Noélie Michallet : « Tous les matins c’est une souffrance de se lever »
Noélie Michallet : « Tous les matins c’est une souffrance de se lever »
Le lundi 7 mars 2022 à 11:59 par David Demri
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L’ouvreur de Rouen, Jordan Michallet s’est suicidé au mois de janvier dernier en se défenestrant d’un immeuble en construction.
La femme de Jordan Michallet, Noélie s’est confiée dans le Canal Rugby Club sur le décès de son mari.
Celle-ci explique dans un premier temps vouloir rendre hommage à son mari. Extrait:
« Je veux rendre hommage à mon mari, pour montrer quel homme merveilleux il était en tant que joueur, en tant que mari et en tant que fils. Je veux aussi dénoncer toutes les souffrances que les joueurs peuvent ressentir tout au long de leur carrière ou après leur carrière. »
Elle précise ne rien avoir vu venir. Extrait:
« C’est très compliqué pour moi car Jordan c’était quelqu’un de solaire, qui rayonnait le bonheur, la joie de vivre, jamais dans le négatif. C’est lui qui portait tout le monde vers le haut. Il traversait une petite semaine avec une baisse de moral comme ça peut arriver à tout le monde. Il était très fatigué physiquement et moralement. Il avait une certaine pression car le club se retrouvait près de la zone relégable. Mais il avait toujours ce sourire sur lui, on venait de faire l’échographie de notre enfant et il était très heureux de savoir qu’il attendait une petite fille. Même quelques semaines avant, il y a eu le nouvel an, on a trinqué tous les deux et il m’a dit que l’année 2022 allait être la plus belle année de sa vie avec la construction de notre famille. Donc vraiment, aucun geste et aucune parole, aucune action ne pouvait présumer à un tel geste. Ce geste représentait l’inverse de Jordan. »
Il indique que tout est allé très vite : en une semaine, la situation s’est dégradée pour Jordan Michallet, victime d’une dépression. Extrait:
« Jordan m’avait dit qu’il n’avait pas le droit de lâcher l’équipe. C’était impensable d’avoir quelques jours de repos. Ca le rendait malade d’être affaibli et fatigué. Pour lui c’était impensable de devoir abandonner ses coéquipiers, son équipe. Le problème, c’est que tout est allé très vite. En une semaine, tout s’est dégradé. Jordan n’a pas osé en parler ou alors trop tard. Je sais que le club de Rouen, s’ils avaient eu le ressenti et les émotions de Jordan, ils auraient été là pour lui, ils l’auraient aidé et ils ne l’auraient pas lâché. Mais un joueur a toujours honte d’avouer ses faiblesses, a toujours honte de dire qu’il va mal, a toujours honte de dire qu’il est fatigué. Je pense qu’il a eu peur du jugement. »
Depuis le drame, Noélie Michallet affirme avoir reçu de nombreux témoignages de joueurs Français et étrangers ayant été victimes de dépression au cours de leur carrière. Extrait:
« Je trouve que ce serai essentiel et ce serait une clé en plus de justement avoir dans tous les clubs des personnes qui accompagnent les joueurs, non pas pour avoir des performances mais pour prévenir ce genre de drame. Il faut que ça change. Ce n’est pas normal que la dépression fasse référence à une faiblesse. Depuis ce drame, j’ai eu beaucoup de témoignages de joueurs Français et étrangers. Pas un m’a dit qu’il n’avait pas eu de dépression dans sa carrière. Et en fait, aucun joueur n’ose en parler, que ce soit à leurs coéquipiers ou leurs entraineurs car c’est un milieu où doit toujours être fort et donner le meilleur de soi-même. On peut jouer avec des blessures, mais on continue de jouer. On peut avoir des douleurs extrêmes pendant les matches mais on ne s’autorise pas à sortir du match. Quand on m’a dit cela, je me dis qu’il n’y a pas que Jordan. J’ai ressenti le mal-être de certains joueurs. »
Pour conclure, Noélie Michallet affirme vivre un cauchemar éveillé depuis le décès de son mari. Extrait:
« Pour sa mémoire, j’aimerai mettre en place des choses. Depuis qu’il est parti, tous les matins c’est une souffrance de se lever. C’est un cauchemar éveillé, c’est une torture. Jamais je n’aurais pu imaginer que Jordan parte surtout vu l’amour inconditionnel que l’on avait l’un pour l’autre. Si je peux trouver comme combat d’améliorer la santé mentale des joueurs et que ça puisse m’aider à me lever tous les matins, alors je le ferais. »
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