Patrick Arlettaz sur la charnière du XV de France : « Ils n’ont pas fait de très bons matches mais… »

Patrick Arlettaz sur la charnière du XV de France : « Ils n’ont pas fait de très bons matches mais… »

Le jeudi 29 février 2024 à 19:32 par David Demri

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Lors d’un entretien accordé à L’équipe, le technicien du XV de France, Patrick Arlettaz a analysé la mauvaise prestation des Bleus effectuée contre l’Italie, le week-end dernier à Lille (13-13).

Selon lui, les Bleus se sont montrés trop impatients proche des lignes.

Il regrette le manque de concrétisation de ses joueurs dans leurs temps forts. Extrait:

« Contre l’Italie, on est trop impatients près des ­lignes alors que le premier essai est bien construit. Quand vous manquez de confiance, vous avez envie de très vite marquer, pour vous mettre à l’abri et vous libérer. Là, c’est l’effet casino : vous voulez gagner ce que vous avez perdu, mais vous vous précipitez et vous perdez le double, vous voulez vous rattraper et ainsi de suite… Sur les zones de marque, on a mis les choses à l’envers et ça a donné ce déchet, ce gâchis. »

Dans la foulée, il confirme que la charnière Lucu – Jalibert n’a pas été très performante. Extrait:

« Ils n’ont pas fait de très bons matches et nous, le staff, on n’a pas su les mettre dans les meilleures dispositions. Si vous êtes le chef d’orchestre et que vous n’avez que des mauvais violons, le concert n’est pas super réussi. »

Il rajoute que le staff de l’équipe de France ne songe en aucun cas à changer de système de jeu. Extrait:

« On n’a pas changé le projet de jeu, on leur demande la même chose qu’avant mais on a du mal à très vite se mettre en place. Il manque devant ce dynamisme, cet enthousiasme pour être bien et vite placé et faire vivre notre animation. On est en retard et il faut éveiller tout le groupe sur la nécessité de faire les choses plus vite. Les joueurs ­doivent en prendre conscience, et dans le staff, on doit les aider pour faire en sorte que pendant les entraînements, on soit très clairs sur les attendus.

On doit tous faire beaucoup mieux. On doit être plus rapides et plus actifs dans notre jeu sans ballon. Tout n’est pas à jeter : contre l’Italie, les choses avaient été faites dans l’ordre en première ­période pour les dominer. Vous ne passez pas 35 minutes dans leur camp italien par hasard. ­Maintenant, il faut trouver comment faire mieux pour marquer. »

L’ancien entraineur de l’USAP estime que certains joueurs ont été trop sollicités et doivent regagner en fraicheur. Extrait:

« Certains joueurs ont été beaucoup sollicités, il faut une certaine fraîcheur pour enchaîner les tâches au très haut ­niveau et elle manque, c’est une réalité. Elle manque ­physiquement, ce qui peut expliquer ce petit retard dans tout ce qu’on fait, mais aussi mentalement. »

Il l’affirme : l’équipe de France n’est pas malade. Extrait:

« Dans le jeu, on arrive à être cohérents mais on n’a pas suffisamment de ­fraîcheur et de spontanéité. Attention, cette équipe n’est pas malade mais on sent que le doute est notre plus gros ennemi. Si vous hésitez une demi-seconde, vous avez neuf chances sur dix de ne pas prendre la bonne décision à ce niveau. En ce ­moment, c’est ce qu’on fait. On a ces petites hésitations alors que les situations semblent claires d’en haut. Il faut retrouver de la confiance pour que ça redevienne naturel.

Le staff, moi le ­premier, il faut que, pendant la semaine, on soit capables de mettre dans le contenu des séances ce petit plus qui va leur permettre de faire le bon choix en une demi-seconde, sans hésiter. L’équipe de France doit être plus forte que ça et on le sera sans doute. »

Il ne se veut en aucun cas abattu. Extrait:

« Ce n’est jamais très agréable. Mais je ne suis pas abattu. Je sais que ça passera par du travail. On a notre rôle à jouer, chacun, dans la construction d’une bonne dynamique et je me projette dans le travail pour la construire. Si on s’en sort, c’est que j’aurai eu un rôle là-dedans. La difficulté ne me fait pas peur, ça ne veut pas dire que je l’apprécie mais je veux m’en nourrir et la surpasser pour devenir plus fort. Peut-être qu’il faut d’ailleurs que toute l’équipe en passe par là, pour ­devenir plus forte.

On a réussi à se remobiliser entre l’Irlande et l’Écosse. Il va falloir le refaire entre l’Italie et le pays de Galles et ensuite conserver de la confiance pour l’Angleterre. On a un groupe très fort, compétiteur, solide face aux critiques, on l’a vu lors de la semaine de l’Écosse. On est bien conscients qu’on ne pourra pas retrouver de la fraîcheur en quinze jours mais on doit mieux faire les choses, mieux s’entraîner. Il faut qu’on sente une amélioration sur les deux matches qui arrivent pour se projeter vers une dynamique nouvelle et balayer ce passage difficile. »

Il ne cache pas qu’une certaine pression règne sur l’équipe de France. Extrait:

« On l’a toujours en équipe de France. Et encore, ça ne suffit pas si on se fie aux commentaires après l’Écosse. On aura une semaine de préparation, il faut lancer une dynamique positive dès lundi pour qu’on ait un match avec un contenu intéressant au pays de Galles. Et si on a un contenu intéressant, on ne sera pas loin de la victoire. »

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