Forcément plus proche de Bernard Laporte, le président du Rugby Club Toulonnais ne verrait cependant pas que des mauvais côtés à une présidence Blanco en 2016… même s’il n’est pas forcément tendre avec les qualités de gestionnaire de son homologue biarrot.

Dans l’opposition qui naît doucement entre Bernard Laporte et Serge Blanco, on vous imagine plus proche de votre coach.

C’est enterrer un peu vite Pierre Camou qui, me semble-t-il, est toujours vivant et sera peut-être candidat à sa propre succession. Mais entre Laporte et Blanco, l’avantage serait, au moins, qu’il y ait un nouveau président car il ne vous aura pas échappé que je suis plutôt favorable à un changement, un renouvellement.

Et si c’était Blanco ?

Je ne suis pas fondamentalement contre Serge Blanco. Il nous est souvent arrivé de débattre et de trouver des terrains d’entente entre nous, des sujets sur lesquels nous n’étions pas trop éloignés. Si je pense l’homme humainement très intéressant, je mets plus de réserves sur le gestionnaire.

Pourtant, au niveau de ses affaires, il a fait ses preuves en réussissant une belle reconversion. N’est-ce pas suffisant à vos yeux pour être légitime quand on s’appelle Serge Blanco ?

Dans ses affaires personnelles, Serge a toujours fonctionné dans un grand confort, toujours avec un filet de protection en dessous de lui. C’est souvent ce qui lui a permis d’éviter d’avoir trop de problèmes. Économiquement, il n’a selon moi pas été confronté à la vie réelle. Je me pose une question, une seule: si la FFR est gérée comme le sont ses affaires, en cas de pépin, qui va faire le chèque ? C’est ça qui m’inquiète, plus que le personnage car je le crois pertinent et forcément légitime dans sa volonté de faire avancer le rugby dans une nouvelle ère.

Et que vous inspire le président de club qu’il est toujours au BO ?

Là encore, depuis qu’il est président et que le rugby est passé professionnel, son club est descendu en Pro D2. On ne peut pas dire qu’il ait bien géré son affaire. Et je ne parle pas de ses déclarations quand il dit qu’un peu de dictature ne ferait pas de mal de temps en temps. S’il veut être un dictateur à la tête de la FFR, ce sera sans moi. Il y a de quoi s’inquiéter un peu quand même de cette incapacité à se maîtriser. Il ne mesure pas le poids des mots et en la circonstance heureusement que ce jour-là Sagnol avait eu des mots tout aussi malheureux du côté de Bordeaux sinon ça aurait fait le buzz bien plus que ça !

Et Bernard Laporte face à lui, parlez-nous un peu de lui.

Je suis un partisan car je connais ses qualités. Je connais aussi ses idées novatrices pour le rugby, contrairement à Blanco qui est dans la place depuis longtemps et qui ne pourra pas fonctionner autrement que dans la continuité, donc pas complètement dans la novation.

Blanco a tout de même une certaine légitimité !

Oui, et nous avons deux candidats potentiels. Pour Blanco, je peux témoigner que, contrairement à ce qui est écrit parfois, il ne fait pas pression sur les autres quand ses idées ne passent pas. A la LNR, j’ai été témoin, à de nombreuses reprises, de votes qui lui ont été contraires. Je m’attendais à le voir plus agressif. Cela prouve qu’en amont il n’avait pas fait de lobbying.

Laporte a aussi des défauts. Lesquels ?

Il peut être parfois très brusque, ne pas faire dans le sentiment. Donc forcément, il se fera beaucoup d’ennemis. Pour diriger, ça peut être une qualité, mais bien gérer la FFR c’est aussi parvenir à maintenir un équilibre entre les forces en présence.

Les deux représentent deux courants forts du rugby français, ne serait-il pas possible de les réunir pour obtenir un consensus ?

Nous avons deux chefs, et une institution comme la FFR ne peut fonctionner qu’avec un seul. Déjà qu’il faut faire énormément de concessions pour diriger la Fédé, si en plus vous êtes deux, vous multipliez les problèmes par deux.

Un autre candidat ne pourrait-il pas émerger et mettre tout le monde d’accord ?

A part François Hollande qui devrait se retrouver sans poste en 2016, je n’en vois pas ! (rires) Sérieusement, nous avons une belle campagne en perspective à livrer pour rénover le rugby. Que l’équipe en place abordera avec l’avantage de pouvoir actionner plus rapidement ses réseaux.

Propos recueillis par le Journal du rugby.