Ce ne sera pas la première fois que la finale du championnat se drapera entièrement de Rouge et de Noir. Cependant, même s’il ne faut remonter qu’à ou jusqu’à (selon votre âge et votre conception du passé !) 1985 et 1989, cela va à nouveau sentir les joutes d’un ancien et glorieux rugby. Des rendez-vous chargés d’histoire et donc un peu poussiéreux, mais si forts ! D’autant qu’à chaque fois les rencontres avaient été d’un très haut niveau, spectaculaires, intenses… espérons que l’histoire se répète à nouveau.
Espérons le fort même, car lors des demi-finales, le spectacle offert laissa tout le monde sur sa faim. Toulouse et Toulon ont largement mérité leur qualification, mais chacun est en droit d’attendre plus au sortir de deux rencontres sans essais et peu spectaculaires… les Stadistes, samedi sous un climat très lourd, puis les Provençaux, dimanche, sous une pluie diluvienne, ont en revanche fait preuve d’une très grosse solidité.
Sanctionné par des Castrais très opportunistes, Toulouse faisait parler l’expérience, sans trop de jeu. Sans s’affoler, les hommes de Guy Novès, patientaient jusqu’à l’heure de jeu pour creuser enfin l’écart, filer vers la victoire et se qualifier, une fois de plus pour la finale du championnat. Une qualification qu’ils doivent en partie à Luke McAllister, impeccable dans ses tentatives au pied (avec notamment quatre pénalités de plus de 45 mètres !) et à Vincent Clerc auteur d’un geste aussi salvateur que magnifique.
Habitué à trouer les défenses, l’ailier international fut cette fois le héros de l’équipe en défense. Juste avant la pause, le centre écossais de Castres Evans perçait sur 70 mètres, passant en revue la défense toulousaine pour arriver à portée de crampons de l’en-but adverse. Tout le stade croyait alors à l’essai, sauf l’ailier toulousain qui, revenu du diable vauvert, récupérait son adversaire sur la ligne et le retournai sur le dos en le plaquant, l’empêchant de fait d’aplatir ! Simplement immense !
Un parfum d’antan
Immense comme la joie non contenue du président Boudjellal le lendemain, les bras au ciel et de chaudes larmes sur le visage en tribune de presse, haranguant le peuple Rouge et Noir de Toulon pour un court passage sur la pelouse du Stadium… un moment d’émotion intense, à la mesure de la performance du RCT, atteignant la finale du championnat pour la première fois depuis 1992. Pourtant, avant cet épilogue, il y eut 80 minutes au couteau !
Harcelés par une ligne d’attaque clermontoise affamée, les Toulonnais ont su faire le dos rond pour laisser passer l’orage et prendre le commandement dans le sillage d’un Wilkinson de nouveau impeccable. Sûrs de leur force, et avec un mental, faut-il encore le dire, d’acier, les Varois firent ce qu’il faut pour se qualifier, même si l’ASM lui facilita la tâche.
Ecrasante de supériorité en touche, ultra performante en mêlée et sur les rucks, la formation auvergnate ne sut pas appuyer là où cela faisait mal. Au contraire, elle s’évertua à vouloir envoyer du jeu, et ce, malgré une pluie par moment diluvienne. Résultat, des en-avant, des passes aléatoires, et, sous la pression de la défense adverse, des pénalités concédées. Et face à un Wilkinson ayant réglé la mire, ils en payèrent le prix fort.
Aussi, au sortir de ces deux rencontres, si les Rouge et Noir de Toulouse et de Toulon n’auront pas été brillants, ils auront cependant su faire preuve de maîtrise et de mental, et en phase finale, cela peut faire la différence, la preuve. Mais si ces performances en demi-teinte auront laissé beaucoup de monde sur leur faim, elles auront pourtant été éclipsées par des issues historiques et pleines d’émotions.
Toulon, 20 après
D’abord côté Toulousain, qui en s’imposant, aura offert une issue heureuse à William Servat, un monument du rugby local et français, disputant samedi son dernier match dans la Ville Rose. Les Stadistes s’offrent surtout le droit d’aller défendre leur titre et de viser un 19ème bouclier de Brennus, 100 ans après le premier du club en 1912.
Le talent de Jérôme Gallion, ici en 1985 ne permis pas à Toulon de dominer Toulouse (défaite du RCT 22-36), malgré des prolongations et du suspens du début à la fin. (Crédit photo : Presse Sports)
Côté Toulonnais ensuite, qui au sortir de sa victoire face à l’ASM, se qualifie pour la finale après 20 ans de disette. Après avoir brillé en PRO D2 et en Challenge Européen, il ne restait plus au RCT qu’à faire de même en première division. C’est fait ! Reste qu’il ne faut pas maintenant s’arrêter en si bon chemin. Rappelons-nous que sa dernière finale avait connu une issue heureuse, car après avoir dominé le BO de Serge Blanco (19-14), le club au brin de muguet avait soulevé son troisième Bouclier… faut-il y voir un signe ?
Les Toulonnais vont en tout cas y croire, et il le faudra, car c’est face à une formation plus que rompue à ce genre d’évènement qui se dressera face à eux samedi. Avec 27 finales de championnat et 19 Brennus, Toulouse maîtrise parfaitement son sujet, et notamment face à Toulon. Nous le disions en introduction, il y eut deux confrontations entre ces deux équipes en finale. Nous le disions également, à chaque fois les rencontres avaient été d’un très haut niveau. En revanche, ce que nous n’avons pas dit, c’est qu’à chaque fois, les Midi-Pyrénéens se sont imposés, 36-22 après prolongation en 85, 18-12 en 89.
Reste que Toulon, comme dimanche face à Clermont, ne sera pas le grand favori du match. C’est en effet le Stade Toulousain, champion en titre et incontestable leader de la première phase qui aura la pression. Aussi, dominer le champion en titre au Stade de France et soulever le quatrième Brennus du club serait une issue inoubliable pour le RCT. Rendez-vous samedi 9 juin aux alentours de 20 h pour savoir si le RCT est allé au bout de son rêve, ou si Toulouse aura réalisé le doublé et soulevé son 19ème bout de bois, pour marquer encore un peu plus l’histoire de notre sport de son empreinte.
LNR
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