Jacky Lorenzetti a toujours été sceptique quant aux 10,5 millions d’euros déclarés par le RCT au sujet de sa masse salariale. Il y a peu, le Racing-Metro s’était même fendu d’un communiqué de presse à ce propos :

« Le Top 14 ne peut être une compétition pour laquelle treize clubs respectent le salary cap et où Toulon jouerait avec ses propres règles. Des réponses claires — claire comme l’eau des gourdes des cyclistes vertueux — doivent être apportées par le RCT et son président. Il en va de l’avenir sportif de notre sport. »

Mardi matin, Mourad Boudjellal nous expliquait au téléphone : « Avant que Jacky ne m’attaque sur le salary cap, nous nous entendions bien. Je n’ai pas la fortune de mon homologue. Je n’ai pas de jet privé. Les gens qui jalousent le RCT sont enfermés dans leur logique de nantis. Quand ils sont battus, ils pensent que leur adversaire a triché… Les milliardaires du Top 14 nous voient comme un spoutnik. »

Entre les deux présidents, le salary cap est le nerf de la guerre. Passée l’anicroche, Boudjellal nous assurait même avoir « la plus grande estime pour le travail effectué par les deux Laurent à la tête d’un club qui, bientôt, [lui] passera devant. Car Jacky a les moyens d’acheter les All Blacks, les Springboks et les Wallabies tout en se permettant quand même de prendre du fromage et du dessert ».

Jadis proches, Lorenzetti et Boudjellal ne s’adressent plus la parole, si ce n’est par journal interposé. S’ils ne déjeuneront pas ensemble avant le match, le Toulonnais promet néanmoins un accueil chaleureux à son homologue, dans l’éventualité où celui-ci se déplace à Mayol : « Il sera aux petits oignons et encore mieux reçu que si nous étions en bons termes ! C’est une question d’éducation. »

COLOMBES, LE TALON D’ACHILLE DU RACING ?

Tant que l’Arena (prévu fin 2016) n’a pas vu le jour, le RCT possède une longueur d’avance sur son rival en termes d’affluences et de popularité. Les choses changeront- elles au moment où le stade du Racing prendra forme ? Lorenzetti, conscient que Colombes est actuellement sa plus grosse faiblesse, le croit dur comme fer. Boudjellal moins :

« Avant de me payer des sièges, je préfère savoir si j’aurai des postérieurs à poser dessus. L’Arena sera un stade magnifique et il serait malhonnête de ne pas le reconnaître. En vendant des bureaux au Conseil général des Hauts-de-Seine dans l’entourage immédiat de l’enceinte, Jacky a également fait une superbe opération immobilière. Combien ? Je ne saurai compter jusque-là ! »

Toulon, qui a choisi l’Allianz Riviera de Nice pour accueillir ses plus grosses affiches, n’aura pour ainsi dire jamais sa propre Arena. Mourad Boudjellal, attaché aux charmes désuets de Mayol, jure pourtant ne pas jalouser le Racing-Metro : « On peut disposer de tout le confort nécessaire. Mais une âme, ça ne s’achète pas. Le Racing, aujourd’hui, c’est Jacky. S’il part, il n’y a plus de club. Et entre nous, si les affluences de Colombes étaient le pain quotidien du Top 14, le rugby français serait en grand danger. Notre championnat n’intéresserait plus personne. »

Le match est lancé, pas vrai ?

Source: Midi Olympique