Toulon en costaud (Masculin.com)
Toulon en costaud (Masculin.com)
Le samedi 27 mars 2010 à 9:45 par David Demri
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En déplacement à Bourgoin en match avancé de la 23e journée du Top 14, Toulon a tenu son rang en s’imposant (13-9) au terme d’un match basé sur sa solidité defensive, notamment grâce au pied de Contepomi. Ce succès, précieux, assure quasiment définitivement les joueurs du RCT d’une place de barragiste en fin de saison, au pire… Car les Varois sont co-leaders du championnat au terme de cette rencontre.
Et Pierre-Rajon s’est mis à gronder… Sur une action de jeu hors-du-commun, ou une décision contraire de M. Berdos ? Non pas. Mais alors que les joueurs viennent de rentrer aux vestiaires sur un score de 9 à 7 en faveur des Isérois, le ciel se fend d’éclairs impressionnants, accompagnés d’un tonnerre plus que menaçant, à tel point que le trio arbitral s’accorde cinq minutes de réflexion supplémentaire quant à la tenue de la seconde période.
Celle-ci aura bien eu lieu, et aura confirmé deux tendances concernant les deux formations : Bourgoin mérite bien sa place au sein de ce Top 14, et Toulon est plus que solide, s’affirmant de plus en plus comme un candidat crédible au titre de champion. Car il ne faut pas s’y tromper : malgré sa modeste dixième place au classement, beaucoup d’équipes se seraient cassés les dents sur cette envie berjallienne-là. Si Boyet avait été plus en réussite, si quelques fautes de main n’avaient pas anéanti les nombreuses velléités offensives des hommes d’Eric Catinot, Toulon serait tombé dans le piège tendu à Pierre-Rajon, où le public aura joué son rôle de seizième homme jusqu’au bout.
Mais la force de Toulon, lorsqu’il n’est pas maître du jeu, est avant tout de savoir détruire systématiquement celui de son adversaire. Cette victoire a en effet été une fois de plus construite sur une défense de fer et une rigueur tactique toujours aussi affinée. C’est ainsi que le RCT ne s’affole que très rarement, même lorsque qu’il se retrouve rapidement mené 6-0 par deux pénalités de Boyet et réduit à quatorze à la suite de l’exclusion temporaire de Kefu. Toulon laisse passer l’orage (rugbystique, s’entend), et fait preuve d’un réalisme hors-norme en convertissant en essai pratiquement sur sa première incursion dans les 22 mètres isérois. A la baguette, Felipe Contepomi, qui franchit le rideau défensif adverse pour faire vivre le ballon derrière une mêlée avant d’aller aplatir entre les poteaux. L’Argentin transforme lui-même, Toulon mène alors 7-6 (23e).
L’orage fait rage
Bourgoin ne baisse pas les bras et tente de repartir à l’assaut de la défense varoise, le combat fait rage devant où les « gros » locaux rivalisent avec la référence toulonnaise, à l’image de cette action peu avant la pause, où la mêlée berjallienne enfonce son homologue pour offrir à Boyet, face aux poteaux, le soin de refaire passer le CSBJ devant à mi-temps.
La seconde période reprend donc dans des conditions dantesques, avec une pelouse détrempée et de l’électricité dans l’air. Sur le terrain, Toulon semble enfin enclin à prendre le jeu à son compte, mais ne parvient pas à franchir la ligne d’en-but. C’est donc de nouveau le pied de Contepomi, qui avait fait si mal aux Bleus lors du match d’ouverture de la Coupe de monde 2007, qui fait la différence. Par deux fois, l’ouvreur préféréà Wilkinson passe ses pénalités, portant le score à 14-9 en faveur des siens, ce après seulement 55 minutes de jeu.
Loin d’être abattus, les joueurs locaux, poussés par un public bien décidéà fêter une victoire pour ce dernier match dans l’enceinte iséroise, vont s’approprier le ballon jusqu’à la fin du match. Sous l’impulsion d’un Labrit énorme, les Berjalliens multiplient les tentatives de percées, remontant sans cesse les longs ballons balancés au pied par l’arrière-garde varoise. Le public pense même assister à un essai de Coetzee mais l’ailier sud-africain met le pied sur la ligne de touche. Dans les ultimes instants de la partie, les Berjalliens poussent tant et plus, mais le pick-and-go local et autres départs au ras n’y font rien, Mignoni tape en touche quatre minutes après la sirène pour entériner le succès varois.
Bourgoin-Toulon, objectifs opposés
Un scénario cruel et rageant pour Bourgoin, mais finalement prévisible, tant la défense toulonnaise s’érige en modèle de notre championnat. Une arme que Yann Labrit définira au micro de Canal + Sport comme la « différence entre les grosses équipes comme Toulon et Bourgoin. » Le deuxième ligne, déçu d’avoir laissé passer l’occasion d’assurer le maintien à l’occasion de ce dernier match disputéà Pierre-Rajon, la dernière « réception » de la saison ayant lieu à Lyon face au Stade Toulousain, mesure le chemin qu’il reste à parcourir pour le CSBJ: « C’était le match à ne pas perdre. Il faudra maintenant aller chercher des points à Brive et battre Toulouse à Gerland. Ce point de bonus défensif, ce n’était pas notre objectif. » Il pourrait cependant avoir son importance au moment de faire les comptes en fin de saison.
La lutte pour le maintien, Toulon l’a connue l’an passé. Un an après, c’est un tout autre objectif que visent Philippe Saint-André et ses hommes : rien de moins que le titre de champion de France. Déjà assuré, à moins d’un cataclysme, d’une place de barragiste, le RCT semble taillé pour les matches au couteau, sortant souvent vainqueurs de rencontres piègeuses comme celle de vendredi soir. Cela tombe bien : c’est exactement ce qui l’attend au cours de la phase finale.
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