Ils en veulent donc encore. C’est préférable d’ailleurs : malgré un dernier quart de Top 14 traversé avec des statistiques de haut vol (19 points et 15 essais inscrits en six matches dont quatre à domicile), l’Union Bordeaux-Bègles n’est pas encore sauvée. Il « reste trois matches à gagner et dix journées à jouer. Si on commence à calculer, à se dire on va gagner contre lui ou lui… », prévient le manager Marc Delpoux. Et à plus court terme, l’effectif doit encore engranger pour atteindre l’objectif qu’il s’est fixé sur le bloc de quatre matches successifs de Top 14 en cours : 11 points. Après Clermont (10-17) et Lyon (33-10) et avant Toulon cet après-midi (14 heures) et Montpellier samedi prochain (14 h 15 à Bègles), il en reste 5. « C’est ambitieux : j’avais été moins optimiste, Vincent (Etcheto, entraîneur des arrières) était entre les deux », pointe le manager.

Mais puisqu’ils ont décidé de pratiquer ainsi depuis le début de saison, c’est avec l’envie d’exister que l’UBB entrera à Mayol « lieu prestigieux du rugby » dixit le troisième ligne Louis-Benoît Madaule qui, comme beaucoup de ses coéquipiers, va la découvrir. « Sans pression excessive mais avec la ferme volonté de ramener quelque chose, reprend Marc Delpoux. On sait très bien que la tâche sera a priori plus difficile là-bas, à Castres ou au Racing qu’à domicile… Mais on est allé avec cet état d’esprit à Bayonne et ça a marché. On l’avait fait aussi à Perpignan et cela n’a pas fonctionné. Si on arrivait à accrocher cette équipe-là, ce serait extraordinaire. Après si on ramasse 60 points comme au Stade Toulousain, on saura féliciter les Toulonnais, car on est lucide, ils sont supérieurs. »

« Aucune solution à l’aller »

Face à Bayonne (qui a joué 60 minutes à 14 après l’expulsion d’Huget) il y a quinze jours, le RCT, avec sa pléiade de stars non concernées par le doublon avec le Tournoi, s’est arrêté à 50 (50-10). Et possède dans son antre, en dehors de l’accroc de la deuxième journée contre Clermont (0-17), un rythme du troisième de Top 14 et quart de finaliste de Challenge Européen qu’il est : dix victoires toutes compétitions confondues dont sept bonifiées, 36 essais inscrits. Et la deuxième défense du championnat en prime. « C’est l’équipe, depuis le début de la saison, qui nous a mis le plus en difficulté. On n’a trouvé aucune solution au match aller (16-27) », ajoute le manager girondin, pointant une « évolution du style » avec le changement de patron sportif.

Depuis le lendemain de la victoire à Chaban-Delmas, Bernard Laporte est manager de Toulon. Et l’ancien demi-de-mêlée de Bègles et du Stade Bordelais, s’il a été imprécis en relativisant le statut de promu (« si un promu recrute 20 joueurs, est-ce que ça reste l’équipe qui est montée ? » – 1 – ), s’est montré très élogieux sur la formation unioniste en conférence de presse. « C’est simple : nous avons neuf succès, eux huit… Nous avons deux nuls et plus de bonus, ce qui explique l’écart (9 points, NDLR). Mais c’est l’une des équipes qui joue le plus, avec une très grosse troisième ligne et derrière des individualités comme Connor et Mailei qui font la différence. »

Défi physique

Le capitaine du CABBG champion de France 1991 ne reconnaîtra toutefois pas les têtes vues sur les deux dernières vidéos. Le staff girondin a choisi de renouveler son XV de départ en privilégiant les joueurs frais et morts de faim, intéressants en Challenge Européen (Denêtre, Ferrères, Ternisien, Madaule…) où ils ont pu se roder collectivement. Et avec une grande majorité de joueurs ayant activement contribué au bon début de saison. « On va voir si avec cette équipe-là on peut être capable de tenir pendant 80 minutes le défi physique qu’ils vont nous imposer, forts de leur semaine de repos, de leur fraîcheur mentale, ajoute Marc Delpoux. Ce sera excessivement compliqué mais on mettra toute l’énergie créée par nos dernières prestations. » « Les deux équipes vont s’engager très fort d’entrée. Qui que ce soit, on sait qu’on va avoir du lourd en face » répond lui Louis-Benoît Madaule, qui croisera notamment le deuxième ligne champion du monde 2007 Bakkies Botha titularisé pour la première fois. À lui seul, il résume l’ampleur du défi qui attend l’UBB.

Sud Ouest