Pierre Mignoni : « Si tu lis les journaux et les réseaux sociaux, on dirait que nous sommes derniers ! »
Pierre Mignoni : « Si tu lis les journaux et les réseaux sociaux, on dirait que nous sommes derniers ! »
Le mardi 9 janvier 2024 à 10:36 par David Demri
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Le manager du Rugby Club Toulonnais, Pierre Mignoni était l’invité de RMC Sport ce lundi.
Ce-dernier a évoqué dans un premier temps son attachement au club. Extrait:
« Toulon c’est assez particulier. La ville vit au rythme du rugby. Je suis allé très jeune au Stade Mayol, mon père et mon grand-père jouaient au rugby. C’est culturel ! »
Il se remémore son retour à Toulon en tant que joueur, en 2009. Extrait:
« Je ne suis pas trop calculateur. Quand j’étais joueur, j’avais envie de revenir jouer à Toulon. Saint-André était venu me chercher en 2009. Je reviens en même temps que Wilkinson, Contepomi, Fernandez Lobbe… On est tous arrivés en même temps. Toulon a quand même connu un gros passage à vide avec la Pro D2 et une économie très difficile. L’arrivée de Mourad a fait que le club a pu se reconstruire mais ce n’était pas simple pour Toulon. Toulon n’est pas une agglomération comme Paris, Lyon ou Marseille. C’était une économie difficile et on est tous revenus. On a créé cette nouvelle histoire, cette nouvelle page du club qui était importante. Le fait d’avoir gagné en tant qu’entraineur à Toulon, ça te soigne un peu de ne pas avoir gagné en tant que joueur. »
Il explique ne pas craindre la pression qui règne à Toulon. Extrait:
« Chaque projet est différent. Le projet Lyonnais était différent de celui de Toulon. Je me suis régalé pendant 7 ans à Lyon, on a construit un bon club qui fait partie des meilleurs clubs Français. Maintenant, à Toulon, la pression je suis né dedans. Donc je n’ai pas peur de la pression. C’est un truc que je vis bien et ça me plait. Je savais très bien où je revenais, tu as des responsabilités et des devoirs. Je ne suis pas ici pour moi même si c’est une grande fierté de diriger ce club. Je suis en mission de redonner un certain niveau que Toulon doit avoir avec les moyens que l’on a.
J’étais arrivé un peu au bout à Lyon. Ca faisait quand même 7 ans. J’aurais pu continuer à Lyon, j’avais mon contrat et tout se passait bien. Mais je ne voulais pas faire l’année de trop. L’opportunité de Toulon est arrivée, j’en ai eu d’autres dont l’équipe de France. Ce sont des choix et j’avais envie de revenir entrainer à Toulon donc j’ai accepté. »
Pierre Mignoni a ensuite parlé de la défaite concédée contre Montpellier, dimanche soir et des critiques engendrées sur les réseaux sociaux. Extrait:
« On était troisième, on perd contre Montpellier après une mi-temps catastrophique. Et maintenant, si tu lis les journaux et les réseaux sociaux, on dirait que nous sommes derniers ! Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Les gens sont malheureux ce lundi ! Le coach est malheureux, il est déçu, les joueurs aussi. Il faut se bouger le cul ! Il n’y a pas de miracle ! J’ai commencé à 6 ans dans ce club, ensuite je suis parti et je suis revenu. Je connais très bien ce club et ce qu’attendent les gens. Mais je n’ai pas de problème avec cela. J’aime ce côté passionnel et cette pression. Sinon tu ne viens pas entrainer ici et encore moins jouer. C’est pareil pour un recrutement de joueur. Il ne faut pas se tromper sur les gens que tu prends car certains peuvent mal vivre cette pression. Ils font une saison ou deux et repartent car ils ne supportent pas alors que c’est génial ! »
Il précise être agacé d’avoir encore relancé une équipe mal classée. Extrait:
« On sait que l’on va devoir s’imposer à l’extérieur. Mais on a trouvé de la consistance cette saison par rapport à la saison dernière. Mais dimanche on n’a pas été consistant. On a eu quand même des matches à l’extérieur intéressants. Mais dimanche, on a encore relancé une équipe mal classée et ça m’énerve un peu. C’est beaucoup de travail et d’exigence, de l’humilité dans le travail chose que nous avons manqué parfois. Aujourd’hui, c’est très dur ! Tu dois être humble dans le travail, dans les efforts, pendant les matches et parfois on manque d’humilité, d’effort et de leadership. On essaye de développer tout cela pour arrêter ces montagnes Russes qui nous pénalisent pour jouer les phases finales ou pour gagner. »
A la fin du match contre Montpellier, il est resté assez calme en conférence de presse. Il explique pourquoi. Extrait:
