Souvent critiqué pour ses prestations en demi-teinte et sa tenue en mêlée approximative, le pilier droit du Rugby Club Toulonnais, Emerick Setiano connait un renouveau depuis plusieurs mois déjà.

Auteur de très belles prestations depuis le début de la saison, le joueur Varois a retrouvé le plaisir de jouer.

Interrogé via Var-matin, le pilier Toulonnais explique prendre beaucoup de plaisir depuis 10 mois très exactement. Extrait:

« Ça fait dix mois que je me régale. Peut-être qu’auparavant, j’avais un peu perdu ça. Quand je me pointe le matin au club, je suis le plus heureux. Le jour du match, je suis excité à l’idée de jouer. Et quand je suis remplaçant, je n’attends qu’un seul truc: que le coach se tourne vers moi et me dise d’entrer. »

Celui qui compte 6 sélections avec le XV de France est revenu sur les difficultés qu’il a rencontré les dernières saisons. Extrait:

« On fait tous des mauvais matches. Et petit à petit, tu peux entrer dans un cercle négatif. Rugbystiquement, tu n’arrives pas à reprendre le dessus et forcément, ça te plombe le moral. Je pense sincèrement que la tête guide les performances sportives. J’ai tout remis à zéro et je me sens bien. »

Il avoue avoir traversé des périodes compliquées. Extrait:

« Ces périodes ne sont pas les plus marrantes à vivre. C’est hyper bateau mais dans ces cas-là, tu prends ton mal en patience. Personnellement, je me répète que le travail va finir par payer. Qu’il ne faut jamais lâcher. Et qu’à un moment, ça tournera. Aujourd’hui, j’arrive à mieux écouter mon corps. Avant, j’étais à 1.000% tout le temps. J’ai pu arriver mort à des matches. Et là, tu te blesses plus vite.

Ce n’est pas évident à comprendre mais quand tu reviens, il faut reprendre confiance pour avancer. J’ai pu avoir du mal à me dire que la blessure était derrière et que si j’étais sur le terrain, c’est que ça allait. Quand tu penses comme ça, tu es en demi-teinte. Et à Toulon, tu ne peux pas l’être. »

En 2019, Emerick Setiano était régulièrement appelé en équipe de France. Il se souvient de la chance qu’il avait. Extrait:

« Je pense qu’à ce moment-là, je ne me rendais pas vraiment compte de la chance que j’avais de jouer. C’est venu après, avec le recul. C’est en étant de l’autre côté que j’ai compris. Quand tu es en tribunes et que tu regardes les mecs jouer. Là, tu te dis que ce que tu aimes se passe sans toi. Et que même sans toi, les mecs performent. Tu te sens comme un con. C’est ce qui m’a poussé à devenir ce que je suis aujourd’hui. »

Il évoque ensuite son rôle de remplaçant, lui qui démarre très rarement les rencontres. Extrait:

« J’ai souvent démarré sur le banc. C’est la réalité. De cette position, tu ressens le match. Tu sais quand il va falloir accélérer, quel mec va avoir besoin d’une parole positive, etc. Quand tu entres et que tu vois les gars un peu crevés, tu sais qu’ils ont besoin d’un gros plaquage, de te voir porter un ballon et avancer, de pousser dans un maul. Tu as juste à remplir ça. Il n’y a rien de plus simple. C’est ton boulot.

Peu importe ma place, j’ai envie de faire partie de l’aventure que l’on est en train de construire. Que je sois titulaire, remplaçant ou blessé, je veux envoyer les bons signaux. »

Ce dimanche contre Sale, Emerick Setiano débutera la rencontre étant donné les indisponibilités de Kyle Sinckler et Beka Gigashvili.