Pour Mourad Boudjellal, il est important que le savoir concurrence l’argent

Pour Mourad Boudjellal, il est important que le savoir concurrence l’argent

Le jeudi 19 mai 2016 à 18:12 par David Demri

7 Commentaires

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article_boudjellalokInterrogé dans l’émission « Au Contact » diffusée sur Eurosport, le président du Rugby Club Toulonnais a réagi à la probable relégation de Bourgoin en Fédérale 1 à l’issue de la saison, à cause d’un nouveau déficit budgétaire.

Le patron du RCT rappelle que le club de Bourgoin a formé de nombreux talentueux joueurs, mais qu’il n’a jamais réussi à en tirer partie car le savoir n’est pas monnayable, de nos jours, en rugby. Il souhaite qu’il le devienne rapidement afin de concurrencer l’argent. Il s’explique. Extrait:

« C’est surprenant car les droits télé de la Pro D2 ont énormément augmenté cette année. Le problème du modèle économique du rugby aujourd’hui est qu’on a rétrogradé il y a quelques années déjà un club de Bourgoin qui avait formé les trois-quarts des joueurs de l’équipe de France. Aujourd’hui, on a créé un modèle économique dans le rugby où le savoir ne concurrence par l’argent. L’argent est roi. On doit construire un modèle économique dans le rugby où le savoir doit concurrencer l’argent, et ça se représente notamment par la possibilité de revendre un contrat et de valoriser la formation. Ça permettrait à ces clubs de concurrencer les clubs qui ont de l’argent mais surtout de faire jouer leurs jeunes car ils vont essayer de valoriser leur formation pour qu’on la repère et qu’ils puissent la vendre. Ce modèle dans le football a permis à Auxerre et à Guy Roux de faire le doublé alors qu’ils n’étaient pas plus riches que d’autres clubs. Tant qu’on ne pourra pas vendre son savoir, l’argent restera roi dans le rugby. Aujourd’hui, si le club de Bourgoin découvre le Lionel Messi du rugby, demain, ils récupèrent zéro euro car le savoir n’est pas monnayable. Avec le modèle économique du rugby d’aujourd’hui, on aura toujours ce genre de problème car le savoir ne sert à rien ! Il faut créer un système d’économie libérale où les clubs peuvent revendre leur savoir. Si vous avez un joueur qui est très fort, dans le contexte d’aujourd’hui, il va jouer trois matches en Top 14, puis un agent va venir pour vous dire qu’il faut revaloriser son contrat car il est seulement payer 2 000 euros. Aujourd’hui, la formation représente seulement un coût ! »

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7 Commentaires

  1. Le Rouge 19 mai 2016 at 18h- Répondre

    Il est bon ce Mourad !!

  2. Valmax 19 mai 2016 at 18h- Répondre

    et qu’est ce qu’il répond aux accusations de BOUSCATEL sur la salary cap ? et pourquoi BOUSCATEL ne cite t il pas le RACING ou MONTPELLIER?
    On se demande si finalement ce n’est pas : « Tous contre Boudjellal! »

  3. leto 19 mai 2016 at 19h- Répondre

    C’est simple, sortir du salary cap 10% des salaires des joueurs formés au club par années formé au club entre 11 et 21 ans et 5% de celui des joueurs formés en France sous les mêmes conditions.
    Dans le même temps, permettre aux clubs pro de financer la formation dans des clubs amateurs de fédérale en échange de considérer les joueurs formés dans ces clubs comme des joueurs formés dans le club pro qui finance leur formation.

    Sous ces conditions, on peut abaisser le salary cap.
    Ensuite, on introduit un fair-play financier qui interdit d’investir plus de 5/6M par dans son club pour permettre aux clubs formateurs d’exister sans se faire piller.

    Un peu de courage et dans 10 ans, notre formation est une des meilleures du monde et nos joueurs se retrouvent au tp niveau international. Mais bon, quand nos dirigeants préfèrent taper sur Toulon et fermer les yeux sur le SF, le Racing et autres… Ce n’est pas prêt d’arriver…. et les bleus seront toujours moyens!

