Dans cette troisième partie de l’entretien accordé au Midi Olympique Magazine par Mourad Boudjellal, le président du Rugby Club Toulonnais continue d’évoquer les envieux que font le RCT et les jalousies de certains.

Il exprime également son désaccord avec les JIFF et explique qu’avec cette nouvelle règle, la traite des esclaves refait son apparition.

Entretien à lire ci-dessous:

Votre réussite fait forcément des envieux ?

Oui, malgré nos titres, à Toulon, nous restons des péquenots. Ils ne nous veulent pas dans leur monde. Savez-vous par exemple, que malgré nos trois titres en deux ans, le président de la LNR, Paul Goze, ne m’a jamais invité à dîner ou à déjeuner en tête à tête. Alors que c’est quelqu’un de bien. Même si je l’allume parfois, j’ai du respect pour lui. Mais Paul Goze semble vouloir m’exclure. »

Ne payez-vous pas vos déclarations tapageuses ?

Mais nous devons crier pour nous faire entendre. Mais qu’ai-je dit qui ne soit pas vrai ? La vulgarité en 2014, ce n’est pas les mots mais les idées. Pourquoi suscitons-nous autant de la jalousie ?

La jalousie, c’est la rançon du succès. Le Stade-Toulousain est jalousé depuis 20 ans et le vit plutôt bien et mieux que Toulon…

Mais les gens ont une image fausse de moi. Je ne suis pas milliardaire. Je fais mes courses à Carrefour avec un caddie. Le seul tort que j’ai, c’est que je n’ai pas de problème avec l’argent et je ne vis pas caché. Mais aujourd’hui, je suis le plus pauvre des présidents. Je n’ai pas de société à l’étranger, ni de multinationale. La DNACG peut-être aller contrôler Michelin, Pierre-Fabre ou la société de ce président de nationalité suisse justement, de l’autre côté du lac Léman ? En a-t-elle les moyens ? Moi, toutes mes sociétés sont basées à Toulon. On vient me contrôler et c’est normal, jusqu’à deux ou trois fois par an, et l’on permet à d’autres d’avoir des sociétés à l’étranger qui les autorisent à détourner réellement le Salary-cap. Et puis certains, pour attirer des joueurs, offrent des jolies images en couleur.

C’est à dire ?

Ils offrent de jolies images en couleurs… Des gens pratiquent cela. On se focalise dans les critiques sur Toulon comme si il y avait une économie occulte mais les 36 millions de budget du RCT sont tout à fait légaux. Je rappelle que je n’y mets pas un centime. J’y laisse beaucoup d’énergie mais plus d’argent.

Que faire alors pour être équitable économiquement ?

Je crois que le football doit être pris en exemple et notamment à la suite de l’instauration du fair-play financier. Aujourd’hui, des clubs sans supporters prennent la place d’autres qui suscitent un réel engouement, par la volonté d’une personne. Un président de nationalité suisse a dit, il n’y a pas longtemps dans vos colonnes, qu’il avait compté le nombre de français sur la feuille de match du RCT. Comment peut-on en 2014 s’intéresser en priorité à la nationalité des personnes ? D’abord, le chiffre qu’il donne est faux mais bon, comme il y a des noirs dans notre équipe, il a dû penser qu’ils n’étaient pas français. Mais compter le nombre de français dans une équipe… Le rugby stigmatise les étrangers. Je sais que la plupart des gens qui pensent ainsi veulent avant tout une équipe de France plus performante. Mais le rugby ne doit pas oublier la vraie vie et faire attention aux messages qu’il véhicule. Même les JIFF poussent au racisme.

Que voulez-vous dire ? 

On a recréé la traite des esclaves. Que font tous les clubs et Toulon aussi ? Ils vont chercher dans les îles du Pacifique des mineurs en les faisant rêver de l’Europe et en les sous-payant, en se disant aussi que si l’un d’eux explose, il sera JIFF un jour. On remplira les pourcentages établis par le comité directeur de la LNR. Je connais ce système, je l’ai pratiqué. J’ai culpabilisé, mais je l’ai fait. J’ai vu des gamins qui ne s’adaptaient pas et qui nous demandaient de rentrer chez eux. Voilà où mène ce rugby réglementaire. Les gens qui ont décidé cela n’ont aucune dimension sociale dans leur réflexion. Ah! Si on avait laissé plus de liberté aux gens…