Thomas Castaignède doute de certains choix effectués par le staff du XV de France !
Thomas Castaignède doute de certains choix effectués par le staff du XV de France !
Le mardi 22 août 2023 à 0:57 par David Demri
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L’ancien international Français Thomas Castaignède s’est confié via Midi Olympique.
Questionné sur la blessure contractée par Romain Ntamack, ce-dernier se pose véritablement la question de la nécessité de jouer quatre matches de préparation pour le Mondial. Extrait:
« Déjà, il y a une véritable question à se poser autour de ces matchs de préparation, avant les Coupes du monde. Les joueurs sont confrontés à de fortes adversités, une grosse intensité alors qu’ils sont au milieu d’une préparation physique très dure. C’est une accumulation de facteurs qui peuvent rendre ces rencontres très dangereuses sur le plan des blessures. L’intensité des efforts fournis depuis plus d’un mois amène de la fragilité. »
Il n’est pas pour ce nombre de matches important. Extrait:
« Le problème, c’est aussi que vous opposez deux équipes qui sont parfois à des niveaux de préparation différents, avec des programmations qui ne sont pas les mêmes. Sans faire injure aux Écossais, je ne crois pas qu’ils nourrissent les mêmes ambitions que nous dans cette Coupe du monde. Ils doivent chercher à être prêts très tôt, avec pour première ambition de sortir des poules. On peut penser que ce n’est pas la même chose pour le XV de France, qui a l’ambition d’être champion du monde et qui doit avoir ciblé la fin de la compétition pour construire sa préparation physique.
On voit aussi que ces deux blessures ont touché Romain Ntamack et Cyril Baille, deux joueurs qui ont vécu une saison bien remplie et jusqu’en finale, fin juin. On voit également que ce sont deux joueurs qui ont autour de 25 ans ou plus (24 ans pour Ntamack, 29 ans pour Baille, N.D.L.R.). Ce sont des âges où « l’amie blessure » (sic) commence généralement à se rappeler à vous. Cette force que vous aviez quand vous étiez plus jeune commence à être usée par l’intensité des chocs et leur répétition, depuis plusieurs années. Il y a un peu de fragilité qui apparaît. »
Il se pose également la question concernant les choix de remplacement de Romain Ntamack. Extrait:
« Quand j’entends parler Fabien Galthié, il met souvent en avant la planification, que tout est prévu et anticipé. Je ne sais pas, c’est assez surprenant… J’imagine qu’ils avaient sûrement anticipé des blessures à des postes clés, comme cela vient d’arriver. Malgré tout, il persiste toujours quelques aléas. Maintenant que Romain est blessé, il y a plusieurs candidats à sa succession et il paraît assez dur de discerner qui sera l’élu. Déjà, votre question : veut-on jouer de la même façon ou veut-on adapter notre plan de jeu ?
Ce sera très dur de remplacer Romain poste pour poste, profil pour profil. Il a un flegme très britannique, je dirais un mélange de Owen Farrell et Beauden Barrett. Il est à la fois très serein, fort pour garder ses nerfs dans les moments chauds, sans jamais laisser transparaître d’émotions positives ou négatives sur son visage. Mais il a aussi un coup de reins flamboyant, il est agressif sur la ligne d’avantage. Toutes ces choses font qu’il appartient à la caste des grands joueurs. Un grand joueur, ça ne se remplace pas facilement.
Chez ses concurrents directs, on trouve d’autres profils. Des joueurs qui ont justement ce coup de reins incroyable, cette capacité à provoquer et attaquer la ligne d’avantage. C’est toujours spectaculaire et intéressant pour le public, mais je trouve qu’il y a moins de maîtrise sur le jeu. »
Thomas Castaignèe hésite forcément entre Matthieu Jalibert, Antoine Hastoy et Thomas Ramos. Extrait:
« C’est vrai pour Jalibert mais aussi, un peu, pour Antoine Hastoy, même si son jeu a évolué depuis ses années à Pau. Il est moins provocateur, plus en contrôle, il a aussi appris à faire jouer autour de lui et à se faire oublier. Ce qui différencie le Hastoy de Pau de celui de La Rochelle, c’est aussi qu’il était l’élément central dans son ancien club, alors qu’il n’est désormais plus « que » un élément important parmi d’autres sous les couleurs rochelaises. Cette répartition des responsabilités lui a permis d’évoluer, de gagner en maîtrise sur le jeu, en n’étant plus seulement un premier attaquant agressif sur la ligne d’avantage.
Il y en a un qui peut tout chambouler, c’est Thomas Ramos.
