Mourad Boudjellal: « Les joueurs sont un peu KO debout »

Mourad Boudjellal: « Les joueurs sont un peu KO debout »

Le lundi 16 novembre 2015 à 13:30 par David Demri

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mourad_boudjellal_04012012Interrogé dans l’émission Stade 2 diffusée sur France 2 ce dimanche après-midi, le président du Rugby Club Toulonnais, Mourad Boudjellal est revenu sur les attaques terroristes qui ont eu lieu à Paris, vendredi soir.

Le patron du RCT évoque cette nuit d’horreur. Extrait:

« Je regardais non pas du foot mais du rugby sur une chaîne payante. A la fin du match, j’ai allumé mon portable et j’ai vu une notification annonçant une fusillade à Paris. Pour moi, c’était une fusillade comme on peut en voir à Marseille. Je ne pensais pas du tout que ça avait cette importance. Je suis allé sur les chaînes d’infos et j’ai regardé la télévision comme on regarde une série télé où on se dit qu’il va y avoir des rebondissements. On n’analyse pas car on est totalement passifs, on subit les événements, on se demande jusqu’où ça peut aller, un peu comme le 11 septembre. Il y avait des rebondissements sans arrêt. Là c’est pareil avec des fusillades, des morts, un chiffre de morts qui grandissait. Je suis resté jusqu’à 2h00 ou 2h30 du matin devant la télé à regarder souvent les mêmes images. On était dans une psychose totale car il y avait des fauves lâchés dans Paris et on ne savait pas combien il y en avait et quand ça allait s’arrêter. »

Concernant le report de la rencontre face à Bath, Mourad Boudjellal estime que c’est une bonne chose, afin de respecter le deuil du pays. Extrait: 

« Il y a deux positions: celle qui consiste à dire qu’il faut continuer à jouer pour montrer que ces gens-là ne nous touchent pas. Je peux l’entendre. Mais on fait partie d’une civilisation qui doit vivre ses émotions. Il y a une dimension émotionnelle très forte dans le pays car on est en deuil et je trouve que c’est une sage décision que d’avoir annulé les matches ce week-end. On ne fait pas les choses par rapport aux autres, surtout quand les autres sont ceux-là (les terroristes). On fait les choses par rapport à notre histoire. On doit respecter le deuil du pays. On ne doit pas agir par rapport à eux. »

Avant l’annulation de la rencontre, Mourad Boudjellal avait déjà pris des mesures de sécurité. Extrait:

« J’avais demandé à ce que personne ne vienne au stade avec un sac. On avait demandé une sécurité beaucoup plus complète et on avait annulé la descente du bus pour les joueurs. Ça aurait été un match qui se serait joué dans des conditions particulières, mais peut-être que les autres matches se joueront dans ces conditions car personne n’est à l’abri et personne ne sait quand ils vont frapper la prochaine fois. La seule chose dont on est sûr, c’est que ce n’est pas la dernière fois. »

Dimanche matin, les joueurs du RCT se sont entraînés, mais n’ont pas vraiment parlé des attentats. Extrait:

« On a organisé un entraînement dimanche matin pour passer un peu à autre chose. On n’en a pas beaucoup parlé. J’avais annoncé que le match de l’après-midi était annulé. Mais on sent que dans les yeux, chacun avait cela en tête. Ils sont un peu KO debout. Ils se demandent où on va, où va le monde et quand-est ce que cela va s’arrêter. Je n’ai pas parlé avec Mathieu Bastareaud, mais je sais qu’il est d’une très grande sensibilité. Je crois qu’il est très touché. »

Le président du RCT explique par ailleurs que les terroristes souhaitent diviser le peuple et créer une guerre civile en France. Selon lui, les Français doivent à tout prix restés unis. Extrait:

« J’attends un peu de voir comment évoluent les choses. Moi, j’ai un nom qui est d’origine arabe et je vois à la télévision des jeunes qui ont un nom qui ressemble au mien, dans une langue qui est celle de mes parents, et qui croient en un dieu dont mes parents croient, mais pas le même, et qui tue des gens qui ressemblent à mes enfants. C’est très compliqué à comprendre comment on peut en arriver là. Ce sont des situations qui sont encore plus traumatisantes. J’espère que la république ne se divisera pas car c’est ce qu’ils veulent. Ils veulent une guerre civile dans ce pays entre différentes communautés et faire que les gens s’opposent. Il faut qu’il y ait l’effet inverse, que les gens se rapprochent. Je ne me suis jamais autant senti français. Je suis fier d’être français par rapport à la réaction du pays et par rapport à tout ce qui se passe. J’ai envie que vraiment, ça permette de rassembler les gens qui ne se parlent plus ou qui ne se sont jamais parlés, pour qu’ils comprennent que ces gens-là n’ont vraiment rien à voir. Ce n’est même pas du fanatisme. Ce sont des fauves qui ont été manipulés par des gens qui parlent de dieu mais qui n’ont pas de dieu en tête, mais seulement une ambition de domination du monde et qui manipulent des gens qui sont manipulables car ils sont souvent dans la souffrance et la détresse, ils n’ont plus rien à perdre et quand on n’a plus rien à perdre, on peut croire en n’importe quoi. »

Pour conclure, Mourad Boudjellal explique travailler pour que les supporters puissent se rendre à Mayol en toute sécurité. Extrait:

« Il faut que les gens puissent venir voir un match de rugby en toute sécurité. On va revoir les dispositifs pour que les gens soient en toute sécurité dans un stade. Comme tout citoyen français, je m’inquiète de savoir dans quel pays je vais vivre dans les mois qui viennent, savoir le niveau de sécurité que j’aurai lorsque je vais m’asseoir à la terrasse d’un bar, quel est le pourcentage de chance j’ai de me faire mitrailler. On est obligé de penser à l’avenir. » 

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