilera et cela commence par les âmes torturées des Biarrots. Ceux-ci espéraient mettre fin à une série de trois revers en Championnat afin de mieux attaquer la Coupe d’Europe samedi prochain. Les voilà maintenant contraints de prier pour que leur match à Londres, face aux Harlequins, leur mette du baume au coeur en vue du Top 14… «Il faut qu’on se retrouve, c’est une période compliquée, concède Damien Traille. J’espère que la Coupe d’Europe va nous permettre de nous relancer.»

Les Biarrots ont perdu le moral en même temps que l’esprit d’équipe, Traille regrettant que le BO n’ait «pas joué en équipe en deuxième mi-temps.» La défense imperméable des Varois a fait déjouer un groupe qui était privé de Dimitri Yachvili, tentait de relancer le Néo-Zélandais Matt Berquist et dont le pack, dominé, n’aidait pas Yann Lesgourgues à la mêlée. Car cette fois, contrairement à la semaine précédente à Toulouse (défaite 32-9), Bernard Laporte n’avait pas convié l’équipe A’, B ou B’. Le gros pack était de sortie et il aurait pu conduire à un premier essai dès la huitième minute si Van Niekerk n’avait pas raté la dernière passe à Masoe. Celui-ci est arrivé une grosse dizaine de minutes plus tard (19e, 6-10) sur une touche au milieu de terrain avec système court de Wilkinson pour Giteau combinant avec Smith, puis Steffon Armitage partant dans l’en-but. Du grand art.

Capacité à faire le dos rond, comme ils l’ont montré en résistant à des Biarrots qui sont restés campés à cinquante centimètres de la ligne peu avant la mi-temps (35e), puis vitesse et précision dans la sortie et l’enchaînement : Toulon a une qualité de jeu rare tôt dans la saison. «On essaye d’être le plus juste possible, a confirmé Maxime Mermoz sur Canal+. Même si on se fait transpercer, on rattrape les coups. Et on sait aussi scorer. Quand on voit le pack qu’on a, avec des piliers mobiles et costauds, on est entraîné par eux.» Les noirs et rouges ont même arraché le point du bonus offensif en inscrivant deux essais aux 76e et 79e minutes, par Martin et Giteau. Cette cinquième victoire en six déplacements, qui «valide le bon début de saison» apprécie Mermoz, montre en tout cas qu’ils sont prêts pour l’Europe. Montpellier, qui ira à Mayol dimanche prochain, peut trembler.

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