«Ça fait plaisir », sourit Olivier Azam au bout du fil. Devant sa télé, il vient de voir son ancienne équipe remporter sa troisième Coupe d’Europe de rang (il a participé à la conquête de la première, en 2013).  Ce qui lui fait dire : « Cette équipe est composée de super mecs. Qui sont solidaires, qui veulent s’éclater. Ils sont souvent assez décriés, alors, je crois qu’il faut le dire. »

« Quelle est, selon vous, la clé du succès toulonnais ?

– Leur maîtrise collective. Le fait qu’ils soient restés sur le plan de marche, malgré la grosse entame de Clermont. La victoire est largement méritée.

Comme prévu, le RCT a récupéré beaucoup de ballons dans les rucks. Il est donc inévitable d’être étouffés par les Toulonnais dans ce secteur ?

– C’est quand même la marque de fabrique de cette équipe. Il y a des joueurs comme Bastareaud, Steffon Armitage ou Masoe qui sont très bons dans ce domaine.

C’est une phase travaillée lors des entraînements du RCT ?

– C’est mis en valeur lors des séances vidéo ou des débriefings. Il y a une volonté collective de batailler. Du coup, sur le terrain, de ruck en ruck, la pression s’accumule. Quand le ballon n’est pas récupéré, la sortie est souvent ralentie. Ça oblige les soutiens offensifs de l’équipe adverse à venir plus nombreux dans le ruck. Donc petit à petit, l’attaque perd des soutiens pour les rucks suivants, ou ces soutiens sont un peu plus éloignés ou retardés… Et vu la qualité au grattage de ces trois ou quatre mecs, Toulon finit par récupérer le ballon ou une pénalité.

La domination toulonnaise dans les collisions a aussi été impressionnante.

– Bernard (Laporte) aime bien les joueurs costauds, puissants. Le fait de bien ralentir les ballons dans les rucks et de vite monter a permis au RCT d’imposer le défi physique en défense. Et balle en main, ils ont pu enchaîner avec des passes après contact. Ça a donné des séquences de jeu intéressantes. L’essai en première mi-temps (de Bastareaud) est très bien construit. C’est l’action du match.

L’ASM aurait-elle pu s’y prendre autrement pour bousculer le RCT ?

– Les Clermontois n’ont pas été assez bons dans les duels aériens, surtout en première mi-temps. Du coup, ils n’ont pas réussi à mettre la pression par les airs. Ensuite, je crois qu’ils auraient pu essayer de jouer un peu plus sur les extérieurs, sur des ballons en première main, par exemple, avec Nalaga. J’aurais bien aimé voir défendre la paire Hernandez-Bastareaud, qui n’ont pas souvent joué ensemble. Par ailleurs, en première période, quand les Auvergnats ont utilisé des croisées ou du jeu à l’intérieur du 10 après plusieurs phases, ils ont réussi à avancer. Sur la deuxième période, ils l’ont un peu moins fait.

En faisant un autre choix que ce coup de pied croisé de Lopez sur la dernière action, les Clermontois auraient-ils pu marquer ?

– Ils auraient peut-être dû garder le ballon. Mais bon, on serait peut-être encore en train de regarder la défense toulonnaise à l’oeuvre… (sourire). C’est très dur de marquer contre cette équipe. D’ailleurs, les deux essais de Clermont ne sont pas construits, ils viennent d’un jeu au pied contré et d’un autre dévissé bien exploité par Abendanon.

Croyez-vous que le staff de Toulon avait aussi identifié une faiblesse dans la défense clermontoise, là où Drew Mitchell, venu en premier attaquant, s’est infiltré avant d’aller marquer ?

– Pour avoir passé deux ans à Toulon, je sais que tout est préparé. Avec minutie. Les choix de lancements sont réduits au strict minimum, mais ils sont très précis et opportuns. Là, ils avaient sans doute analysé qu’il y avait une petite cassure à utiliser à cet endroit. Après, l’essai n’est pas fait quand même. Je note que cette action vient après un coup de pied direct en touche des Clermontois, qui ont commis un grand nombre d’erreurs individuelles, sur des actions où ils n’étaient pas vraiment sous pression.

Source: lequipe.fr