« Je n’avais pas envie d’être virulent en conférence de presse car j’en avais assez dit dans le vestiaire. La colère passe. Mais je me pose la question pourquoi on a été absent pendant 80 minutes. Je me remets en question. Pourquoi on n’est pas engagé en première mi-temps comme la deuxième mi-temps ? Alors le Top 14 s’est très élevé, le niveau est très dur. Sur 11 mois de saison, tu ne peux pas faire des matches pleins chaque week-end, ce n’est pas possible. On ne va pas revenir sur le calendrier, on fait avec. Par contre, quand tu cibles des moments dans une saison, tu te dois de faire un grand match pour essayer de gagner et monter dans le classement. C’est le 11ème match d’affilée et c’est dur mais tu ne peux pas être absent sur l’engagement comme on l’a été dimanche. On s’entraine dur et je n’ai pas grand chose à leur reprocher, mais tout ça pour ça, c’est dur ! »
Questionné sur l’effectif du RCT, Pierre Mignoni explique ne pas vouloir que son équipe se retrouve dépendante de certains joueurs. Extrait:
« Je pense que toutes les équipes ont des joueurs importants et des leaders, et quand ils ne sont pas là il faut redoubler d’efforts et être plus précis. Mais c’est ce que je ne veux pas. Je ne veux pas que l’on soit dépendant des uns et des autres. Sur cela, on a progressé. Le match contre Clermont, il nous manquait des cadres et on a gagné. Je ne dis pas que nous n’avons pas besoin de nos cadres mais on doit monter le leadership des autres joueurs pour ne pas avoir peur de perdre un match si un joueur ne joue pas. Je cherche une équipe de 40 mecs et pas de 25 joueurs.
On essaye de faire tourner et de mettre en concurrence tout le monde et de ne pas jouer avec seulement 23 mecs. Je pense qu’on a souffert l’an dernier par exemple. Il faut faire un turnover, faire monter en compétence un certain nombre de jeunes joueurs et d’autres qui doivent prendre le pouvoir. Esteban Abadie fait partie des joueurs qui portent l’équipe aujourd’hui alors qu’il est arrivé il y a 6 mois. Je n’ai pas hésité à le lancer dans le grand bain car c’est un recrutement que l’on avait ciblé et que l’on voulait absolument. On est très satisfait de son engagement. C’est un joueur qui a des qualités dans le rugby et il a un leadership très élevé. C’est très bien. Mais ça ne fait que six mois qu’il est là. Il faut lui laisser du temps. Il faut que le leadership monte. Je reprends le match contre Montpellier. Si la mi-temps avait duré 80 minutes, on n’aurait rien changé tout de même et ce n’est pas normal car on manque de responsabilité et on attend la mi-temps pour se faire taper sur les doigts. Il faut que les joueurs soient responsables sur le terrain. »
Il rappelle que l’attente est immense à Toulon. Mais selon lui, le RCT va réussir à se qualifier dans le top 6 cette saison. Extrait:
« Il y a une grosse attente à Toulon. Ca fait six ans que l’on ne joue pas les phases finales. Ce public a souvent été gâté par les résultats. Les gens sont parfois un peu impatients mais je le comprends. Je partage. Il faut que cette année on arrive à se qualifier dans le top 6. J’y crois et on va y arriver. Mais quand ça ne va pas il faut se dire les choses pour mieux repartir et moins faire d’erreurs. »
Cette saison, Pierre Mignoni a échangé à plusieurs reprises avec les supporters mécontents. Il s’exprime. Extrait:
« Mon rôle n’est pas d’éteindre l’incendie mais d’échanger avec les gens et parler vrai. J’ai senti qu’ils avaient besoin de certaines réponses donc c’était important de se mettre face à face. L’an dernier on l’a fait mais ce n’était pas pareil. Là, il y a eu des échanges vrais, comme dans un vestiaire entre les coaches et les joueurs. Donc j’ai reçu les supporters dans le vestiaire, c’est symbolique. On s’est dit des choses vraies. Ils reprochaient une certaine communication du club, un certaine incompréhension sur le recrutement ou sur des joueurs qui sont partis, sur les abonnements, sur les avants et après matches. C’était diversifié. J’ai répondu à certaines questions et on met des choses en place car on a une institution et c’est elle qui décide. Cette institution est forte et elle est dirigée par quelqu’un qui donne beaucoup de sa personne et qui met beaucoup d’argent. Il faut respecter cela. Ce ne sont pas les joueurs, Pierre Mignoni ou le staff qui va tout décider. Que les choses soient claires. »
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