Philippe Saint-André, Sale-Toulon, samedi, en Coupe d’Europe, ça doit forcément vous inspirer quelque chose, non ?
(Sourire) Effectivement, ce match entre Sale et Toulon, ça me dit quelque chose… J’ai entraîné Sale pendant cinq ans et Toulon deux ans et demi. Tout de suite, là, comme ça, ça me fait penser à Séb (Sébastien Chabal) avec qui j’ai vécu des grands moments. Ensemble, on a été vainqueurs de la Conférence européenne (2005) et champions d’Angleterre (2006). Sale, à cette époque, faisait partie des trois ou quatre meilleures équipes anglaises. Et puis là, depuis quelque temps, Sale décline, jusqu’à se retrouver dernier du Championnat anglais (douzième, avec une victoire en dix rencontres).

Vous avez gardé des liens avec les Sharks ?
Bien sûr, j’ai toujours des contacts. Principalement avec certains dirigeants de Sale, comme le président Brian Kennedy. Mais vous savez, à Sale, désormais, il ne reste de mon époque que l’ailier Mark Cueto. Il n’y a que lui qui soit resté au club. Le demi de mêlée Richard Wigglesworth et l’ouvreur Charlie Hodgson ont signé aux Saracens, Andrew Sheridan, Juan Martin Fernandez-Lobbe et Sébastien Bruno m’avaient rejoint à Toulon, Sébastien Chabal est désormais à Lyon et Jason White à Clermont. Quant à Jason Robinson, il a arrêté en juin de l’année dernière. Toute une génération est partie. (Silence) Je pensais que certains, les plus jeunes, resteraient, ceux qui avaient été formés là-bas. Mais ils ont choisi d’autres directions.

Pensez-vous que Toulon soit capable, cette saison, d’aller loin en Coupe d’Europe ?
Bien sûr que le RCT peut réussir quelque chose en Coupe d’Europe. Quand je regarde l’équipe toulonnaise, le staff et l’effectif, il s’en dégage une grande expérience du haut niveau. Les saisons passées, seuls Toulouse et Clermont pouvaient envisager de réussir quelque chose en Coupe d’Europe. Désormais, il faudra compter avec Toulon. Le RCT a tout pour s’illustrer en H-Cup.

Toulon peut jouer sur les deux tableaux, H-Cup et Top 14, et réussir le doublé ?
Non. Toulon peut envisager de belles choses dans ces deux compétitions mais pas au point de réussir le doublé. On sait bien que, compte tenu des calendriers, c’est très difficile d’être champion d’Europe et champion de France la même saison. C’est même impossible. Même si Toulon bénéficie d’un effectif de qualité.

Vous avez entraîné le RCT. Qu’est-ce que l’entraîneur du quinze de France pense du jeu toulonnais, à l’heure actuelle ?
Je constate que les défenseurs toulonnais montent vite, très vite. Offensivement, ils sont dangereux dans l’axe, dans le mouvement « large-large » et dans le jeu au pied. Franchement, ils ont toute la panoplie et les joueurs pour réaliser des différences individuelles. Le principal atout de Toulon, sa principale qualité, c’est la densité.

Qu’est-ce que vous entendez par « densité » ?
Si vous regardez bien, les Toulonnais remportent quatre vingt pour cent de leurs duels. Et quand on gagne son duel, à « un contre un », ça permet à toute l’équipe d’avancer.

Où serez-vous, ce samedi ?
Je vais regarder Sale-Toulon chez moi. J’avais prévu de passer un samedi tranquille, en famille. Pour faire une coupure. Je serai donc dans mon canapé. »