Mourad Boudjellal: « Bernard est beaucoup plus sensible que ce qu’il peut laisser apparaître »
Mourad Boudjellal: « Bernard est beaucoup plus sensible que ce qu’il peut laisser apparaître »
Le dimanche 6 avril 2014 à 11:03 par David Demri
0 Commentaire
Publicité
Le manager du RCT Bernard Laporte ne lâche jamais rien, en témoigne sa suspension récente. Martelé à chacune de ses sorties, son mot d’ordre, c’est le combat.
C’est un refrain incontournable pour ses joueurs mais aussi un leitmotiv qui a rythmé une vie déjà bien remplie: par sa faconde et son tempérament trempé, le manager du RC Toulon Bernard Laporte se révèle dans le combat. Il suffit de remonter au hasard, à mars 2004, veille d’un Ecosse-France à Murrayfield. Alors sélectionneur du XV de France, Laporte martèle devant la presse: « le rugby, c’est toujours pareil. C’est 1: le combat, 2: le combat, 3: le combat. »
Dix ans plus tard, juste avant de recevoir dimanche le Leinster en quarts de finale de Coupe d’Europe, il dira sans doute la même chose à la légion toulonnaise surmotivée par ses invectives. « Dès qu’il a un groupe autour de lui, c’est pour conquérir le monde, envers et contre tous, souligne à l’AFP son ami, l’ancien pilier Serge Simon. C’est ça qui est fascinant, sa capacité à vous faire partir à la guerre, quitte à inventer des guerres qui n’existent pas. »
Ce talent, Laporte, 50 ans, l’a récemment mis au service de l’une de ses croisades récurrentes: la professionnalisation des structures du rugby et de l’arbitrage en particulier. Suspendu 16 semaines pour des propos injurieux envers un officiel en Top 14, il est dans l’attente d’une conciliation imminente du Comité national olympique et sportif français (CNOSF). « Quand on est professionnel, on est professionnel. Il faut aller au bout des choses », tempête-t-il auprès de l’AFP. « Arbitre de touche, arbitre de centre, cela doit être un métier, exhorte-t-il. Si demain on aligne le salaire des arbitres avec ceux des joueurs de Top 14, je vous garantis qu’ils ne seront pas 100 mais 10.000 sur la ligne de départ. »
Pour Laporte, c’est un thème de prédilection: « il n’a jamais été le partisan d’un rugby rupestre, pittoresque, un peu grassouillet, note Simon. Il s’est toujours inscrit dans l’excellence.« En témoigne son goût pour la préparation physique, importée du monde anglo-saxon, son souci du détail dans des schémas de jeu préétablis, le tout récompensé par deux demi-finales de Coupe du monde (2003, 2007), deux Grands Chelems (2002, 2004) ou encore un titre de champion d’Europe avec Toulon (2013).
Boudjellal: « Il est sans concession »
Mais son franc-parler, servi par « un joli sens de la formule, avec un joli accent », dixit le président de Toulon Mourad Boudjellal, agace aussi. Ses colères fonctionnaient avec « le pack de fer » de Bordeaux-Bègles qu’il cornaqua de la voix jusqu’au titre de champion, en 1991, N.9 dans le dos. Mais dans des milieux plus policés, ces attaques frontales heurtent les bonnes manières, à l’image de sa sortie sur « les bourgeois de merde » du Stade de France, coupables d’avoir hué Frédéric Michalak en 2006. Il avait aussi traité de « pipe » son prédécesseur Pierre Villepreux en 2005, un mot récemment employé pour qualifier l’arbitre Laurent Cardona.
« Bernard ne se laissera jamais faire, il dira toujours ce qu’il pense et il est sans concession, affirme Mourad Boudjellal. C’est pas quelqu’un que l’on peut acheter, amadouer. C’est pas un oiseau dont on peut fermer la cage. » « Ca ne m’intéresse pas la polémique », rétorque Laporte quand on l’interroge sur son goût pour les joutes. Pourtant, il a semblé galvanisé ces dernières semaines. Vent debout, il a multiplié les recours pour au moins atténuer sa suspension, tout en faisant la promotion de sa vision de l’arbitrage, de conférences de presse en plateaux de télévision. « L’adversité, il a besoin de ça. Il se façonne là-dedans« , plaide Serge Simon.
« Bien sûr qu’il est touché, tempère Mourad Boudjellal. Bernard est beaucoup plus sensible que ce qu’il peut laisser apparaître. » Lui dit tout simplement préférer « la tranquillité ». Vivre dans l’ombre, après 20 ans de médiatisation à tout crin ? « Ah mais, sans aucun problème, au contraire », jure celui qui fut secrétaire d’Etat aux Sports, entre 2007 et 2009. « C’est un électron libre dans le système », résume Mourad Boudjellal. « Ce qui m’intéresse, c’est de faire ce que j’aime avec passion, souligne encore Laporte. Je veux vivre les choses à fond et ne pas faire des calculs d’épicier. »
Source: rugbyrama.fr
Publicité
0 Commentaire