Rabah Slimani s’apprête à affronter son ancien club de Clermont : Il se confie !
Rabah Slimani s’apprête à affronter son ancien club de Clermont : Il se confie !
Le jeudi 12 décembre 2024 à 0:47 par David Demri
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Après 7 saisons en Auvergne, Rabah a décidé de vivre l’aventure irlandaise en s’engageant avec la province du Leinster, titrée à 4 reprises en Champions Cup et vice-championne en titre. Parfaitement intégré dans une équipe invaincue cette saison et toujours aussi séduisante offrant les systèmes les plus aboutis d’Europe, Rabah se prépare à retrouver ses anciens coéquipiers à l’Aviva Stadium de Dublin, stade résident des Leinstermen durant les travaux de réfection du RDS Arena où Clermont avait joué le premier ¼ de finale de son histoire et révélé au monde du rugby sa « Yellow Army ».
Rabah, cela fait quelques mois que tu es arrivé à Dublin. Quels sont les changements les plus marquants par rapport au rugby français ?
C’est une autre manière de travailler, d’appréhender les entrainements et les matchs ? C’est une autre manière de vivre, tout court ! C’est forcément très enrichissant pour moi, pour ma famille, et cela est très enthousiasmant d’autant que l’intégration a été très facile. Dès nos premiers échanges, les dirigeants du Leinster ont été très clairs avec moi et quand je suis arrivé je savais pourquoi j’étais là et comment ils souhaitaient utiliser mon expérience pour le groupe. Il n’y a pas eu de moment de latence, j’ai été très vite lancé dans le grand bain et j’ai naturellement trouvé ma place dans le groupe.
Est-ce grisant de jouer dans une équipe qui pratique un rugby si léché et qui est toujours invaincu cette saison ?
Ce n’est pas grisant. Je crois que toutes les équipes aimeraient bien démarrer les championnats comme ça en remportant tous leurs matchs et en produisant du jeu. On sait que cela ne va pas durer toute la saison et que nous ne gagnerons pas tout le temps, mais au-delà de cela nous restons critiques sur le contenu. Nous ne réussissons pas tout, nous nous remettons en question comme toutes les équipes et nous travaillons pour le week-end d’après. Il y a une vraie notion d’exigence qui empêche le Leinster d’être dans une facilité qui n’a pas lieu d’être. Chaque jour nous travaillons dur.
Michael Ala’Alatoa disait en début de saison que les mêlées françaises étaient bien plus longues que celles de l’URC. Est-ce que tu confirmes ?
Pas forcément, cela dépend surtout de la manière dont nous décidons d’utiliser la mêlée. Si nous voulons l’utiliser comme un arme lorsque nous prenons le dessus sur un adversaire, alors nous gardons le ballon, mais si nous voulons l’utiliser comme une simple rampe de lancement, les mêlées peuvent être très courtes. Certaines équipes de l’URC font ressortir le ballon aussi vite qu’il est rentré, mais quand on sent que cela peut être une de nos forces, on cherche à en tirer, comme tout le monde, un maximum de bénéfices et chercher des pénalités : nous avons des mecs pour cela comme Andrew Porter, Tadhg Furlong, Jake Boyle ou Tom Clarkson qui a débuté récemment avec l’Irlande qui sont de très solides clients. Pour résumer, je dirais que dans l’URC plus d’équipes utilisent la mêlée comme un rampe de lancement plutôt que comme une épreuve de combat mais ce n’est pas toujours notre cas …
On sait que le Leinster a un jeu très clinique, organisé sur de nombreuses cellules et temps de jeu, est-ce que cela a demandé une adaptation particulière à ton style de jeu, une plus grande disponibilité ?
Oui, on me demande de me déplacer davantage. C’est surtout plus systématique et une philosophie de mouvement différente. Tout le jeu du Leinster repose sur la circulation du ballon et la vitesse de celui-ci. Cela change notre approche lors des entrainements. Il y a beaucoup de séances supplémentaires après les entrainements collectifs où nous travaillons la technique, où il y a des exercices où même après avoir eu des points d’affrontement il faut chercher à donner le ballon, à le faire vivre. Ce sont des « Skills » que les joueurs reproduisent en match pour avoir toujours cette accélération de balle en tête. Pour les joueurs du Leinster, c’est normal d’avoir ces attitudes, de tout mettre en œuvre pour que le ballon vive, cela se ressent forcément dans le jeu. Un exemple, dimanche dernier nous avons été en infériorité numérique face à Bristol à 13 contre 15 et beaucoup d’équipes se seraient dit « on réduit la voilure on limite les risques » mais au lieu de cela on a commencé à jouer dans le dos, à transmettre après contact nous les avons mis en difficulté parvenant même à inscrire un essai. Il y a quelque chose qui m’a marqué ici : dans le jeu déstructuré nous ne cherchons pas absolument à placer les piliers vers le ruck à toujours avoir la même structure. Ici, tu es placé, tu dois défendre ou attaquer ou tu te trouves, si tu peux switcher avec un plus rapide tu le fais mais la culture est de pouvoir jouer ton rôle, peu importe ton poste ou ta position sur le terrain.
Pour les Irlandais : Clermont reste Clermont, l’image de l’ASM est excellente !
Cela explique l’exigence technique…
Exactement, tu dois pouvoir faire une passe de trois-quarts centre pour jouer un surnombre, demi-de-mêlée pour accélérer le jeu, etc… Les entrainements sont d’ailleurs construits pour cela puisque, encore plus qu’en France, il y a des petits ateliers après toutes les séances pour renforcer cette technique. Ici c’est automatique, les mecs finissent et basculent automatiquement sur ces ateliers durant 5-10 minutes max. A la fin de la semaine cela fait une demi-heure de technique pure… et ça paye.
Vous venez de remporter le premier match de Champions Cup à Bristol, cette compétition est-elle particulière pour la province ?
Oui, je l’ai vraiment ressenti comme ça. C’est aussi le cas à Clermont. Lorsque l’on abordait cette période, il y avait toujours une saveur particulière, une histoire avec la Coupe d’Europe. Je le ressens aussi ici à Dublin. On m’a souvent demandé depuis mon arrivée si le Leinster ne priorisait pas la Champions Cup vis-à-vis de l’URC… mais pas du tout : non ! La preuve en URC nous donnons tout, nous avons tout fait pour remporter tous nos matchs et être premiers au classement aujourd’hui. Nous jouons sur les deux tableaux avec la même ambition.
Est-ce que tu as l’impression que Clermont qui fait son retour dans la compétition conserve une image forte à Dublin où le club a écrit une partie de son histoire ?
Vraiment, pour eux Clermont reste Clermont. Les joueurs et le staff m’ont beaucoup questionné sur la façon de jouer, la philosophie de jeu, les joueurs… L’image de l’ASM est excellente en Irlande et ils savent que c’est une équipe qui va jouer à 100% cette compétition, forcément il y aura de la méfiance du côté du Leinster.
Dans une poule relevée, j’imagine que l’ambition du Leinster vice-champion en titre est d’aller au bout ?
Oui bien sûr. Le Leinster a joué 4 finales de Champions Cup sur les 5 dernières saisons sans pouvoir remporter la coupe, dont 3 finales perdues à presque rien… La motivation est surmultipliée d’autant que cela fait trois ans que le Leinster n’a rien gagné. Si la province est allée chercher des joueurs comme RG Synman ou Jordie Barrett c’est aussi pour cela.
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