    • Gil 19 mai 2016 at 20h- Répondre

      merci Leto pour cette réflexion intéressante, c’est aussi pour ça que j’aime bien ce blog :yes: :yes:

  4. Enygma 19 mai 2016 at 20h- Répondre

    @ Le Rouge : c’est ça les hommes publics lol, ça suit le sens du vent.

    Voyant que dans la course à l’armement budgétaire salarial il va se faire rattraper par Altrad, Lorenzetti et consorts, le roseau plie plutôt que rompre; pas folle la guêpe !

    Pas têtu pour un sou : vient de nous annoncer en cours d’année vouloir quitter le championnat de France parce que le Salary cap le contraignait, puis vire à 90° sa cutie vers la formation.

    Innover, voilà le maître mot. Par la communication surtout ( puis ça mange pas d’pain ).

    En prenant exemple sur la Bible ou autres écrits religieux, tu es sûr de ne pas te tromper, la recette est imparable :

    – tu dis tout et son contraire et tu seras certain de ne jamais être pris en défaut, il y aura toujours un passage en phase avec la réalité.

    Bref, tout ça va provoquer un grand chambardement dans le club, va falloir un Directeur sportif pour diriger tout ça, non ?

    – plutôt qu’un plombier polonais, un gaucho argentin ça pourrait faire. Fabien je le vois encore près du terrain, avec Dal Maso d’ailleurs, tant qu’il n’aura pas été sélectionneur il y restera. Et tant mieux.

    Par contre Diego, initialement prévu au terrain, je ne le vois pas dans un autre rôle. Bon courage pour gérer cet embrouillamini.

  5. Ardecho 19 mai 2016 at 21h- Répondre

    Ce qu’oublie de dire Boudjellal c’est qu’un classement est fait chaque année. Il permet pour cette année à Bayonne (1er CDF de France) de toucher environ 240 000€.
    De plus, pour les joueurs de moins de 23 ans (encore sous convention de formation) les clubs formateurs sont prioritaires pour leur proposer des contrats. S’ils le font et que d’autres clubs proposent aussi un contrat, il faudra payer des indemnités de formation (celles-ci sont d’ailleurs en pleine négociation à la LNR pour les faire évoluer et les rendre progressives). Par exemple, Nans Ducuing (3/4 aile) a signé à l’UBB l’an passé alors que l’USAP proposait un contrat. L’UBB a du payer environ 75 000€ d’indemnités de formation.
    Sauf que ce système est très contraignant pour les joueurs qui ne peuvent parfois pas partir vers d’autres horizons plus favorables à cause du montant astronomique de ces indemnités pour certains clubs. C’est ainsi que les agents font le forcing pour que les joueurs signent le plus tôt possible un contrat professionnel afin de pouvoir partir librement plus facilement avant leur 23 ans.
    Je pense donc que le rugby n’est pas encore assez fort économiquement pour les transferts car ce système tiendrait en otage certains joueurs et empêchent des clubs à petit budget de recruter

    • David60RCT 19 mai 2016 at 23h- Répondre

      C’est bien beau, mais c’est quoi 240 000€ ? Même pas la moitié du salaire de Halfpenny… attention c’est beaucoup d’argent, mais dans le monde du sport actuel c’est rien.

      Le problème du rugby est là, on cherche à minimiser l’argent… le problème c’est que dans TOUT les sports majeurs, l’argent prédomine. NFL, NBA, Football, Cricket…

      Alors oui, ça perverti énormément les valeurs du rugby. J’espère que les deux seront possible, argent + valeur ! Et que l’un ne sera pas au détriment de l’autre.

      L’idée que propose Moumou est vraiment bonne. Moyenner une formation c’est excellent, et ça permettrait une reconnaissance pour ces clubs. Fin bref + d’argent = + de moyen = + de formation de qualité = + de « bénéfice » pour le rugby. A condition de garder ces valeurs et d’instaurer un système qui puisse.

      Après je ne suis pas dupe et je crain que cela soit compliqué à mettre en place, mais si on n’essaie pas on ne sera jamais !