Pour moi, c’est un des joueurs les plus talentueux que le rugby français a connu depuis longtemps. Quand je discutais de lui avec Didier Lacroix, je lui disais qu’il devait le signer pour une multitude d’années. Il apporte toujours un plus, au-delà du fait qu’il peut évoluer à beaucoup de postes. C’est un mec de caractère, qui impose un ascendant psychologique à ses coéquipiers et à ses adversaires. Ce caractère lui a parfois joué des tours, mais il sait débloquer des situations et donner de la confiance autour de lui. Il a aussi un très bon jeu au pied. Pour moi, Ramos pourrait être une réponse dans un match où il faudrait un ouvreur plus passeur et capable de gérer au pied…
Il a joué de grands matchs et il a fait gagner de grands matchs au poste d’ouvreur. En tout cas, il y a clairement contribué. Ne pas se tromper : une finale commence toujours devant. Mais ensuite, Thomas avait apporté les deux fois des solutions à son équipe. Il avait débloqué des situations et fait mieux que répondre aux attentes. »
Il ne cache pas adorer ce joueur. Extrait:
« Je l’ai toujours adoré. Thomas a une intelligence, une force intérieure remarquable. Aujourd’hui, il est peut-être l’élément le plus important du Stade toulousain. Et il a un parcours particulier. À chaque étape, il a dû faire ses preuves. Rien ne lui a été offert. Il a accepté de repasser par le Pro D2 avant de se faire une place en Top 14. En club, on a récemment recruté Melvyn Jaminet et Ange Capuozzo à son poste. Il est toujours sorti plus fort de ces épreuves. Son histoire avec l’équipe de France ressemble à sa carrière. Je ne suis pas dans le secret des dieux, mais il me semble qu’il lui a fallu du temps et de l’acharnement pour prouver, pour faire sa place. Il n’y a rien de simple dans son parcours mais il franchit toujours les étapes. Ça forge un grand caractère. Avec des mecs comme ça, tu peux voyager. Une dernière chose…
Quand des joueurs se connaissent, ils savent intuitivement comment l’autre va réagir et vous gagnez des dixièmes de secondes qui valent de l’or, à haut niveau. Il y avait cette connexion entre Dupont et Ntamack, elle existe aussi entre Dupont et Ramos. Il ne faut pas négliger ce point. C’est un sacré avantage. »
Selon lui, Matthieu Jalibert s’exprime moins bien à l’ouverture avec les Bleus qu’avec l’UBB. Extrait:
« Je n’ai rien contre Jalibert. C’est un super numéro 10, un attaquant racé, très plaisant à voir jouer. Mais j’ai l’impression que cet ADN s’exprime moins bien dans le cadre de jeu du XV de France. Alors qu’on le sait capable de faire de grandes différences, on le sent sur la retenue quand il joue avec les Bleus. Il exploite moins bien ses points forts, c’est dommage. »
Une chose est sûre : faire basculer Antoine Dupont à l’ouverture serait une bêtise. Extrait:
« Pour moi, ce serait une erreur. On l’a d’ailleurs vu en demi-finale de Champions Cup, face au Leinster. Antoine serait très bon en 10, pas de problème, il sait tout faire. Mais quand vous avez le meilleur joueur du monde, vous voulez qu’il touche le plus de ballons possible, parce que c’est ainsi qu’il influe le plus sur le match. Et c’est à la mêlée qu’il en touche le plus. Même quand il se contente d’un rôle de passeur, il crée des espaces pour les autres parce que les défenseurs se focalisent sur lui dès qu’il met les mains sur le ballon. Il faut donc qu’il en touche un maximum. Je ne comprendrais pas l’intérêt de se priver d’un tel avantage. »
Pour conclure, il explique à quel point il est dur pour Romain Ntamack de se blesser au pire moment. Extrait:
« C’est un moment très dur dans la carrière d’un joueur. En 1999, quand Philippe Carbonneau a dû déclarer forfait, j’ai été marqué par la douleur qui se lisait sur son visage. Je me souviendrai toujours de cette image. J’ai aussi vécu cela, quelques semaines plus tard. C’est très dur, oui. Ça laisse des regrets. Romain dit qu’il reviendra et je n’ai aucun doute, il reviendra. Mais cela restera malgré tout une profonde blessure. Quand tu fais le bilan de ta carrière, à la fin, tu te dis : « Merde, il y a eu de beaux moments mais j’ai manqué un truc important. » C’est terrible pour Romain, parce qu’il méritait de jouer cette Coupe du monde. Il avait fait tout ce qu’il fallait pour se présenter à cette compétition en pleine maîtrise de son rugby. Ces dernières années, je trouve qu’il avait acquis beaucoup de maturité.
La force de cette équipe, ce qu’elle a toujours voulu démontrer et qu’elle réussit admirablement bien, c’est d’arriver à changer les joueurs en gardant un rendement élevé. Cela reste vrai. Quand un titulaire se blesse, son remplaçant est à 95 % ou 97 % de la même efficacité et ce sera toujours vrai. Malgré tout, la perte de Romain Ntamack reste un moment important sur le chemin de cette Coupe du monde. Et même si l’équipe de France ne baisse pas son niveau, je constate que les autres nations se rapprochent. À l’approche de la compétition, je trouve que les écarts se resserrent. Rien ne sera simple. »
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