C’est d’abord une gueule. Un visage sculpté par les contacts et les impacts au milieu des regroupements. C’est aussi une carrure (1m98, 116kg), des épaules massives prêtes à soulever les obstacles les plus résistants. Kris Chesney en impose.

Ce soir, la puissance du 2e ligne anglais sera encore un argument de poids quand le RC Toulonnais devra non seulement s’opposer aux offensives acérées des Saracens mais aussi déboulonner l’adversaire dans son propre camp. Il y aura des percées et des charges intenses, tout à l’heure, à Vicarage Road, une enceinte où Chesney a passé la majeure partie de sa carrière (de 1995 à 2009, période seulement entrecoupée d’un bref passage à Bristol en 1997-1998).

Aussi, le retour à Watford avec le RCT, dans la banlieue nord-ouest de la capitale anglaise, prend une dimension particulière pour ce Londonien pur jus. Mais l’intéressé ne laisse rien transparaître ces jours-ci. Aubin Hueber, l’entraîneur des lignes avants à Toulon, raconte: « On a beaucoup parlé de ce match avec lui, mais on a surtout évoqué l’ambiance du stade et les particularités tactiques propres à son ancienne équipe. Il n’est jamais allé plus loin. Il n’a pas véritablement fait part de son ressenti personnel. »

L’homme est ainsi. Peu expansif. Il sera toujours plus à son aise au coeur du jeu, même si son début de parcours à Toulon a suscité des interrogations. « Comme beaucoup de joueurs débarquant dans un nouveau club, il a connu quelques difficultés pour commencer, confirme Hueber. De plus, cet été, c’est la première fois qu’il quittait sa ville pour évoluer à l’étranger. À 35 ans, c’est son premier vrai changement dans sa vie. Il lui a donc fallu un petit moment d’adaptation, c’est normal. »

Hueber : « Un véritable professionnel »

Depuis cet automne, en revanche, Chesney ne cesse de s’affirmer dans les rangs varois. « C’est un véritable professionnel, apprécie encore son coach. Il n’est pas venu chez nous pour finir paisiblement sa carrière sur la Côte d’Azur, et ce, conformément à notre politique de recrutement concernant les trentenaires. Kris amène toute son expérience à notre paquet d’avants. C’est un guerrier, un combattant, notamment dans la conquête en touche. »

Le géant anglais a tellement pris le dessus que le président Mourad Boudjellal a prévu de lui proposer une prolongation de contrat. Pour l’heure, Chesney et le RCT vont d’abord s’employer à prolonger leur aventure en Challenge Européen jusqu’en quart de finale au moins. Ils pourraient s’en approcher en cas de performance à Vicarage Road. Une victoire serait même décisive sans même attendre la venue de Castres la semaine prochaine, en clôture de la phase de poule.

« C’est un 8e de finale en quelque sorte , note Hueber. Or, notre effectif est décimé par les blessures (Mignoni, Fernandez Lobbe, Lamont, Skeate), alors que les Saracens n’ont plus joué depuis le 2 janvier et ils sont donc beaucoup plus frais. » Avec un Chesney dans le moteur, le RCT peut cependant rééquilibrer les forces.