Nicolas Depoortère : « Quand on joue devant 80 000 personnes, on n’est plus timide après »

Nicolas Depoortère : « Quand on joue devant 80 000 personnes, on n’est plus timide après »

Le jeudi 14 mars 2024 à 17:30 par David Demri

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Face au pays de Galles, Nicolas Depoortère a connu une belle première avec le XV de France. Avant de défier l’Angleterre ce samedi (21h), le trois-quarts centre est revenu sur sa première cape, son chant de Francis Cabrel pour son bizutage ou encore le Crunch à venir.

« J’ai chanté du Cabrel mais pas la meilleure version! » rigole Nicolas Depoortère qui évoque sa première sélection et ce Tournoi à bien finir. A 21 ans, il a fait des débuts victorieux avec le XV de France à Cardiff (24-45) dimanche dernier. Le champion du monde U20 a commencé son histoire avec les Bleus devant sa famille, avec des étoiles plein les yeux. Il raconte sa soirée de néo-capé, lors de laquelle il a été désigné parmi les néophytes pour chanter. Et aux côtés de Gaël Fickou, très précieux selon lui, il espère bien finir une compétition qui l’aura changé quoi qu’il arrive.

Quelle image, quel moment retenez-vous de ce match à Cardiff?

L’entrée sur le terrain. Avec toutes les flammes, tout le monde qui crie, c’est vraiment impressionnant. C’est vraiment quelque chose. Et les hymnes… ça vous porte. Ça restera toujours. D’ailleurs tout mon voyage à Cardiff restera gravé dans ma tête.  

Et les premières impressions de ce très haut niveau ?

Ça va plus vite, ça tape plus fort, ce n’est pas un mensonge, c’est réel! D’autant plus avec un peu de pression que j’avais pour mon premier match et pour le monde qu’il y avait autour, car c’était une première devant 80.000 personnes. Ça fait que j’étais un peu fatigué sur les premières minutes. Après, ça s’est décanté sur le reste du match, le temps que la pression passe un peu. Mais c’est vrai que les dix, quinze premières minutes, c’était assez énorme! Une première en équipe de France, c’est quelque chose.

Comment jugez-vous votre prestation?

Il y a des choses à améliorer. J’ai fait un retour avec les entraîneurs, ils étaient plutôt contents de moi. Après, bien sûr qu’il faut améliorer des choses. Sinon, ce ne serait même pas drôle! Et du coup, j’ai bien pris note pour améliorer tout ça et performer.  

Vous êtes-vous sentis assez relâchés avec toute cette pression autour?

Ah c’est sûr qu’il me manque des automatismes, c’était ma première fois avec eux. Maintenant ça va aller de mieux en mieux je pense.

Être associé à Gaël Fickou qui vivait lui sa 89e sélection ça aide?

Un peu beaucoup (il rigole) ! Parce que lui, il a tout vu, il a tout vécu rugbystiquement parlant. Chaque scénario il les a vécus, depuis plus de dix ans et du coup sur le terrain, je suis vraiment aidé par lui et je le remercie énormément.

Quel est son rôle particulièrement?

Il me soutient énormément sur le terrain. Sur les déplacements, d’autant qu’il a son rôle de capitaine de défense et il la lit extrêmement bien. Je lui demande énormément de conseil sur ça. Et je m’améliore de jours en jours avec lui. 

Il vivra sa 90e sélection ce samedi. On rêve d’une telle régularité?

(sourire) C’est très, très beau. Je le félicite pour tout ce qu’il a fait et tout ce qu’il m’apporte. Après, c’est beaucoup 90 sélections! Alors j’espère, mais ça va passer par mon travail, ma régularité et mon sérieux sur les matchs.

Pouvez-vous nous parler de cette soirée, où on vous a remis votre première « cape »?

C’était plutôt sympa! Du coup, on a eu une réception au stade, avec les Gallois. Ils ont présenté leurs premiers « capés » qui ont fait un petit chant. Greg (Alldritt) a présenté les premiers « capés » français, Léo (Barré), « GH » (Colombe), Manny (Meafou) et moi-même. Et du coup, on a… enfin « on a », j’ai été désigné pour faire un petit chant. Et j’ai eu le droit aux quelques bières des collègues, mais c’était plutôt raisonnable car on prépare un match important pour la fin du Tournoi et on est vraiment focus sur la venue des Anglais.

Il paraît que vous avez chanté « La corrida » de Francis Cabrel? Vous confirmez?

Oui j’ai chanté du Cabrel mais ce n’est pas la meilleure version de cette chanson (il rigole)! Mais ça s’est bien passé, ils m’ont tous applaudi. J’apprécie cette musique.

