L’ancien président du Rugby Club Toulonnais, Mourad Boudjellal s’est longuement confié dans les colonnes du journal Sud-Ouest pour évoquer le nouveau marché des transferts qui semble s’installer au sein du rugby Français suite notamment aux transferts de Gaël Fickou vers le Racing 92 et celui de Cheslin Kolbe vers le Rugby Club Toulonnais, sans oublier celui à venir de Melyn Jaminet.

Dans un premier temps, l’ex-patron du RCT indique que les transferts ont toujours existé au sein du rugby Français.

Il donne plusieurs exemples concrets. Extrait:

« Le marché des transferts est installé depuis longtemps. Teddy Thomas est parti de Biarritz au Racing 92 pour 500 000 euros (2014). Pour Johan Goosen, il y a eu une négociation entre Jacky Lorenzetti et Mohed Altrad qui dépassait le million. Quand j’en parlais, j’avais la montre qui avançait. Si je dis que c’est normal et que j’y suis plutôt favorable, c’est que j’ai identifié deux choses dans l’économie du rugby. D’un côté il y a ceux qui ont de l’argent et, de l’autre, ceux qui ont du savoir. Et dans tout modèle économique, il faut que ceux qui ont du savoir puissent le monnayer à ceux qui ont de l’argent pour restituer un équilibre. Les joueurs dans ce cas-là vont représenter un actif immatériel qui permettra de récupérer des espèces sonnantes et trébuchantes pour équilibrer un bilan. »

Il rappelle d’ailleurs avoir eu une offre de 2 millions d’euros pour le rachat du contrat de Josua Tuisova à l’époque où le Fidjien était encore sous contrat avec le RCT. Extrait:

« Quand je suis parti de Toulon, j’ai eu une proposition de plus 2 millions d’euros pour Tuisova. »

Il a également eu des propositions pour Charles Ollivon et Louis Carbonel. Extrait:

« J’avais aussi des propositions pour Ollivon, pour Carbonel. En actifs joueurs, je devais avoir 7 ou 8 millions. Après, vendre, c’est au détriment du résultat. Mais quand ça va mal, ça va mal. Mais il faut dire qu’au départ de tout ça, il y a un agent. Le grand gagnant des transferts, c’est un agent et c’est toujours le même. »

Selon lui, les grands gagnants de ces transferts, ce sont les agents. Extrait:

« À chaque fois qu’il y a un transfert dans le rugby, il prend un gros billet. Mais en même temps, il arrange les clubs. Quand un club a des difficultés, il trouve des solutions. Là, il a trouvé des solutions pour Toulouse. »

Il dévoile, dans la foulée, une astuce qui se fait entre présidents et joueurs pour obtenir un gros billet avant un transfert. Extrait:

« Par contre, je vois un problème dans ce système. Si un bon joueur arrive en fin de contrat, je me mets d’accord avec lui, je le resigne puis je le revends en lui disant je te donne une partie de la revente. C’est le genre de pratique que l’on voit dans le football et qu’il faut éviter. La question de la dernière année de contrat est délicate. J’y ai été confronté avec Steffon Armitage qui m’avait dit qu’il ne souhaitait pas prolonger et que j’avais cédé à Pau avec un gros chèque. Je l’ai fait aussi pour Chilachava à Montpellier. »

Concernant le montage financier pour permettre le transfert de Cheslin Kolbe vers le Rugby Club Toulonnais, Mourad Boudjellal indique ne pas en être surpris. Extrait:

« On ne sait pas tout dans le dossier Kolbe. Mais c’est un habillage classique. Cela a été fait plein de fois. Je l’ai utilisé mais sur de petites sommes. »