Invité des Spécialistes Rugby vendredi dernier (émission diffusée sur Canal + Sport), le président Toulonnais, Mourad Boudjellal a évoqué le parcours du Rugby Club Toulonnais.

Ainsi, le patron Varois se rappelle lorsque le club était encore en Pro D2 et dévoile la stratégie utilisée pour faire parler du RCT et développer le club. Extrait:

« La première star à Toulon, c’est l’équipe bien évidemment. Ensuite, c’est tout un tas de joueur qui a gagné ce doublé car pleins de gens me félicitent, mais je leur dis que si j’avais joué, je ne suis pas certain qu’ils me féliciteraient. La star, c’est l’équipe. Quand j’ai repris le club en Pro D2, il était en manque de médiatisation et on en avait besoin, pour exister. La Pro D2 à l’époque c’était un mouroir. Il n’y avait même pas la télé qui diffusait les matches. J’ai très vite compris via l’approche journalistique que le fait qu’un jeune issu de l’émigration reprenne un club de rugby avec un parcours un peu atypique, ça allait plutôt intéresser. Ça m’a permis de mettre les projecteurs sur mon club et de recruter Tana Umaga aussi. J’ai ensuite pris des entraîneurs à très forte personnalité pour passer d’une entité physique à une entité morale. Et malgré les entraîneurs à très forte personnalité comme Philippe Saint-André et Bernard Laporte, on a gardé cette image du mec habillé en noir avec les cheveux courts au bord du terrain, et ça je n’y suis pour rien. Au départ, il fallait que je vende mon club, et on m’a dit: « tu seras le meilleur vendeur ». Cette image me servait pour que Toulon existe médiatiquement car la Pro D2 c’était un mouroir médiatique. »

Mourad Boudjellal avoue que lors de sa première année à Toulon, il pensait qu’il suffisait de recruter les meilleurs joueurs de rugby pour gagner. Il explique avoir vite déchanté lorsque le RCT a encaissé plus de 40 points lors de son premier déplacement de la saison. Extrait:

« Personne ne parlait de la Pro D2 il y a huit ou neuf ans. Comme par hasard, l’année où on recrute Tana Umaga, la télé arrive en Pro D2, ce qui était une grande première. Depuis, c’est devenu un championnat très médiatisé qui fait de belles affluences. Mais ce n’était pas du tout le cas il y a neuf ans. La Pro D2, c’était une punition. A l’époque, je pensais qu’il suffisait de prendre 15 très bons joueurs pour tout gagner, mais non ce n’est pas si simple le rugby. J’avais une très belle expression en Pro D2, je me rappelle, j’avais dit que j’avais inventé le Top 15 car j’étais certain de monter la première année. Le premier déplacement on en avait pris 40 et j’étais très surpris. Je n’avais pas encore bien perçu la dimension collective et émotionnelle du rugby à cette époque là. Mais tout est allé très vite à Toulon. Je me rappelle encore du soir de la première victoire en Coupe d’Europe contre Clermont, même si ce n’est pas la victoire la plus méritée que l’on ait eu dans notre vie, je me disais qu’il y avait à peine six ans, on levait les bras au ciel parce qu’on avait gagné à Gaillac… on avait écrasé Gaillac 7 à 6 et pour moi c’était énorme ! En six ans, se retrouver à gagner une finale de Coupe d’Europe, c’est vrai que ça va vite. »