Avec la retraite de Sébastien Chabal, le rugby français a, la saison dernière, perdu sa coqueluche. Mais qu’il se rassure. Dans le même temps il a trouvé en Delon Armitage, le pendant rugbystique de l’incontournable tête d’affiche du Paris Saint- Germain et de la Ligue 1, Zlatan Ibrahimovic. Comme Zlatan, Delon Armitage est un attaquant racé, puissant mais agile. Comme Zlatan, Armitage est doué d’un talent inouï qui le rend décisif dans les moments cruciaux, le tout avec une facilité désarmante. Et comme Zlatan, Delon a un pied droit en or qui fait mouche à chaque fois.

Souvenez-vous de cette pénalité de près de 60 mètres tapée en demi-finale de H Cup contre le Munster, alors que les Irlandais étaient à portée d’essai (15- 9). Décalé sur la gauche, l’Anglais, comme si de rien n’était, traversa le ballon avec une puissance inouïe. Celui-ci fendit l’air et passa entre les perches du Vélodrome. Il récidiva en finale du Top 14 contre Castres dans des conditions similaires, sur une pénalité à 55 mètres. Même impression de facilité, même résultat : le ballon heurta le fameux «poteau du milieu» : «C’est vrai qu’il dégage une certaine nonchalance, confirme son entraîneur Pierre Mignoni. À l’approche des phases finales, nous lui avions rappelé qu’il serait notre buteur numéro deux, et qu’il devait s’entraîner en conséquence. Il l’a fait bien sûr, mais pas pendant des heures et des heures non plus…Seulement, quand il a fallu passer des pénalités décisives, il les a toutes réussies. Il est comme ça, Delon: il dispose d’une immense force mentale qui le rend imperméable à la pression», sourit le technicien varois.

Et question pression, on peut dire que le frère aîné des Armitage a été servi cette saison. Car, comme Zlatan, Delon est autant adulé que critiqué. La faute à un tempérament de feu qui a attiré sur lui les foudres de la communauté ovale pour avoir nargué l’ouvreur clermontois Brock James en finale de la H Cup il y a deux ans. Le retour de bâton fut instantané, mais le supplice dura toute la saison suivante: à chaque fois qu’il touchait le ballon, l’arrière du RCT essuyait une bronca.

Aujourd’hui, Pierre Mignoni estime que son joueur a mangé son pain noir et qu’il faut tourner la page: «Je peux comprendre les gens. Il a commis une erreur. Nous lui avons dit, il s’en est expliqué, s’est excusé. Les gens doivent aussi savoir qu’ici, à Toulon, nous l’avons sanctionné pour son geste. Mais c’est allé trop loin. Avant, je ne lui trouvais pas d’excuses. Aujourd’hui, je lui en trouve car cette affaire a dépassé le cadre sportif, car cela a aussi affecté sa famille.»

Face à un tel déchaînement, Delon Armitage songea en effet à ne plus amener au stade ses deux jeunes enfants, Cameron et Chloé. Triste illustration d’un excès qui en a entraîné un autre. «Je ne sais pas si un autre joueur aurait tenu à la place de Delon, poursuit Mignoni. C’est encore un signe de sa force mentale, car malgré cette pression, il réalisé la meilleure saison de sa carrière». Armitage, cette fois, s’est donc tu, et a répondu par les actes. Résistant à la pression ou aux critiques, l’international anglais semble également l’être à la concurrence. Savez-vous ce qu’il a fait deux mois après que Midi Olympique révèle que son club était intéressé par l’arrière gallois Leigh Halfpenny ? Il a prolongé son contrat de deux saisons : «Ce sera à Halfpenny de se mettre au niveau de Delon», pose Mignoni. Alors, c’est qui le patron ?

Source: Midi Olympique