Saturation du marché des joueurs pro : « Il est plus difficile de devenir rugbyman professionnel que chirurgien ! »

Saturation du marché des joueurs pro : « Il est plus difficile de devenir rugbyman professionnel que chirurgien ! »

Le jeudi 6 juin 2024 à 18:35 par David Demri

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Face aux défaillances de clubs et à la réduction de la masse salariale, le marché du rugby professionnel se durcit pour les joueurs de rugby, rendant l’autopromotion aussi cruciale que la performance sur le terrain.

Alors que les phases finales de Top 14 et Pro D2 approchent, les joueurs de Nationale sont déjà en vacances. Toutefois, un nombre significatif d’entre eux reste dans l’incertitude quant à leur avenir, dans un contexte économique jamais aussi précaire.

Inquiétudes croissantes pour les joueurs

Pour de nombreux joueurs, cette période est synonyme de stress et d’interrogations. « Derrière chaque joueur professionnel, il y a souvent une famille à considérer. Si, en avril ou mai, un joueur n’a toujours pas signé de contrat alors que son engagement se termine le 30 juin, la situation peut devenir très difficile à gérer », souligne Maxime Heinrich, agent sportif, via Le Progrès.

Les perspectives se sont considérablement réduites. En février dernier, le dépôt de bilan du club de Blagnac (Nationale) a laissé un groupe entier de joueurs professionnels sans emploi. La situation financière précaire de Hyères-Carqueiranne a également poussé certains joueurs à reconsidérer leur carrière. Les défaillances de clubs anglais, par ailleurs, ont introduit de nouveaux concurrents dans les championnats français, exacerbant encore la concurrence pour les places disponibles.

Resserrer le marché : Moins d’offres, plus de demandes

« Je préfère être réaliste : il est plus difficile de devenir rugbyman professionnel que chirurgien », affirme Benoît Branche, manager de l’équipe espoir d’Oyonnax Rugby et responsable du centre de formation. La compétition pour se démarquer est féroce. Avec l’émergence des réseaux sociaux, certains joueurs se tournent vers l’autopromotion pour attirer les recruteurs, souvent en contournant les agents sportifs.

Les clubs, sous pression budgétaire, préfèrent parfois économiser sur les commissions des agents, note Maxime Heinrich. C’est le cas de Robin Graulle, joueur de l’USBPA, qui, en fin de contrat, a collaboré avec Lou Raux, fondateur de TurnOver, pour créer une vidéo de ses meilleures actions.

« Mon projet vise à mettre en lumière des joueurs méconnus à travers des statistiques ou des “highlights” », explique Lou Raux. « C’est un CV vidéo, conçu pour offrir aux clubs une image concrète des compétences des joueurs. »

Les vidéos de présentation : Un passage obligé

« Certains joueurs ne maîtrisent pas ces outils, mais ils sont devenus indispensables. Les entraîneurs et managers demandent des avis, mais ils veulent aussi voir des supports vidéo », témoigne Julien, joueur de Nationale.

Benoît Branche d’Oyonnax Rugby reste sceptique quant à cette nouvelle méthode de recrutement. « Je préfère les approches classiques. Néanmoins, il est indéniable que dans le monde moderne, la communication aide les joueurs à se mettre en avant. »

Les jeunes joueurs du centre de formation d’Oyonnax sont préparés aux réalités du marché : ils apprennent à se présenter, à réaliser des clips vidéo, et à bien s’entourer. Par ailleurs, le syndicat des joueurs Provale intervient régulièrement pour discuter de la gestion de carrière, un aspect essentiel pour naviguer dans un marché de plus en plus compétitif.

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