Thomas Pesquet : « Des centaines d’heures de travail, des soirées et journées à répéter encore et encore, comme un bébé »

Thomas Pesquet : « Des centaines d’heures de travail, des soirées et journées à répéter encore et encore, comme un bébé »

Le jeudi 17 avril 2025 à 10:33 par David Demri

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L’astronaute français Thomas Pesquet s’est longuement confié via Midi Olympique.

Grand supporter du Stade-Toulousain, Thomas Pesquet est revenu sur son incroyable parcours.

Il explique avoir énormément travaillé pour en arriver-là.

Il raconte. Extrait:

« Tout est allé tellement vite, en fait, que je ne réalise pas vraiment encore. On est constamment occupé, avec tellement de choses à faire, de travail chaque jour, apprendre le russe, toutes ces tâches. On pourrait penser : « Ah, il parle russe ! », mais moi je sais que cela représente des centaines d’heures de travail, des soirées et journées à répéter encore et encore, comme un bébé qui apprend à parler. C’est vraiment énormément de travail. C’est vrai qu’on vit dans une époque où tout semble immédiat, avec les réseaux sociaux, Internet. On clique sur un bouton et, hop, Amazon livre demain. Mais la réalité est bien plus lente que ça, bien plus longue.

Je parle toujours de ma période entre 2009, quand j’ai été recruté, et fin 2016, ma première mission. Cela fait 7 ans de travail, 7 ans de préparation où, dans l’esprit des gens, il ne se passe rien. Pas de mission, pas d’événement spectaculaire, mais pour moi, c’était 7 ans de travail quotidien, 8, 10, 12 heures de boulot chaque jour. Ces années-là, c’était une vraie occupation, mais en même temps, 10 ans passent assez vite. Je me surprends à parler déjà comme un ancien, mais c’est normal. Il y a maintenant une nouvelle génération qui arrive et nous, on se retrouve dans un rôle de transmission. Cela arrive plus vite qu’on ne le pense. »

Il avoue que ses partages sur les réseaux sociaux ont boosté l’intérêt des Français pour le secteur du spatial. Extrait:

« C’est incroyable, au départ, il n’y avait pas vraiment d’intérêt. Je me souviens qu’avant ma première mission, je faisais le tour avec mon bâton de pèlerin pour expliquer le rôle d’un astronaute et décrire la station spatiale. Les questions étaient toujours les mêmes, et cet univers était abstrait pour les gens depuis l’époque d’Apollo. Alors, j’ai partagé mes expériences et mon quotidien à travers les réseaux sociaux. Les jeunes ont réagi, ils se sont intéressés, et ils en redemandaient. Je suis vraiment heureux d’avoir pu contribuer à rendre l’espace plus accessible à tous et d’avoir pu inspirer les jeunes à travailler dur à l’école, pour qu’un jour, peut-être, eux aussi puissent aller dans l’espace.

C’est assez fou. Pendant la mission, je ne voyais pas forcément les retours immédiats. J’envoyais mes photos, et parfois, quand je parlais au téléphone à ma compagne ou à d’autres, ils me disaient : « Les gens adorent les photos ». Je trouvais ça bien, mais je n’imaginais pas que ça aurait un tel impact. Puis, à mon retour, les gens me parlaient dans la rue, me saluaient, « Salut Thomas, comment ça va ? ». J’avais l’impression de faire partie de la famille de tout le monde. C’était rigolo. Les gens me parlaient comme si j’étais le cousin qu’on voit de temps en temps. C’était chouette. »

Pour conclure, il évoque les prochaines missions pour les années à venir. Extrait:

« Les programmes spatiaux sont souvent le fruit de coopération entre pays qui n’ont pas toujours été amis. La Station spatiale internationale, par exemple, est le fruit d’une collaboration entre Européens, Japonais, Américains, Canadiens, Russes, des pays qui se sont entretués durant la Seconde guerre mondiale mais qui après la guerre ont réussi à travailler ensemble. Aujourd’hui, les choses sont devenues plus compliquées, notamment avec la Russie, mais aussi avec les États-Unis. Il y a de grandes incertitudes. Cepedant le programme Artemis de la NASA, qui vise à retourner sur la Lune, semble solide et prévoit des coopérations internationales. Bien sûr, la Russie n’en fait plus partie pour des raisons évidentes, mais il y a toujours la coopération avec les autres pays donc nous y croyons.

Avant 2030, l’objectif est de poser à nouveau des équipages sur la Lune, mais ce qui est vraiment important, c’est de ne pas répéter ce qu’on a fait dans les années 60 : une course pour être le premier, planter un drapeau, et repartir. Au final, cela ne sert pas à grand-chose, sauf à afficher sa supériorité au monde entier. Nous, ce qu’on veut, c’est faire ce qu’on a fait avec la Station spatiale, c’est-à-dire une véritable exploration de la Lune. L’idée est de créer une base au pôle Sud de la Lune, là où il y a des ressources, notamment de l’eau, ce qui est crucial pour la vie. Une présence permanente humaine sur la Lune pourrait servir de tremplin pour aller plus loin, vers Mars, dans une démarche plus durable et à long terme, pas juste pour y planter un drapeau ! »

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