Dans un entretien exclusif à «La Dépêche du Midi», le président du Stade évoque la convention passée entre la Ligue et la FFR qui le privera de ses meilleurs joueurs pendant la moitié du championnat. Il menace de saisir la justice française ou européenne.

René Bouscatel n’a pas attendu l’hiver pour tailler un nouveau costume aux «tartuffes et aux jocrisses» de la Ligue et de la FFR, ceux qu’il tenait pour responsables, en février 2014, de la défaite contre Montpellier et de la relégation provisoire de Toulouse dans le ventre mou du classement du Top 14. Cette saison, après deux victoires et deux défaites, le président du Stade s’agace déjà de la convention passée fin 2013 entre les instances nationales du rugby, et qui privera son équipe de six de ses meilleurs joueurs pendant la moitié du championnat pour cause de sélection en Equipe de France. «Un compétition devenue inéquitable et dévalorisée», considère Bouscatel, qui avertit la FFR et la Ligue. «Pour sortir de cette situation kafkaïenne, je ne vois que deux solutions : une Révolution, ou un arbitrage judiciaire sur lequel je ne m’interdis rien…».

Deux victoires à domicile, deux défaites à l’extérieur, comment sentez-vous la saison 2014/2015 ?

Elle a le parfum des précédentes. Avec beaucoup de travail et un peu de chance, nous pourrons aller au bout des compétitions dans lesquelles nous sommes engagés. Nous avons tiré les leçons de la saison dernière. Les déficits que nous avions identifiés sur le terrain ou dans le staff médical et de préparation ont été corrigés par des recrutements ciblés. En théorie, nous avons les moyens de nos ambitions, mais en théorie seulement. Nous savons que nous devrons composer avec le facteur humain, les blessures. Dans un championnat inéquitable, c’est une variable qui peut tout changer.

Vous avez bien dit championnat «inéquitable» ?

Inéquitable et dévalorisé. Fin 2013, la Ligue et la Fédération ont passé une convention qui fixe à trente le nombre de matchs que les trente joueurs sélectionnés en Equipe de France disputeront dans une saison. Six des meilleurs Stadistes sont concernés. Cela signifie que des joueurs que nous payons douze mois sur douze, des cadres de l’équipe, ne seront disponibles pour leur club que pendant la moitié du championnat. Toutes proportions gardées, Clermont, le Racing ou le Stade Français subiront le même handicap qui n’est bon ni pour le niveau général du jeu, ni pour le spectacle offert aux supporters du Top 14. On ne retire pas les trente meilleurs joueurs d’une compétition sans faire de dégâts sur la pelouse et dans les tribunes…

Comment pensez-vous sortir de cette situation ?

Eh bien, comme d’autres clubs, nous pourrions reconsidérer notre politique sportive et constituer l’essentiel de notre équipe d’élite avec des joueurs étrangers. Mais ce serait tourner le dos à ce qui, avec son palmarès, fait la richesse du Stade : la formation, dans l’intérêt du club et par conséquent de l’équipe nationale. C’est impensable. En vérité, je ne vois que deux solutions : une Révolution dans le monde du rugby professionnel, ou plus vraisemblablement, l’intervention d’une juridiction européenne ou française dans cet épineux dossier où il est question, entre autres, de droit du travail, d’équité sportive.

Vous pensez donc à un règlement judiciaire. Le Stade toulousain est-il prêt à engager une procédure ?

Dans cette affaire, nous sommes pénalisés financièrement, sportivement et économiquement. Alors oui, tout est possible.

Source: ladepeche.fr