Lors d’un long entretien accordé au quotidien L’équipe, l’ouvreur du Rugby Club Toulonnais, Pierre Bernard a évoqué son début de saison avec le RCT.

Ce-dernier profite actuellement de l’indisponibilité de François Trinh-Duc pour enchaîner les rencontres avec le club Varois. Il reste conscient néanmoins que tout peut basculer rapidement. Extrait:

« Je ne suis pas du tout à me dire que j’ai deux mois devant moi. Si je me sens libéré ? J’ai un matelas un peu plus épais, on va dire, mais qui n’est pas forcément très épais, car il y a besoin de résultats. La pression et l’attente, à Toulon, t’obligent à être performant, sinon… Toulon est tellement attractif qu’il peut recruter n’importe quel grand 10 pour une pige de six mois. Dans l’esprit, on n’est jamais à l’abri. J’ai appris en huit ans de Top 14 que tout peut arriver, et rapidement. »

Il avoue être très heureux de pouvoir jouer avec de très grands joueurs. Extrait:

« C’est un plaisir, une chance. Il ne faut pas oublier que tu as de grands joueurs à côté de toi, mais il faut surtout avoir l’idée de s’en servir. C’est trop bien de faire bien jouer ces mecs. »

Questionné au sujet de sa vision du poste d’ouvreur, Pierre Bernard explique que le numéro 10, en France, ne peut pas tout faire comme peuvent l’espérer certains supporters. Il estime qu’un numéro 10 que l’on voit peu dans le jeu est un bon ouvreur. Extrait:

« Il n’y aura jamais le demi d’ouverture parfait, ou fantasmé, et puis voilà. Le Français est latin, donc pas pragmatique comme les Anglo-Saxons. Il y a des hauts et des bas, et, en France, comme c’est un poste très attendu, on voit plutôt le verre à moitié vide… Dans ma philosophie de 10, j’ai toujours cherché à être celui qui fait bien jouer les autres. C’est le plus important, en définitive. Si on gagne et qu’on ne voit pas le 10, c’est positif. En France, on voudrait qu’il fasse tout, mais ça n’existe pas ! Prenez Dan Carter. Parfois, on ne le voit pas, mais il est tout le temps dans le bon timing, fait la passe juste au bon moment. Quand je vois « Basta » (Mathieu Bastareaud), Ma’a (Nonu), le match qu’ils font contre les Scarlets (31-20, le 11 décembre), je suis content. Ça me conforte. J’ai fait le boulot. D’ailleurs, Mike Ford m’apporte beaucoup. Il est souvent sur moi pour que je fasse les bons choix au bon moment, que je regarde partout. »

Pour conclure, Pierre Bernard est revenu sur sa décision de quitter Bordeaux-Bègles pour Toulon. Il affirme que signer au RCT représente quelque chose d’inestimable. Extrait:

« J’étais frustré, mais je pense que je ne rentrais pas dans les plans. Je n’y trouvais plus mon compte. J’aurais pu venir à Toulon la saison précédente (2015-2016), mais je ne m’en sentais pas l’étoffe. Quand Mourad Boudjellal m’a relancé, avec Diego Dominguez, ç’a été un grand soulagement car j’étais dans une situation vraiment compliquée. Pouvoir m’exprimer à Toulon, c’est un rêve. J’ai eu cette chance de signer cette saison, c’est inestimable. À vingt-sept ans, ce n’est pas la fin de carrière, mais ça avance vite. Tu commences à prendre conscience de ce que te disaient les vieux quand tu débutais : « Profite bien ! »