Rudy Wulf est un véritable miraculé, un « survivant du rugby ». Le combat contre la fatalité qu’a remporté le nouvel ailier néo-zélandais du RCT ne peut que susciter respect et admiration. Lors d’un stage de préparation au Mondial des moins de 21 ans, en 2005 à Auckland,Wulf a été à deux doigts de voir sa carrière se briser net mais, surtout, de rester paralysé à vie. Pour avoir simplement voulu plonger dans la piscine de l’hôtel après l’entraînement.

Sa tête heurta le fond de la piscine. Bilan : fracture des vertèbres cervicales. Sonné, Rudy Wulf sortit de la piscine comme de rien n’était. Les docteurs diagnostiquèrent une lésion traumatique des cervicales sans toutefois prendre de mesures particulières. Le lendemain, terrassé par la douleur, Wulf passa une radio qui révéla une fracture de l’atlas, la première vertèbre cervicale assurant la mobilité de la tête. Opéré d’urgence, il se fit poser deux plaques de métal sur le crâne. Il fut renvoyé chez lui pour se reposer sans savoir s’il pourrait un jour rejouer. «J’ai eu de la chance car dans 80 % des cas, une telle blessure rend tétraplégique. Après l’opération, j’ai demandé si je pourrais un jour reprendre le rugby. Mon chirurgien m’a répondu que j’avais une toute petite chance.»

La plupart des victimes d’un tel accident se seraient juste contentées de remarcher. Mais pas Wulf. Motivé par le souvenir de ses exploits avec la sélection à VII et les «Colts» (surnom donné à l’équipe des moins de 21 ans). Fervent catholique «Cela a été un calvaire de rester assis et regarder mes amis jouer à la télé, se remémore-t-il.

« Heureusement, ma famille et ma fiancée étaient là.» Fervent catholique, Wulf a beaucoup prié. « J’ai toujours gardé la foi. Tous les jours, je bénis le Seigneur d’avoir accompli mon rêve.» Malgré les mises en garde de sa mère et des experts médicaux, il n’a jamais voulu renoncer à sa passion.

« C’est vrai que maman n’était pas pour que je rejoue, car il y avait un risque, raconte-t-il. Mais j’avais toujours cette flamme en moi. »

Un feu attisé par la visite surprise de Lawrence Dallaglio alors en tournée avec les Lions en Nouvelle-Zélande. « Sa visite m’a fait beaucoup de bien. Après sa venue, j’étais persuadé que je reviendrai plus fort.» Si fort qu’en 2008, il a disputé quatre tests avec les All Blacks. « La plus belle des récompenses a été d’enfiler ce maillot à la fougère argentée. Après le cauchemar vécu, ce rêve semblait hors de portée.» Conscient de sa chance,Wulf n’a donc pas eu de mal à relativiser quand Graham Henry ne l’a pas retenu dans le dernier groupe « néo-z» pour les Tri-Nations.

« Quand j’ai vu que mon nom ne figurait pas dans la liste, j’étais très déçu car je rêvais de disputer le Mondial dans mon pays. Mais ce n’est pas non plus la fin du monde.» Il s’est donc lancé sans retenue dans le projet toulonnais. « Ce que j’attends? Me faire plaisir sur le terrain, car la vie est trop courte. Depuis mon accident, je prends chaque rencontre comme une bénédiction. Je veux être champion de France avec Toulon. Nous avons le potentiel pour y parvenir.»

Rudy Wulf, un exemple pour tous.