Mourad Boudjellal: « Je suis conscient que notre équilibre est instable »

Mourad Boudjellal: « Je suis conscient que notre équilibre est instable »

Le mardi 3 juin 2014 à 20:04 par David Demri

3 Commentaires

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TOULON_BOUDJELLAL_JOIELe doublé historique réalisé par le club varois doit beaucoup à l’ambition et au flair de son président.

Du délire. Samedi après-midi, Toulon a célébré avec toute la démesure dont cette ville est capable le doublé historique Coupe d’Europe-Championnat du RCT et le retour du Bouclier de Brennus sur la rade. Plus de vingt mille personnes se sont retrouvées sur le port et devant la mairie pour fêter Jonny Wilkinson et ses équipiers.

Samedi soir pour le dernier match de sa carrière, le demi d’ouverture avait capturé la lumière d’une finale assez terne et presque dénuée d’émotions, si ce n’est celles qui entouraient les adieux de ce joueur d’exception. Et puis, un visage connu s’était invité sur les photos et dans la liesse.

Dans les toutes dernières minutes de la rencontre alors que le sort du match était scellé, on a vu Mourad Boudjellal filer vers le virage où étaient rassemblés les inconditionnels varois, agiter les bras pour faire monter l’ambiance et y chercher, seul face à la foule, sa dose d’adrénaline et d’acclamations. Cela ne correspond pas à l’étiquette en vigueur chez ses pairs. Mais est-ce illégitime?

Au-delà du talent de ses joueurs, des qualités de dompteur de fauves de Bernard Laporte, le triomphe de Toulon, c’est d’abord celui de Mourad Boudjellal. Ses formules assassines à l’emporte-pièce peuvent déranger, ses pauses de trublion mal aimé en agacent beaucoup, sa manie de s’installer au premier plan devant les micros et les caméras, irrite aussi.

Agitateur d’idées

Mais force est de reconnaître que la réussite de cet agitateur d’idées compulsif est plus que remarquable lorsqu’on considère ce qu’était Toulon il y a huit ans : une institution malade, vivotant en ProD2 à coups de subventions.

Il en a fait le premier club de France et d’Europe, en inventant son modèle économique, sans s’appuyer sur une fortune personnelle immense contrairement à un Mohed Altrad (Montpellier), un Jacky Lorenzetti (Racing-Métro). Sans pouvoir s’adosser à un colosse industriel comme Clermont avec Michelin, Castres avec les Laboratoires Fabre.

« Je ne pèse rien à côté d’eux, je suis juste un ancien éditeur de bandes dessinées », a-t-il rappelé samedi soir. « Je n’ai pas de mécènes à mes côtés. Je prends des risques. Au soir de notre défaite contre Grenoble, je me suis obligé à refaire notre budget comme si nous allions jouer le maintien et ne pas disputer la Coupe d’Europe la saison prochaine. J’étais ruiné, obligé de vendre mes biens. »

« Je suis conscient que notre équilibre est instable », nous avait-il avoué la semaine dernière, en expliquant que lorsqu’il avait « deux euros, il en dépensait quatre pour en gagner huit. » Cette formule, il l’a appliquée dans son recrutement. On ne compte plus les stars du rugby mondial qui depuis huit ans ont posé leur sac à Toulon.

Faire venir Tana Umaga, George Gregan, Victor Matfield, Andrew Mehrtens en ProD2, c’était quand même un pari assez hallucinant. Mais cette prise de risques a assuré à Toulon une visibilité planétaire en même temps qu’elle solidifiait la base de son projet : l’engouement populaire. « Car l’économie de Toulon », souligne-t-il « ce sont d’abord ses supporters. »

Parmi les jolis coups réalisés par le président de Toulon, le recrutement de Wilkinson restera le plus marquant. L’Anglais, capitaine du RCT cette saison sera à jamais associé à la conquête de ce doublé. Miser sur un demi d’ouverture de 30 ans qui avait accumulé les blessures pendant quatre saisons, c’était une gageure et cela coûtait très cher. Mais quand d’autres se sont montrés frileux (voir par ailleurs), Boudjellal a vu grand.

Super héros

« Le jour où j’ai fait signer Jonny », racontait-il samedi, « j’ai eu l’image d’un super héros. Ce jour là, j’ai eu l’ambition de devenir Champion d’Europe. » Hier, embarqué dans la liesse collective, le président du RCT a répété qu’il allait demander à la Ligue à ce que le numéro 10 soit retiré pendant une saison.

Cela, c’est le Boudjellal sentimental, attaché à des symboles. Mais il y en a un autre qui ne fait jamais relâche. Celui qui phosphore sur le futur de son club. « Je veux le faire grandir dans les deux années à venir », expliquait-il jeudi dernier. « Aujourd’hui je dois travailler sur l’après Wilkinson. Sportivement comme en termes d’images. C’est pour cela que j’ai lancé l’idée des ‘’quatre Fantastiques ». Car il en faudra au moins quatre pour remplacer Jonny. »

Source: sudouest.fr

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3 Commentaires

  1. Georges 3 juin 2014 at 20h- Répondre

    :yes: …Vivons présentement..MOURAD… » le présent , c’est l’équilibre du passé et du futur »…citation..carpe diem..tu as déjà marqué l’histoire du Club par un doublé historique…tout le reste ne sera que du bonus…épicétou…ALLEZ TOULON…

  2. Aurélien 3 juin 2014 at 20h- Répondre

    Bel hommage de Sud Ouest !

  3. farci83 4 juin 2014 at 08h- Répondre

    Bizarre ta remarque