A l’occasion d’une interview accordée au quotidien L’équipe, le président Toulonnais, Mourad Boudjellal a fait le point sur le Tournoi des Six-Nations réalisé par le XV de France.

Ainsi, le patron du RCT avoue que le dernier match contre l’Irlande permet d’entrevoir quelques éléments positifs pour la suite. Néanmoins, il déplore que le staff puisse être satisfait d’une défaite à domicile, au Stade de France. Par ailleurs, il tient à relever le goal average très faible des Bleus alors que l’équipe de France a reçu trois fois dont l’Italie.

Mourad Boudjellal propose alors une solution: il souhaite que les dirigeants de la Fédération Française de Rugby passent la main. Selon lui, ils ne peuvent plus faire avancer le rugby car ils sont complètement décalés du monde réel. Extrait:

« Il y a du mieux, on a l’impression qu’ils ont enlevé le frein à main et c’est ce qu’on leur demandait car depuis quelques matches ils jouent avec le frein à main. Maintenant, comment peut-on se satisfaire d’une défaite à la maison ? On ne va pas faire dans le catastrophisme… mais on finit avec un goal average général qui est de +1. Ce n’est pas beau +1. On a reçu l’Italie, on a reçu trois fois et on s’est déplacé deux fois, on ne va pas se contenter d’un +1 ! Ça veut dire qu’on a marqué un point de plus que ce qu’on a encaissé. C’est ridicule. Si l’équipe de France est une petite nation du rugby, oui c’est pas mal, mais je pense que Philippe Saint-André et son staff peuvent être plus ambitieux que cela. Ils en ont les moyens et les joueurs pour. On est une grande nation de rugby, le problème est qu’on a pris beaucoup de retard par rapport aux autres nations. Et ça, ce n’est pas la faute des entraîneurs, c’est la faute des dirigeants. Regardez les dirigeants de la fédération et regardez les joueurs de rugby: ils n’ont rien à voir ! Ils ne s’habillent pas pareil, ils ne pensent pas pareil, ils ne lisent pas les mêmes livres, ils n’écoutent pas la même musique et ils ne vont pas voir les mêmes films au cinéma. Ça n’a rien à voir ! Il y a un décalage aujourd’hui entre le monde de la Fédération et le monde du rugby réel. Il y a deux planètes d’écart. On ne peut pas avoir un tel décalage entre les acteurs et les décideurs. Aujourd’hui, il faut que les décideurs comprennent qu’ils sont totalement décalés du monde réel. »

Mourad Boudjellal comprend que les dirigeants actuels veuillent rester car le rugby est toute leur vie, mais pour le bien du rugby Français, il propose de mettre à la tête de la FFR des hommes tels que Jacky Lorenzetti ou encore Mohed Altrad. Il évoque des modifications à faire au sein de l’organigramme, de la formation et de l’économie. Extrait:

« Confiez la Fédération à un Jacky Lorenzetti. On pourrait prendre aussi Mohed Altrad. Confiez-leur la Fédération, vous allez voir. Il y aura la France et les autres. On sera à trois étages au dessus de tout le monde. Aujourd’hui, on a des gens qui sont-là et qui sont complètement décalés par rapport au rugby qui ne leur ressemble plus. Alors ils s’accrochent, ils ne sont pas méchants parce que c’est leur vie, ils ont beaucoup d’émotions, ils ont beaucoup vécu dans le monde du rugby et quand ça s’arrêtera pour eux, quelque part c’est une mort et ils n’ont pas envie de mourir. Ça je peux le comprendre. Mais s’ils aiment vraiment le rugby, il faut qu’ils s’en aillent. Parce que le rugby a trop changé et qu’eux n’ont pas changé et ils ne changeront plus. Ce n’est pas possible aujourd’hui que ces gens puissent faire avancer le rugby Français pour qu’il soit en concurrence avec le rugby du monde entier. Parce que s’ils avaient du talent, depuis le temps on l’aurait vu. Aujourd’hui, il y a des tas de choses à modifier dans l’organigramme du rugby, dans la formation française, dans l’économie du rugby si on veut vraiment que la méritocratie se mette en place… et la méritocratie c’est ce qui fait avancer les choses. Les gens, quand ils se lèvent le matin, si ils sont bons, ils veulent une récompense. Ils ne veulent pas avoir le même salaire s’ils sont bons ou s’ils sont mauvais, sinon ils ne se lèvent pas. »

Pour conclure, Mourad Boudjellal affirme que la France est redevenue une petite nation du rugby. Extrait:

« On est redevenu une petite nation du rugby dirigée par des gens d’avant alors qu’en face, dans les pays Anglosaxons on a des dirigeants avant-gardistes qui vont au-delà des problématiques du rugby, qui les anticipent et qui sont en train de passer à des années lumières devant nous. »

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