Analyse : après la 1ère journée des matches retour et la domination du trio infernal Toulon, Clermont et Toulouse.

C’est ce qu’on appelle une tendance lourde, épuisante même pour le reste du Top 14. Elle était annoncée avant même le coup d’envoi de la saison, et la première journée des matches retour l’a confirmée de manière spectaculaire : dans ce championnat de France, il y a Toulon, Clermont, Toulouse et puis les autres. Et il est difficile d’imaginer que le Bouclier de Brennus puisse échapper à l’un de ces trois monstres.

« Quand on voit la manière dont les Toulonnais ont fini par faire céder les Perpignanais, le niveau de jeu qu’ont pu atteindre les Clermontois en Coupe d’Europe, ou encore la réaction des Toulousains à Castres, je ne vois pas comment une autre équipe pourrait s’imposer dans la bataille finale », estime Jacques Delmas, l’ancien entraîneur du BO et de l’USAP.

« Derrière ces trois-là, Castres a montré ses limites et même si Montpellier possède une marge de progression, son effectif et son arsenal n’ont pas la même richesse », juge Thomas Lombard, l’ancien ailier du Stade Français.

D’autant qu’il faudra que cet hypothétique outsider enchaîne barrage, demi-finale et finale, car les deux billets pour un accès direct au dernier carré semblent déjà réservés. Toulon qui jouera sept fois à domicile lors des douze prochaines journées, a posé sa grosse pogne sur le premier. Clermont qui aura l’avantage de recevoir Toulouse et compte trois longueurs d’avance sur le tenant du titre, a pris une option sur le second.

Au sein de ce trio, les Toulousains apparaissent aujourd’hui comme les plus vulnérables. Ça ne sera pas forcément le cas dans cinq mois. Ainsi que le rappelait Mourad Boudjellal, le président de Toulon, « il leur arrive de traverser des périodes où ils jouent moins bien mais on sait aussi qu’ils deviennent très compliqués à battre dès qu’arrive le printemps. » D’autant que les Haut-Garonnais, mal engagés en Coupe d’Europe, devront peut-être reporter toutes leurs ambitions sur le championnat.

Est-ce à dire qu’il n’y a plus rien à espérer pour le reste des pensionnaires du Top 14 ? Non. Castres et Montpellier, qui possèdent un fond de jeu riche et des joueurs de talent, sont d’évidents candidats aux barrages. Ce qui laisserait donc une place, la sixième, aujourd’hui occupée par Grenoble.

Dimanche, les Isérois ont semblé marquer le pas. Le maintien plus que l’Europe constitue l’objectif de leur saison. Qui représente la plus grosse menace pour eux ? De Biarritz (7e) au Stade Français (10e), ils sont quatre à briguer une place européenne. « Perpignan possède des arguments. Il l’a montré contre Toulouse, et en première mi-temps face à Toulon », estime Delmas.

Au final, il est peu probable que cette édition réserve le même suspense que l’an passé, où le verdict était tombé lors de l’avant-dernière journée. Sauf effondrement bayonnais, la lutte pour le maintien se jouera entre Agen et Bordeaux-Bègles. Elle basculera sur des riens, sur un point de bonus grappillé ou égaré, sur le refus de céder à la sinistrose. Quant à Mont-de-Marsan, le temps risque de lui paraître long jusqu’au 4 mai : quatre mois dans le couloir des condamnés.

Source: sudouest.fr