Avec Mourad Boudjellal, tout commence souvent par une boutade. « Non, je ne viens pas à Biarritz. Trois matches en une semaine, ça fait trop. Même pour un président. J’applique les préconisations de la Ligue ».

Ce dimanche après-midi, le président du RC Toulon ne sera donc pas assis aux côtés de Serge Blanco dans les tribunes d’Aguiléra. La rencontre était attendue, comme une sorte de match dans le match. Ses ennemis affirment que Boudjellal n’aime pas se trouver dans un contexte hostile. « Non, c’est avec regrets que je ne viens pas », assure-t-il. « Serge Blanco est quelqu’un qui a de l’éducation et qui reçoit toujours très bien. »

Depuis que le club varois est revenu au sein de l’élite, les escarmouches verbales entre les deux hommes ont été régulières et Boudjellal, maître dans l’art de ciseler des formules assassines, a souvent joué la provocation, affirmant par exemple que le Biarrot était le « Charles Pasqua du rugby français ». Un moment apaisées, les relations entre les duettistes ont à nouveau pris une tournure agressive cet été. En réponse à une interview de Blanco dénonçant la « démesure » de certains clubs dans leur recrutement, le Toulonnais avait répliqué dans les colonnes de Sud Ouest par un « On va tous crever à cause de lui » qui avait beaucoup fait parler. Depuis, Blanco a préféré garder le silence.

Divergences de vue

De fait, il existe entre les deux des différences de points de vue importantes . « Pour Serge Blanco, le rugby est un sport dans lequel on investit de l’argent pour l’améliorer », affirme Patrick Wolff, vice-président de la Ligue et ancien compagnon de route du Biarrot. « Mourad Boudjellal appartient à cette génération de présidents qui considèrent que c’est un spectacle sur lequel on essaie d’apposer le label sport. » Ces divergences auraient-elles fait naître entre les deux une hostilité plus personnelle ? « Il y a de la posture de la part de Mourad. S’attaquer à une icône, ça le valorise », estime Patrick Wolff.

Boudjellal refuse d’envisager sa relation avec Blanco de manière simpliste. Le portrait qu’il dresse du président de Biarritz dans son autobiographie par exemple est virulent dans son expression, nuancé dans son contenu. « Parce que c’est docteur Jekyll et Mister Hyde, confirme-t-il. Il a des côtés très attachants. A la dernière assemblée générale de la Ligue, on s’est rentré dedans. Après, on est allé boire un coup et on est passé à autre chose. Je l’ai remercié d’avoir voté pour moi. Il a rigolé. Il ne l’avait pas fait bien entendu. Je crois qu’il respecte ceux qui lui tiennent tête. Il fait la différence avec les lèche culs qui l’entourent. Sur un certain nombre de sujets, on était proches l’un de l’autre. »

Et le président de Toulon, le ton plus grave, de conclure la thématique « Blanco, BO » par un contre-pied qui n’a rien d’une plaisanterie. « Je suis dans le rugby depuis 7 ans, et l’on m’annonce depuis sept ans la mort du Biarritz Olympique. Biarritz est toujours là. Je ne me fais aucun souci. Il sera là l’année prochaine. Ce qui me choque, c’est que c’est un fantasme qui parait faire plaisir à beaucoup de gens dans le rugby français. Ceux qui sont petits et qui se réjouissent du malheur des autres. »

Source sudouest.fr