Vous nous la faites?

Non c’est bon (il explose de rire)! La prochaine fois.

Ce n’était pas trop difficile?

Bah, quand on joue devant 80.000 personnes, c’est bon, on est plus timide après…

Votre famille était au match?

Oui, il y avait mes parents, mon frère et sa copine. Du coup, j’étais très content, car on a pu partager ça tous ensemble. C’est extraordinaire, depuis tout petit, ils me suivent et c’est d’autant plus beau. Ils annulent des vacances, des week-ends pour venir me voir. Et là ils l’ont encore fait et je les remercie. 

Comment avez-vous vécu le fait d’être un peu réclamé par les supporters ou certains observateurs pour intégrer cette équipe?

C’est toujours flatteur de parler de soi comme ça, énormément. J’essaye de faire abstraction de ça. Car certes on parle de moi, c’est dû à mes performances et tous les week-ends j’essaye d’être le meilleur mais il y a aussi d’autres joueurs qui sont très bons et qui méritent qu’on parle d’eux. Du coup je vais essayer de continuer car quand on parle en bien de vous, c’est toujours positif. 

Ce n’est pas trop difficile d’affirmer vouloir briguer une place de titulaire ? Ce que vous avez fait par ailleurs ?

Comme je l’ai dit c’est un rêve de gosse de porter ce maillot de l’équipe de France. Pour tout joueur de rugby. Donc on se donne les moyens de réussir déjà. Après, c’est sûr que « Jo » (Danty) et Gaël (Fickou) ils étaient installés depuis longtemps, ça n’allait pas être facile et ça s’est vu au début du Tournoi. J’étais dans le groupe mais je n’apparaissais pas sur les feuilles de match. Je faisais les allers-retours, je patientais. J’ai eu les opportunités, sur le malheur de Jo qui a pris un carton rouge et j’espère que ça va continuer. Après, oui ce n’est pas facile de bouger une paire de centre comme ça.

Qu’est-ce que le staff attendait de vous?

On m’a surtout dit de ne pas me prendre le chou, de jouer le jeu que je sais faire tous les week-ends et ça ira très bien.

C’est quoi le jeu que vous savez faire?

Moi j’aime bien faire vivre le ballon, toujours le laisser sur le terrain, qu’il ait le plus possible de vie quoi. Qu’il ne s’arrête pas. Le French Flair quoi!

Samedi c’est l’Angleterre. Un rêve de gosse de participer à ce genre d’affiche ?

Maintenant, ce sera tout le temps un rêve de gosse de porter ce maillot!

Vous avez connu cette rivalité avec les Anglais chez les jeunes?

L’an dernier lors du VI Nations U20, on avait bien réussi à scorer. Je ne me rappelle plus le score exact (42-7, ndlr), mais c’était un beau score. Et lors de la Coupe du monde, en demi-finale, c’était vraiment serré, on a eu du mal en première mi-temps, mais en deuxième ça s’est décanté (52-31). Ça ne va pas être facile, ça reste un Crunch, mais on va tout faire pour gagner.

Il y a-t-il une certaine détestation des Anglais?

Je pense que ça existe, quand on est sur le terrain, il n’y a pas d’amis. Mais non, pas pour moi.

Dans quel état d’esprit êtes-vous?

C’est toujours mieux quand vous préparez une semaine après avoir gagné. On a la sourire, c’est mieux, on est un peu plus décontracté. Mais on reste « focus » parce que suivant les résultats des autres équipes on peut quand même gagner le Tournoi. Et même à domicile, on va essayer de refaire vivre ce XV de France à fond.

Comment vous sortirez de ce Tournoi?

Emerveillé. Avec plein de choses que je vais essayer d’améliorer, que je vais essayer d’appliquer en club. La vitesse, tout va plus vite et c’est une histoire de placement. A des secondes près, qui peuvent tout changer sur un lancement. Et beaucoup d’expérience gagnée auprès des plus forts on va dire. C’est vraiment une très, très belle expérience et j’espère pouvoir la renouveler. 

Il y aura eu un avant et un après?

Oui, c’est clair. Ça change un joueur de passer dans ce XV de France. D’avoir pu goûter au niveau international.

Vous pensez quand même à la suite, à la saison avec l’Union Bordeaux-Bègles?

 Oui, toujours. C’est dans un coin de la tête. Derrière, on a un gros match à préparer face à Toulouse. Ça va être aussi impressionnant car on est délocalisé au Matmut, devant 40.000 personnes. Ce sera comme un match de phases finales et on va tout donner pour gagner.

Via RMC Sport

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