Comme vous le savez certainement, les « escortes » sont désormais interdits.

Comprenez par là que les joueurs ne peuvent plus protéger le réceptionneur sous les ballons hauts en se positionnant devant lui afin de perturber la défense adverse.

Il s’agit d’un nouveau règlement qui ne favorise clairement pas le réceptionneur de ballon qui se retrouve donc à la merci des chasseurs adverses.

Interrogé via L’équipe, l’entraineur de Grenoble, Aubin Hueber explique cette nouveauté. Extrait:

« Avant, sous les coups de pied adverses plein champ, tu pouvais te mettre un peu en écran, ce que faisaient souvent les trois-quarts centres devant leur arrière, mais sans changer ton axe de course, que tu dirigeais vers ton sauteur. Maintenant, tout le monde est obligé de s’écarter pour laisser un couloir entre le frappeur et le réceptionneur.

Il y a une vraie lutte au ballon et pas d’adversaire pour empêcher la montée en l’air. La lutte en l’air est fonction de la qualité du receveur, souvent le dix, l’ailier ou l’arrière, ou du chasseur. C’est une question de timing en un-contre-un. » 

L’ancien arbitre international Français Mathieu Raynal se confie sur cette nouvelle règle. Extrait:

« Cette nouvelle règle a été conçue par World Rugby pour redonner un challenge équitable sur les ballons hauts en un-contre-un.

Les règles qui arrivent en cours de saison nous mettent en difficulté. En accord avec la LNR (Ligue nationale de rugby), nous avons appelé le patron des arbitres anglais et, avec l’EPCR (instance organisatrice de la Coupe des champions et du Challenge européen), avons rédigé un courrier commun adressé à World Rugby en demandant à ce que, désormais, les changements de règles et les nouvelles directives soient uniquement actés lors de la fenêtre internationale de juillet, qui convient à tout le monde, que ce soit dans l’hémisphère nord ou dans l’hémisphère sud. »

Si World Rugby a décidé de légiférer, c’est aussi car des équipes abusaient de ce règlement en formant notamment une bulle autour du réceptionneur pour freiner littéralement la défense adverse.

Le manager du Rugby Club Toulonnais, Pierre Mignoni explique être satisfait par ce nouveau règlement. Extrait:

« Cette règle me plaît. C’est une arme offensive que je vais privilégier, car ça devient très intéressant dans la mesure où elle offre de l’incertitude. En défense, sans « escorte », il y a désormais un vrai challenge, qui va demander du travail.

Aller au ballon en sautant le plus haut possible et en même temps le jouer pour le contester peut s’avérer dangereux. Les « escortes » avaient un rôle de ralentisseurs. Là, ça va monter haut et fort. Il y aura des collisions involontaires en l’air et des chocs à la retombée… » 

Pierre Villepreux évoque ce changement de règle. Extrait:

« Mieux qu’un ballon de turn-over, c’est une remise en jeu pleine d’incertitude qui encourage le jeu car personne ne sait alors comment le ballon va être récupéré. Il peut y avoir un contre, c’est-à-dire un effet boomerang au détriment de l’équipe du botteur. Des options offensives peuvent ainsi apparaître, alors qu’elles n’avaient pas été envisagées, tout ça parce qu’on ne sait pas comment et par qui le ballon va être réceptionné… Le contrecoup de cette règle, ça sera une recrudescence du jeu au pied. C’est une évidence. Mais si ce jeu au pied crée de l’incertitude, alors pourquoi pas… »