La cigale qui a chanté sans discontinuité depuis cet été se retrouvera-t-elle dépourvue quand le sprint sera venu ?
C’est la crainte d’une partie des supporters toulonnais. Angoissé chronique partagée par Mourad Boudjellal. Battu pour la première fois en huit rencontres de Top 14 au stade Vélodrome, le double champion de France et d’Europe est brutalement redescendu de son piédestal. Submergé au cours de la seconde période par une déferlante toulousaine, le RCT est tombé de très haut. Vexé, le président varois a pris la décision de rendre le bouclier de Brennus avant l’heure.

« Aujourd’hui, le RCT n’a plus aucune légitimité, tempêtait-il. Toulon n’est plus champion de France. Je vais rendre le Bouclier à la Ligue car j’estime qu’on ne le mérite plus. Si les joueurs veulent le récupérer, c’est leur problème. Maintenant, les gens vont savoir dans les mois qui viennent, si Toulon a été champion de France et d’Europe parce que j’avais fait signer un blond (en référence à Jonny Wilkinson, N.D.L.R) ou si c’était grâce à tous ces mecs-là… Le RCT n’est pas infiniment supérieur à Clermont, Toulouse, Montpellier, le Racing et le Stade français. Si, aujourd’hui, nous voulons les battre, l’équipe doit être au complet, passer ses pénalités et enfin avoir un peu de chance ». Un aveu de faiblesse ?

RENDEZ-VOUS DIMANCHE À 8 HEURES !

De manière incompréhensible, les Varois se sont totalement effondrés lors du second acte alors qu’ils dominaient de la tête et des épaules. À l’image de son piranha fidjien Tuisova écartant Médard d’un raffut autoritaire, Toulon dégagea une impression de puissance au cours d’une première mi-temps de haute facture. Puissants, efficaces, intransigeants, les hommes de Laporte avaient eu la main lourde pour des Toulousains dépassés. Au bout de 33 minutes de feu, ils menaient 18 à 0. On pensait alors assister à un cavalier seul. « Nous avions l’impression d’être au-dessus du lot mais aussi de ne pas marquer quand il le fallait, confiait Mermoz. L’équipe s’est par la suite complètement endormie ».

Le RCT a tout gâché en encaissant un 27-6 en deuxième période. Laporte peut pardonner l’échec mais il a horreur des comportements condescendants et hautains. Or, après un début de rencontre en fanfare, certains de ses hommes se sont vus trop beaux. De quoi faire sortir le Kaiser de ses gonds, qui convoqua ses joueurs pour une séance vidéo supplémentaire hier dimanche, à 8 heures !

À l’instar d’Ali Williams, les varois, récidivistes, ont entendu parler du pays. Pendant une heure, Laporte a stigmatisé les manques de son équipe. Selon plusieurs joueurs, le manager a aussi lancé dès ce dimanche la préparation du quart de finale européen face aux Wasps, demandant à ses hommes de prendre leurs responsabilités…

Après avoir tout emporté sur son passage, le RCT s’était déjà endormi sur ses lauriers à Chaban-Delmas, encaissant un cinglant 19 à 3 en 40 minutes. Pensant s’être mis à l’abri à la pause, ils ont tendance à couper leur effort. À l’exception de Brive, Toulon a perdu toutes ses secondes mi-temps sur la phase retour. Plus inquiétant, face aux membres du « Big 5 » (Paris, Clermont, Toulouse, Racing), cette tendance s’accentue. Hormis lors du match aller contre Toulouse, le RCT n’a jamais inscrit plus de points que ses adversaires déclarés au titre en deuxième mi-temps. Le signe d’une équipe vieillissante et repue de gloire ou d’un coup de mou passager ?

Une chose est sûre. Pour le moment, les Toulonnais ne tiennent plus la distance. Ils l’avaient d’ailleurs senti puisque samedi soir après le match, ils ont profité des bienfaits de la cryothérapie dans le camion de la Française des Jeux garé dans les entrailles du Vélodrome. Parfois, il n’y a pas mieux qu’un bon coup de froid pour se remettre les idées en place.

Source: Midi Olympique