Romain Taofifenua: « Il me fallait prendre un coup de pied aux fesses »
Romain Taofifenua: « Il me fallait prendre un coup de pied aux fesses »
Le vendredi 27 février 2015 à 11:24 par David Demri
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Interrogé dans les colonnes du Midi Olympique, le deuxième ligne Toulonnais Romain Taofifenua se confie a quelques heures du match face aux Gallois, comptant pour la troisième journée du Tournoi des Six-Nations.
Interview à lire ci-dessous:
Que vous inspire la composition de l’équipe du pays de Galles ?
Les Gallois ont placé Richard Hibbard (Gloucester) sur le banc de touche et titularisé Luke Charteris à la place de Jake Ball. C’est la preuve qu’ils veulent nous poser des problèmes dans l’alignement.
Combien mesurez-vous ?
Deux mètres et cent trente-cinq kilos.
Sautez-vous en touche ?
Cela n’a jamais été un problème. Et les lifters actuels sont solides. Mais si je saute moins que les autres samedis, je comprendrai…
La semaine dernière, Serge Blanco vous a demandé de « faire peur à vos adversaires ». Que lui avez-vous répondu ?
Bernard Laporte me le dit aussi souvent. Ils pensent que je devrais me servir de mon physique pour m’imposer davantage dans le jeu courant. Je le sais désormais.
Votre père, Willy Taofifenua, était un vrai dur sur le terrain. Quelle image avez-vous de ses matchs avec le FC Grenoble ? C’était un tueur. Avec mon petit frère Sébastien (pilier de l’Union Bordeaux- Bègles), nous nous installions en tribunes pour assister à chacun de ses matchs. Je n’ai jamais eu peur pour lui. Personne n’a jamais eu peur pour lui d’ailleurs. Mon père était respecté de tous dans le monde du rugby. J’aimerais faire pareil.
Que vous dit votre père sur votre carrière ?
Il n’est jamais blessant. Il est plutôt content de ce que je fais depuis une saison. Mais lui aussi me demande de m’intéresser davantage au jeu, de me mettre en danger balle en mains, de faire parler ma puissance, de me proposer plus à l’intérieur du numéro 10…
Vous avez beaucoup perdu de poids depuis votre arrivée à Toulon. Pourquoi ?
Je savais en signant à Toulon qu’il ne serait pas facile de me faire une place. Mais c’est aussi pour cela que je suis venu. À Perpignan, j’étais tombé dans une routine. Je savais que chaque week-end, je serai pris dans le groupe des vingt-trois et qu’il y avait de grandes chances que je commence la rencontre. Il me fallait prendre un coup de pied aux fesses.
Et votre poids, alors ?
Pour la première fois de ma carrière, j’ai réalisé à Toulon un vrai travail de préparation physique, aux côtés du prépa du club, l’Anglais Paul Stridgeon. Je débutais mes journées à 7 h 30 du matin. J’ai dû aussi faire une croix sur les féculents, mon péché mignon. Pendant trois mois, je n’ai plus touché ni aux pâtes, ni au riz, ni au pain. J’ai perdu douze kilos. Cela a changé mon jeu. Aujourd’hui, je me déplace beaucoup plus facilement sur un terrain.
Surveillez-vous encore votre ligne ?
J’ai repris les féculents mais je continue à faire attention. Comme tous les îliens, j’ai tendance à prendre du poids…
Votre physique impressionne beaucoup les Britanniques. Warren Gatland vous a comparé à « une montagne ». Avez-vous toujours eu cette morphologie ?
Oui. J’ai toujours été le plus grand, le plus lourd. On s’y fait…
Vous deviez traverser le terrain, à l’école de rugby, non ?
Même pas. Vous savez, j’étais un enfant assez fainéant. Il fallait me secouer.
Faut-il toujours vous secouer ?
Oui, probablement. Mon père le sait. Bernard Laporte et Serge Blanco aussi.
Êtes-vous quelqu’un de doux, de gentil dans la vie ?
Oui, je crois.
Qui sont vos modèles au poste de deuxième ligne ?
Brad Thorn et Bakkies Botha. Ils sont à la fois intelligents, redoutables sur les impacts et très bons dans le déplacement. Ce sont aussi deux vrais méchants, sur un terrain…
Oui, c’est vrai. Cela vous agace-t-il que l’on vous demande toutes les semaines d’être plus agressif ?
Oui, c’est fatigant. Vraiment. Je ne suis pas Bakkies Botha. Il a des qualités que je n’ai pas et inversement. Mais je sais aussi être agressif et si on m’en donne l’occasion, si on me fait confiance, je le prouverai !
Philippe Saint-André dit d’Uini Atonio qu’il ne pourrait supporter plus de quarante minutes de rugby international. Est-ce la même chose pour vous ?
Je ne sais pas. Je n’ai encore jamais été titularisé en équipe de France. Longtemps, je me suis bouffé la vie avec ce genre de questions : « Vais-je réussir à tenir ? Ai-je les capacités requises ? » C’était stressant. J’ai beaucoup bossé pour effacer ces doutes. Je suis prêt.
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